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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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avant !
     
    Nous trouvâmes Manilus juché en haut d’un échafaudage. Il peignait la frise dans la pièce blanche.
    — Non, ne te donne pas la peine de descendre, on monte te voir.
    Mon père et moi avions tous les deux escaladé l’échelle avant qu’il ait eu le temps de réaliser la situation. Je lui saisis la main d’un air jovial, comme si je retrouvais un vieil ami.
    — Tu n’as aucune raison d’être gentil avec lui ! déclara mon père d’un ton sec. On a perdu trop de temps en amabilités avec l’autre. Botte-lui le cul !
    Toute la délicatesse de l’homme féru d’art semblait s’être envolée. Après m’être excusé d’un haussement d’épaules, j’obligeai Manilus à tomber à genoux en lui tordant le bras.
    Cette fois, pas besoin de se mettre en quête d’une corde. Le peintre avait la sienne, fixée à un panier, pour hisser la peinture et divers outils jusqu’à lui. Mon père s’en empara rapidement et jeta le panier au loin. En grognant affreusement, il en coupa une longueur suffisante pour bien ficeler Manilus. P’a entortilla le morceau qui restait autour de ses chevilles. Sans avoir besoin de nous consulter, nous le fîmes basculer par-dessus le bord de la plateforme.
    Il poussa un hurlement d’épouvante en tombant dans le vide, mais quand il constata qu’il était retenu par la corde, il se contenta de gémir sourdement.
    — Où est Oronte ?
    Il refusa de répondre.
    — Quelqu’un a donné une fortune à ces deux abrutis, murmura mon père, ou leur a flanqué une trouille terrible !
    — Alors, déclarai-je, il ne nous reste qu’une solution : faire encore plus peur à celui-ci.
    Nous redescendîmes, en laissant Manilus se balancer la tête en bas au bout de sa corde. Repérant un grand baquet abandonné par un plâtrier, nous le traînâmes sous la tête du peintre. Quand il comprit notre intention, il se mit à nous maudire en termes choisis.
    — On fait quoi maintenant, P’a ? On pourrait le mettre dans du ciment et le jeter dans le Tibre. Il resterait au fond.
    Manilus n’avait pas l’air trop effrayé. Il devait se dire que, même à Rome où les passants sont distraits, il serait difficile de porter un homme coulé dans du ciment sans attirer l’attention des édiles.
    — Il y a beaucoup de peinture. Voyons ce qu’on peut faire.
    — Tu as déjà essayé de gâcher du plâtre, toi ?
    Ce fut très amusant. Nous versâmes une grande quantité de poudre blanche trouvée sur place dans le baquet, puis de l’eau. Nous touillâmes vigoureusement le tout à l’aide d’un bâton et ajoutâmes du crin pour épaissir le mélange. Puis, je trouvai un pot de peinture blanche que je versai également avec le reste pour faire bonne mesure. Le résultat, guère appétissant, nous encouragea à poursuivre l’expérience. Puisant dans le panier du peintre, nous allongeâmes la sauce avec du doré, du rouge, du bleu, et du noir.
    Les plâtriers utilisent du crottin dans leurs mystérieuses compositions. Nous en découvrîmes des pleins sacs dont nous corsâmes notre infâme mixture, tout en faisant des commentaires explicites sur l’odeur.
    Je regrimpai alors sur l’échafaudage et, détachant la corde, je retins Manilus à la force du poignet, le laissant descendre doucement, arc-bouté sur mes talons. Mon père m’encourageait de la voix.
    — Oui, vas-y ! Encore un peu.
    En voyant sa tête approcher de notre horrible mélange, le peintre tenta de s’en éloigner d’une secousse. Je donnai brusquement du mou à la corde. Ses nerfs le lâchèrent, et il laissa échapper un gémissement.
    — Dis-nous vite où on peut trouver Oronte !
    Il secoua furieusement la tête et se dépêcha de fermer les yeux quand je le laissai plonger dans le bain.
     
    Je me contentai cependant d’y laisser tremper ses longs cheveux noirs. Puis je le remontai de quelques pouces et descendis contempler mon œuvre après avoir rattaché la corde à l’échafaudage. En voyant la chevelure du peintre dégouliner d’une matière poisseuse blanchâtre, égayée de traînées rouges, bleues ou dorées, mon père éclata d’un rire sonore. Les sourcils épais de Manilus faisaient barrage, mais il gardait les yeux fermés.
    — C’est tout à fait réussi, commenta Geminus en le taquinant avec le bâton qui nous avait servi à faire notre mélange. Allons, un peu de bonne volonté, il te suffit de prononcer deux ou trois mots pour te libérer. Sinon, je vais

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