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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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J’ai précisé où on allait quand on était encore chez Carus.
    — Tu as dit : « à la maison ».
    — C’est exactement là que je vais, déclara Geminus. Toi, tu peux faire ce que ton stupide orgueil te commande de faire.
    À la maison  ! Il voulait dire l’endroit où il vivait avec sa rouquine.
    Je ne pouvais pas croire à ce qui était en train de m’arriver.
    À la différence de Festus, je n’avais jamais mis les pieds dans la maison de mon père. Et si j’y allais aujourd’hui, ma mère ne me le pardonnerait jamais. Je ne faisais pas partie de la nouvelle vie de mon père et me refusais à en faire jamais partie. Je continuai néanmoins à le suivre, parce qu’il était impossible d’abandonner un homme de son âge après le choc qu’il avait subi chez Carus et l’épisode mouvementé que nous venions de vivre ensemble. Il se trouvait dans Rome sans ses gardes du corps habituels, alors qu’il était menacé de représailles par les collectionneurs de statues. En outre, il m’avait engagé pour le protéger. Je ne pouvais donc pas faire moins que de m’assurer qu’il arriverait chez lui sain et sauf.
    Après la Sæpta Julia, nous étions passés successivement devant le cirque de Flaminius, le portique d’Octavie et le théâtre de Marcellus. Il m’avait ensuite entraîné à mon corps défendant au bout de l’île Tibérine, au-delà du marché au bétail du Forum et d’un tas de temples, pour atteindre le pont Probus.
    Puis il me fit attendre pendant qu’il cherchait ses clefs qu’il ne trouva pas. Il en fut quitte pour agiter vigoureusement la cloche. Je le suivis dans une très jolie entrée où il se débarrassa de sa cape et de ses bottes en m’indiquant, d’un geste brusque, de faire de même. C’est seulement quand je fus pieds nus et vulnérable qu’il ronchonna :
    — Tu peux te détendre ! Elle n’est pas ici.
    Je fus si soulagé de l’apprendre que, pendant un bref instant, je crus que j’allais m’évanouir.
    P’a me jeta un regard dégoûté. Je lui laissai entendre que j’en avais autant à son service.
    — Je lui ai acheté un petit commerce, pour qu’elle n’ait pas envie de s’occuper de mes affaires. Elle y va chaque mardi pour faire les comptes et régler les factures.
    — On n’est pas mardi, aujourd’hui ! lui fis-je remarquer d’un ton désagréable.
    — Ils ont eu des problèmes, la semaine dernière, alors elle a décidé de faire faire des travaux. Elle sera absente toute la journée.
    Il déclara qu’il devait parler à son majordome, et je me laissai tomber sur un coffre en l’attendant. Quelqu’un ne tarda pas à m’apporter une paire de sandales et repartit avec mes bottes pour les nettoyer. Outre cet esclave et le garçon qui nous avait ouvert la porte, j’aperçus plusieurs autres visages.
    — Ton personnel paraît au complet ! m’exclamai-je quand Geminus vint me retrouver.
    — J’aime qu’il y ait des gens autour de moi.
    (Aurais-je eu tort de penser qu’il nous avait quittés parce qu’il avait trop de gens autour de lui ?)
    — Ce sont des esclaves, remarquai-je.
    — J’ai un esprit indépendant. Je traite mes esclaves comme des enfants.
    — Il serait trop facile de riposter que tu as traité tes enfants comme des esclaves, et je ne le ferai pas. (Nos yeux se rencontrèrent.) D’ailleurs, ce serait injuste.
    — Ne te force pas à être poli, Marcus ! Reste toi-même, commenta-t-il avec ce ton sarcastique qu’on adopte souvent en famille.
    Mon père occupait une maison haute et étroite qui donnait sur le fleuve. Ce site humide étant très recherché, à cause de la vue sur le Tibre et au-delà, les parcelles n’étaient pas grandes. Ces maisons étaient souvent inondées. J’avais exploré le rez-de-chaussée quand mon père m’avait laissé seul. Il était peint de couleurs sombres et abritait les chambres des esclaves et quelques bureaux où on pouvait discuter avec des visiteurs venus pour affaires. L’un de ces bureaux était même rempli de sacs de sable en cas d’urgence. Les seuls meubles étaient des coffres de pierre qui ne pouvaient pas souffrir de l’humidité.
    À l’étage au-dessus, le décor changeait radicalement. Je suivis mon père au premier, en aspirant les odeurs étranges d’une maison où on n’est encore jamais venu. Après avoir grimpé l’escalier, nous foulâmes un précieux tapis oriental qui restait toujours étendu là pour qu’on marche dessus. Il ne

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