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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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de lancer jusqu’à seize flèches par minute, les archers
auraient pu triompher d’une troupe plus nombreuse.
    Après avoir achevé leurs assaillants, Locksley et
les gens les dépouillèrent de leurs armes, vêtements et hauberts. Un seul
palefroi avait été blessé, aussi, désormais, les tisserands pourraient voyager
à cheval, avec un second cavalier, femme ou enfant, en croupe. Le convoi
n’irait pas plus vite, car leur allure demeurerait celle des mules et des
charrettes sur le chemin défoncé, mais la fatigue serait moindre.
    Guilhem aurait dû être satisfait de leur victoire,
et pourtant elle l’inquiétait, comme il s’en expliqua à Locksley.
    — D’ici peu, on retrouvera les corps de ces
marauds, et leurs amis voudront les venger. Ils n’auront aucun mal à nous
retrouver.
    Le soir venu, il augmenta les sentinelles et
organisa un tour de garde. Le lendemain, il demanda aux cathares, y compris aux
femmes, de porter l’armement de ceux qu’ils avaient vaincus : broigne,
casque, épée et hache, de telle sorte qu’en les apercevant, on soit persuadé
qu’il s’agissait d’une troupe de soldats. Bien qu’avec réticence, Aignan le
libraire et sa femme, le gros Bertaut et la sienne ainsi que Noël de Champeaux
acceptèrent. Seul Enguerrand refusa. Les trois servantes trouvèrent même cela amusant
et Perrine, la domestique de Noël de Champeaux, fit toutes sortes de
minauderies après avoir revêtu sa cuirasse, ce qui provoqua des remarques
salaces de Cédric et de Gilbert. Même si ces réflexions étaient faites en
saxon, tout le monde comprit que les deux hommes lui proposaient de
s’escambiller.
    Quant à Anna Maria, elle revêtit à nouveau
l’équipement qu’elle portait en se rendant à Paris : une robe de voyage
protégée par une broigne maclée et un camail. À sa taille, elle attacha la
miséricorde que lui avait donnée un chevalier d’Aliénor et, comme les
guerriers, elle se couvrit la tête d’un heaume à nasal.
    Le surlendemain, ils furent en vue de Lussac.
Pain, blé, fourrage manquaient et la veille ils n’avaient dîné que de gibier,
aussi ceux parmi les cathares qui refusaient la viande avaient le ventre vide.
    La Vienne étant basse, ils auraient pu la franchir
au gué de la Biche, évitant ainsi l’octroi du pont. Guilhem connaissait ce
passage où Clovis avait fait traverser son armée après qu’une biche de grande
taille lui eut montré le gué. Mais il leur fallait des provisions et Enguerrand
réclamait du pain. De plus, les cathares espéraient acheter du poisson de la
rivière.
    Lussac était entourée d’une enceinte et ses portes
bien fermées. À la barbacane, Guilhem présenta le sauf-conduit de Philippe
Auguste avec son grand sceau rouge, car il savait le seigneur de Lussac vassal
du comte de La Marche qui soutenait les droits d’Arthur de Bretagne. Malgré
cela, le sergent de garde refusa l’entrée d’une troupe si fortement armée,
aussi envoya-t-il un messager au seigneur dont le château dominait le bourg.
    L’attente fut longue. Des habitants les
observèrent un moment du haut des murailles, puis quelques-uns commencèrent à
les interroger. Bien sûr, ils ne dirent pas qu’il y avait des hérétiques parmi
eux, ni des Anglais d’ailleurs, mais ils répondirent franchement qu’ils
venaient de Paris et se rendaient à Toulouse, et que la plupart d’entre eux
étaient d’honnêtes tisserands.
    Hélie de Lussac arriva enfin ! C’était un homme
de petite taille, large d’épaules, sans cou et au visage carré. Il fit entrer
Guilhem et Robert dans la salle du corps de garde pour les interroger. Tous
deux lui assurèrent ne pas demander à entrer dans sa ville, mais seulement
vouloir passer la nuit à l’abri devant ses murailles. Ils promirent aussi de
payer l’octroi pour franchir le pont sur la Vienne et annoncèrent vouloir
acheter toute la nourriture et les poissons qu’on leur vendrait. En échange,
ils accepteraient de céder quelques-unes des armes de la troupe qu’ils avaient
anéantie.
    Le seigneur de Lussac accepta. Il les laissa
s’installer dans une grange, près d’un moulin sur la rivière, et invita Guilhem
et Locksley à souper avec leurs dames, Anna Maria ayant prêté pour l’occasion
une robe de soie à Sanceline.
    C’est en revenant au moulin, la nuit venue, qu’ils
entendirent les altercations. Des hommes se querellaient dans une langue que
Guilhem ne comprenait pas, mais dont il connaissait les

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