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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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sûr.
    Ballista jugea que l’assaut n’interviendrait probablement pas avant midi. Malheureusement, c’était une heure qui convenait aux assiégeants à plus d’un titre : ils n’auraient plus le soleil dans les yeux comme c’était le cas maintenant, ils auraient largement le temps de tirer les immenses tours de siège jusqu’aux murs et d’organiser des attaques secondaires sur les autres portions de muraille.
    La veille, des nuées de cavaliers avaient été repérées de l’autre côté des ravins nord et sud. Ballista avait changé l’emplacement de ses troupes, ordonnant que trois cents hommes, cent mercenaires de chacune des numeri des protecteurs de caravanes, se joignissent à la défense du mur nord, en dangereux sous-effectif. Il était étrange que cette faiblesse eût été remarquée par son accensus, le jeune Demetrius, qui n’avait absolument rien d’un militaire, plutôt que par Ballista lui-même ou l’un de ses officiers. Il arrivait parfois que l’on se trouve trop près des choses pour les évaluer correctement. Comme on le disait chez les Angles, « l’arbre cache la forêt ».
    Midi. Ballista méditait sur le déroulement des événements à venir. Midi. L’heure à laquelle les Romains prenaient leur premier vrai repas de la journée. Bagoas lui avait dit que les Perses mangeaient plus tard, vers la fin de l’après-midi. À midi, ils n’auraient pas faim, mais cela ne serait pas le cas des Romains. Ballista était sur le point de donner l’ordre d’avancer l’heure du déjeuner des soldats lorsqu’il vit quelque chose qui pouvait avoir une importance déterminante.
    La caractéristique silhouette violette montée sur un cheval blanc se déplaçait. Bien qu’elle fût désormais accompagnée par une suite rutilante de nobles et de souverains de royaumes-satellites, on ne pouvait manquer de reconnaître le haut casque d’or en dôme ni les longues banderoles violettes et blanches qui signalaient le roi des rois.
    Ballista avait attendu ce moment, avait prié pour que l’occasion se présentât. Dans l’armée romaine, au commencement d’un siège, il était d’usage que le général s’approchât à portée de l’artillerie des assiégés. Cette tradition avait deux buts. À un niveau purement pragmatique, elle lui donnait une belle occasion d’observer l’état des défenses. À un niveau plus subjectif, mais peut-être beaucoup plus important, elle lui permettait de remonter le moral de ses troupes en affichant un mépris étudié des armes de l’ennemi. Une belle tradition, qui faisait certes d’une pierre deux coups, mais causait parfois la mort du général des assiégeants.
    Jusqu’alors, Ballista n’avait pas réussi à savoir si cette coutume avait cours chez les Sassanides. Bagoas ne lui avait été d’aucune aide : « Bien sûr, Shapur, le bien-aimé de Mazda, ne craint pas les armes de ses ennemis. » Ballista en venait de plus en plus souvent à se demander si le jeune Perse entendait quelque chose à la guerre. Il était clair qu’il appartenait à l’élite perse, mais n’était-il pas de plus en plus évident qu’il était issu d’une famille de scribes ou de prêtres plutôt que de guerriers ?
    Shapur et sa suite arrêtèrent leurs chevaux alors qu’ils se trouvaient tout juste hors de portée de l’artillerie. Une conversation animée avait lieu. Shapur était celui qui parlait le plus. Il semblait indiquer aux hommes de haut rang qui l’accompagnaient la direction que devrait prendre l’assaut, à grand renfort de gestes circulaires. Les banderoles voletaient derrière lui.
    Le regard de Ballista était fixé non sur Shapur, mais sur deux amas de pierres peintes en blanc de chaque côté de la route. Ils indiquaient la limite des quatre cents pas, la portée maximale de son artillerie. « Allez, espèce de trouillard d’Oriental. Vas-y, montre que tu as les couilles de venir à portée ! »
    Se forçant à ne plus y penser, Ballista ordonna que les hommes déjeunassent pas moins de deux heures avant l’heure habituelle. Tandis que les messagers s’éloignaient, il se rendit compte, avec un petit pincement au cœur, qu’il n’avait pas donné l’ordre, beaucoup plus urgent, que toutes les pièces d’artillerie fussent braquées sur le roi perse, mais qu’elles attendissent son signal avant de tirer. Tandis que le second groupe de messagers repartaient, il se rasséréna à l’idée que le message qu’ils

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