Londres, 1200
du
château.
Immédiatement Guilhem fut debout. Se rendant sur
place, il rencontra Ranulphe qui transportait le cadavre sur un cheval. C’était
un Templier. On le fouilla d’abord sans rien trouver, mais, au moulin, Guilhem
fit découdre son gambison et découvrit un morceau de parchemin dans l’étoffe
matelassée. Ce n’était qu’une succession illisible de petits triangles ou de
lignes brisées, parfois avec des points à l’intérieur. Il le confia à Aignan,
espérant qu’il parviendrait à le comprendre.
Le matin, Guilhem fit porter le cadavre sur une
civière de branches à trois cents pieds de la porte du château.
— Il vous reste deux jours ! annonça à voix
forte Jehan le Flamand, chargé d’être le héraut d’armes. Il ne sera fait aucun
mal à ceux qui viendront chercher votre frère pour l’inhumer.
Des frères lais sortirent peu après et emportèrent
le corps.
La journée s’écoula, puis une nouvelle nuit. Bartolomeo
était revenu.
Le lendemain, Peyre Adhémar ressortit seul. On le
conduisit au moulin où Guilhem mangeait en compagnie de Robert de Locksley.
— Le commandeur Preissac veut vous
rencontrer, seigneur d’Ussel, déclara simplement le Templier.
— Qu’il vienne ! répliqua Guilhem avec
brusquerie, sans interrompre son repas.
— Lui garantissez-vous la liberté ?
— Ne vous ai-je pas libéré ? J’aurais pu
demander rançon !
— Vous avez tué deux de nos gens !
— L’un a porté la main sur mes hommes,
l’autre a tenté de prévenir votre commanderie. Croyez-vous que j’allais me
laisser faire ? Si demain vous n’êtes pas partis, vous serez tous pendus.
J’ai déjà choisi les arbres.
— Vous le payerez cher ! gronda le
templier.
— Vous occupez mon fief, Peyre Adhémar !
s’emporta Guilhem. Vous vous êtes comportés en voleurs ! Ne vous étonnez
pas d’avoir le châtiment des larrons.
Peyre Adhémar serra les poings et devint écarlate
sous l’insulte.
— Maintenant, retournez dans mon
château ! Si Preissac veut me voir, je l’attends, mais dites-lui qu’il n’y
a rien à négocier. Vous partirez pieds nus et en chemise, comme je l’ai décidé.
Preissac ne se montra pas. En revanche, le soir,
Aignan vint voir Guilhem avec le diptyque de tablettes de buis qu’il utilisait
pour noter les choses importantes. Ces tablettes étaient couvertes d’un enduit
de cire malléable sur lequel il dessinait ou écrivait avec un stylet.
— Seigneur, j’ai traduit la lettre, fit-il,
plein de fierté.
— Tu as trouvé leur secret ?
— Ce n’était pas si difficile. (Il montra le
parchemin pris au Templier.) Vous voyez, ces petits triangles ont leurs pointes
dans quatre directions. Cela m’a fait penser à la croix templière. Je me suis
demandé si chaque triangle n’était pas le signe d’une lettre.
— Il y a quatre branches à une croix, et bien
plus de lettres ici, remarqua Guilhem.
— C’est pour cela que les triangles sont
différents. J’en ai trouvé de six sortes et j’ai supposé que les lettres se
suivaient dans une croix. J’ai beaucoup tâtonné, mais heureusement la lettre
était assez longue. De plus, le message était en latin, que je traduis assez
bien même si quelques mots me manquent. Voici le code auquel je suis arrivé.
Il présenta à Guilhem l’une des tablettes du
diptyque. Elle représentait ces dessins :
« Et maintenant le contenu de la lettre,
dit-il en montrant la seconde tablette. Je ne suis pas certain de tous les
mots, mais je pense que le sens général est exact.
Seigneur et commandeur de Bordères
Nous sommes exposés aux plus grands périls. Une
troupe de démons s’en est prise à notre moulin et a mis le siège devant le
château. Ils sont bien plus nombreux que nous et ont tué le noble chevalier
Raymond de Bagnères. Nous n’avons aucune provision et si nous sommes pourvus
aux besoins de nos âmes, nous n’avons rien pour les nécessités de notre corps.
Le démon qui commande cette troupe, malheur à lui, se nomme Guilhem d’Ussel et
nous a contraints à recevoir nos frères du moulin et de l’église, autant de
bouches supplémentaires à nourrir.
Je prie Dieu, dont l’amour ne nous a jamais
fait défaut, d’aider le porteur de cette lettre pour que vous nous envoyiez au
plus vite du secours afin de terrasser ces démons.
Que Notre Seigneur Jésus-Christ, le fils de
Marie, l’époux de l’Église, nous accorde la victoire sur
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