Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
d’escabeaux, d’une crédence de voyage ciselée et de gros
coffres aux couvercles représentant des scènes bibliques. Le meuble principal
était un grand lit à colonnes aux lourdes custodes cramoisies, posé sur une
estrade de deux marches.
    Les jambes allongées, revêtue d’un péliçon [41] doublé d’hermine sur
sa robe et coiffée d’une guimpe qui ne laissait paraître que son visage ridé et
tavelé, Aliénor était assise sur le lit. Près d’elle se tenaient deux servantes
en bliaut blanc immaculé et un clerc en robe grise et rêche.
    Jamais la duchesse d’Aquitaine n’était apparue si
frêle et si fatiguée aux yeux de Locksley. Celle qui avait été l’une des plus
belles créatures de la chrétienté n’était plus qu’une vieille femme au bord de
la tombe.
    — Robert, fit-elle dans un souffle en le
voyant entrer avec Anna Maria. Je remercie le Seigneur de me donner le bonheur
de vous revoir.
    — Je suis venu dès que Gautier me l’a
ordonné, ma dame.
    — Vous partiez pour Paris et pour
l’Angleterre, m’a-t-il dit. Qui se marie ?
    — Mon écuyer, ma dame.
    — Ranulphe ?
    — Non, ma dame, Regun. Il a rencontré une
jeune fille du Limousin. Les noces auront lieu à Huntington.
    — C’est bien. Ranulphe est toujours avec
vous ?
    — Si fait, noble duchesse, il m’a accompagné.
    — Je vous ai fait venir, Robert, car l’abbé
du Pin m’a envoyé un message quand j’étais en Castille. L’évêque de Hereford a
vendu les biens que vous lui aviez confiés. Il en a obtenu mille cinq cents
marcs d’argent [42] .
Frère Jacques…
    Le clerc s’approcha.
    — Allez me chercher le document que m’a
envoyé l’abbé du Pin.
    Le clerc se rendit jusqu’à la crédence sur
laquelle trônait un coffre d’argent. Il l’ouvrit, fouilla un instant et sortit
un quaternion qu’il porta à la duchesse. Elle vérifia qu’il s’agissait bien du
document demandé et le tendit à Robert de Locksley.
    Il défit le ruban et le déplia. Passé les formules
d’usage, la lettre s’adressait à Robert de Locksley et lui demandait de se
rendre chez Nathan le Riche, près d’Aldersgate, l’une des portes dans le mur
romain de Londres.
    Le second papier écrit sur un parchemin était une
quittance de Nathan le Riche remise à l’évêque de Hereford reconnaissant avoir
reçu la somme de mille cinq cents marcs d’argent. La somme serait rendue au
comte de Huntington s’il était porteur de la quittance et d’un témoignage.
    — Je vous remercie humblement de toute votre
bonté, ma dame.
    — Frère Jacques, vous remettrez ce soir au
comte de Huntington un laissez-passer confirmant qu’il est mon fidèle
serviteur.
    Le clerc s’inclina.
    — Qu’allez-vous faire, maintenant,
Robert ?
    — Passer par Londres et chercher mon argent,
ma dame ! sourit Robert de Locksley.
    — Et après ?
    — Je ne peux rester en Angleterre, noble et
vénérée dame, vous le savez, fit tristement Locksley.
    — Je convaincrai mon fils de vous pardonner…
    Pardonner quoi ? songea Locksley, pris de
court.
    Mais il n’eut pas le temps de répondre, car
Aliénor ajouta :
    — … Je ne veux pas que vous rejoigniez le roi
de France.
    Cette fois, Robert de Locksley resta
volontairement silencieux.
    — Savez-vous qu’Arthur est à Paris ?
demanda-t-elle d’un ton sec.
    — Non, noble dame, mais s’il y est, ce ne
peut y être que comme hôte et non comme prisonnier, car le roi Philippe l’aime
autant qu’il avait aimé votre fils Geoffroi.
    Le visage d’Aliénor se tendit d’un effrayant
masque de haine.
    — Qu’il soit trois fois maudit !
cracha-t-elle. Arthur n’est plus de mon sang ! Je sais que Philippe a tout
tenté pour qu’Arthur devienne roi à la place de Jean, et qu’il continue à
intriguer malgré ce mariage qui devrait rapprocher nos deux lignages ! Si
vous le rejoignez, il vous utilisera. Venez vous établir en Aquitaine, je vous
aiderai.
    — Peut-être viendrai-je, ma dame vénérée,
mais Mercadier est aussi en Aquitaine.
    Elle resta silencieuse un moment avant de
dire :
    — Nous en reparlerons. Il y a un banquet ce
soir pour fêter la nouvelle année, soyez-y.
    — Je suis avec un ami, le seigneur Guilhem
d’Ussel, peut-il m’accompagner ?
    Elle ne répondit pas sur-le-champ, mais il vit
qu’elle était contrariée.
    — Pourquoi est-il avec vous ? Va-t-il
aussi à Londres ?
    — Nous voyageons ensemble, noble et vénérée
duchesse,

Weitere Kostenlose Bücher