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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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autant :
    — Je suis sûr que tu connais tous les barbouilleurs de fresques ?
    Cette fois, l’étincelle qui naguère avait tellement attiré les femmes s’alluma dans ses yeux. Aujourd’hui, elle était sèche, sombre, pleine de scepticisme. Il savait que je n’avais pas posé la question par hasard.
    — D’abord le lit, ensuite des travaux de décoration. Veux-tu transformer ton galetas en palais ? Méfie-toi, Marcus, il faut que le décor soit assorti à l’environnement. Ça risque de jurer un peu !
    — Oh ! je veux juste deux petites fresques, plaisantai-je. Un paysage avec des satyres dans la chambre, et une nature morte pour la cuisine. Rien de trop chargé. (Je n’arriverais nulle part en tournant autour du pot, il fallait que je sois plus direct.) Helena t’en a certainement parlé, je cherche deux barbouilleurs que j’ai vus avec Festus pendant sa dernière soirée à Rome. Dans un bouge qui s’appelle La Vierge, au pied du Cælius.
    — En effet, elle me l’a dit, acquiesça-t-il, du ton de celui qui refuse de dire à un petit enfant ce qu’il aura comme cadeau pour les Saturnales.
    — Alors, tu les connais ?
    — Ça ne me dit rien. Et aucun jury, ajouta mon père bien inutilement, ne va condamner un homme parce qu’il ne connaît pas les gens que son fils fréquente !
    J’ignorai sa mauvaise plaisanterie et m’écriai, furieux :
    — Je suppose que tu vas me dire aussi que tu ignores tout de ce que Festus était en train de magouiller quand il est mort ?
    — Tu as raison, répondit-il posément. C’est exactement ce que je peux dire.
    — Tu n’es pas en train de parler à Censorinus ! lui précisai-je méchamment.
    — Non, je te parle à toi. (Ce genre de conversation ne peut avoir lieu qu’au sein d’une famille.) Et c’est une perte de souffle, grommela-t-il. Tu ne changeras jamais. Tu chevauches toujours ta mule à l’envers pour la regarder chasser les mouches de sa croupe avec sa queue ! Il y a plus d’une heure que j’attends que tu me parles de ce soldat. Je devine qu’on t’a poussé à venir me voir ! s’exclama-t-il au moment précis où j’allais l’interrompre. (Il savait que je n’aurais jamais pu m’y résoudre seul.) Alors, si on doit vraiment remuer de mauvais souvenirs, faisons-le au moins d’une façon civilisée, en buvant quelque chose !
    Et sans attendre ma réponse, il me prit par le coude pour me guider vers le havre discret de son bureau, à l’étage supérieur.
    Je me sentais dans l’état d’esprit d’un homme à qui on veut vendre une tasse en imitation argent, avec une anse qui ne va pas tarder à se casser.

24
    Lors de mes rares visites, j’avais remarqué que l’atmosphère du bureau de mon père changeait à chaque fois. C’était dû au fait qu’il ne le décorait que de meubles et d’objets à vendre. C’est dans cet antre qu’il amenait ses clients les plus sérieux, ceux qui allaient se sentir importants pendant qu’il leur fourguerait quelque chose. Ici, on posait ses fesses sur de l’ivoire, de l’argent massif ou des bois orientaux au parfum subtil, pour savourer un vin épicé dans des coupes superbement décorées. Et en repartant, les clients réalisaient, mais un peu tard, qu’ils avaient largement dépassé leur budget. Aujourd’hui, le mobilier tout entier venait d’Alexandrie : des coffres délicatement peints, des buffets bas aux pattes fines décorés d’ibis et de fleurs de lotus. Pour compléter l’illusion, il avait ajouté de grands éventails en plumes de paon et empilé de riches coussins sur le vieux divan qui était là depuis toujours et n’était pas à vendre. Derrière ce divan, dissimulé derrière un rideau et solidement encastré dans le mur, se trouvait son coffre.
    Avant toute chose, il alla mettre en sécurité la recette de la vente du jour. Je savais qu’en ce qui concernait l’argent, il avait des habitudes bien établies. Il n’ouvrait jamais son coffre devant des employés ou des clients, mais il se conduisait différemment avec moi, me traitant en cela comme un fils. Un peu comme si lui et moi étions en quelque sorte associés – ce qui avait été le cas avec Festus. Et, à la vérité, il n’agissait ainsi que depuis la mort de mon frère. Il déverrouilla la lourde porte avec la clef qu’il gardait attachée autour du cou mais laissa retomber le rideau à la hâte, car un jeune garçon venait d’entrer. Il nous apportait le vin et la coupe

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