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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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de cette vente aux enchères…
    J’étais occupé à rafistoler un siège pliant qui avait été déplié avec un peu trop de vigueur. Après que j’y fus parvenu, je m’installai dessus comme un shah persan surveillant un champ de bataille.
    Geminus avait passé un bras consolateur autour des épaules d’un des costauds qui se tenait un œil, à cause d’un coup bien ajusté… par moi. Plusieurs autres avaient d’énormes bleus qui prendraient une jolie couleur le lendemain. À la vérité, je n’y avais pas échappé moi non plus. Ils m’adressaient des regards que je préférais qualifier d’admiratifs. Toutefois, être soudain devenu leur centre d’intérêt commençait à me mettre légèrement mal à l’aise.
    — Dis-moi, tes grands garçons, là, tu les achètes à la coudée ?
    — Arrête de te moquer d’eux ! Tu leur as fait assez de mal comme ça, laissa tomber Geminus de ses lèvres fendues.
    — Comment voulais-tu que je devine que tu avais tes propres cohortes ? J’ai cru que les vieux portefaix allaient devoir sauver les meubles seuls. Tu penses bien que si j’avais deviné que ces empotés étaient payés pour s’abîmer les phalanges, je me serais fait un plaisir de les laisser faire.
    Épuisé, saisi d’une quinte de toux, Geminus se laissa tomber sur un divan qui n’avait pas trouvé preneur. Il commençait à paraître son âge.
    — Par Jupiter ! Comme si j’avais besoin de ça ! s’exclama-t-il après avoir retrouvé son souffle.
    Je restai silencieux pendant un moment. Je respirais de nouveau normalement, mais de nombreuses pensées s’agitaient dans mon crâne. Les costauds faisaient mine d’aider les portefaix à réparer les dégâts, mais sans faire montre d’un enthousiasme excessif. Heureusement que les pauvres vieux s’agitaient avec leur zèle et leur compétence habituels.
    La façon dont mon père les laissait faire me fit soupçonner que ce genre d’événement s’était déjà produit auparavant. Je lui lançai un regard interrogateur qu’il s’empressa d’ignorer. C’était un homme solide, que je trouvais chaque fois plus petit et plus trapu. Son visage pouvait passer pour beau et certaines personnes paraissaient apprécier son comportement. Personnellement il m’ennuyait, mais il faut dire que j’avais été éduqué par des maîtres qui m’avaient seriné que les pères romains étaient sévères, sages, et des modèles de la morale humaine. Ce genre de philosophie ne réservait aucune place à ceux qui buvaient, jouaient aux dames, couraient les femmes. Le mien faisait allègrement ces trois choses défendues, et il n’avait jamais perdu de temps à lire les grammairiens érudits qui prétendaient qu’un jeune Romain pouvait espérer que son père passerait ses journées à agiter de nobles pensées et à offrir des sacrifices aux dieux du foyer. Au lieu de me conduire à la Basilica Julia pour m’expliquer de quoi les avocats débattaient, mon père à moi m’emmenait au Circus Maximus, et encore, seulement quand son cousin était à la caisse et nous faisait des réductions. Or, quand j’étais enfant, entrer dans le cirque au rabais me faisait honte.
    — Tu t’attendais donc à avoir des ennuis ? demandai-je. Tu as envie qu’on en parle ?
    — Rien d’autre que la routine, prétendit Geminus sans desserrer les dents.
    — À d’autres ! C’était un coup monté, insistai-je. Tu es victime d’un racket ? Qui est derrière tout ça ?
    Puisque je m’étais retrouvé mêlé à cette vilaine histoire malgré moi, je tenais à en connaître le fin mot.
    — Quelqu’un, ça ne fait aucun doute.
    Cet homme avait toujours été aussi entêté qu’une mule.
    — Puisque tu es tellement coopératif, débrouille-toi tout seul !
    — C’est bien mon intention, mon garçon.
    Comment un vieux ronchonneur de la sorte avait-il pu engendrer un être aussi équilibré et raisonnable que moi ? Je me laissai aller en arrière et fermai les yeux. Je commençais à me sentir raide de partout, et je n’entendais plus rien de l’oreille gauche. Après un long moment de silence, ce fut mon père qui reprit la parole. Sur un ton acerbe.
    — On peut dire que tu as pris ton temps pour arriver ! Je t’attendais deux heures plus tôt.
    De surprise, je rouvris les yeux.
    — Personne ne savait que je venais te voir.
    — On m’a pourtant prévenu que tu voulais me parler.
    — Eh bien, on t’a raconté n’importe quoi.

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