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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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Élagabal.
    Elles eurent lieu juste avant l’aube. L’assistance était disposée en demi-cercle, par ordre de préséance, autour d’un autel, chaque personne tenant à la main une torche allumée. Ils se mirent à psalmodier et Sampsigeramus, le roi d’Émèse et prêtre d’Élagabal, s’avança. Un orchestre de flûtes et de fifres fit entendre ses notes aiguës et Sampsigeramus commença à danser autour de l’autel. Il portait une longue tunique descendant jusqu’au sol, un pantalon et des mules, le tout de couleur violette et orné de pierres précieuses, une haute tiare et une multitude de colliers et de bracelets. D’autres danseurs se joignirent à lui, tournoyant et virevoltant, s’accroupissant et sautant. La musique atteignit son paroxysme et ils s’immobilisèrent brusquement, chacun prenant la pose. L’assistance applaudit, la suite de Ballista poliment, le reste du public à tout rompre.
    Des meuglements annonçaient l’étape suivante. Un grand nombre de bœufs et de moutons furent conduits au milieu du demi-cercle. Le prêtre-roi d’allure délicate délégua la mise à mort des deux premiers animaux, mais en inspecta lui-même les entrailles, soulevant dans ses mains jointes les circonvolutions fumantes. Les augures étaient bons ; Élagabal était content.
    La cérémonie prit fin alors que les premiers rayons de soleil apparaissaient au-dessus du temple. « Splendide, cela manquait peut-être un peu de singes, de serpents, mais c’était splendide et maintenant que c’est fini… » Les pensées de Maximus furent interrompues par Ballista enjoignant son entourage de le suivre dans le temple. À l’intérieur trônait un grand aigle d’or tenant en son bec un serpent entortillé. Mais c’était Élagabal lui-même qui dominait la scène : un cône de pierre, sombre et massif. À la lumière des chandelles, les inscriptions énigmatiques sur sa surface noire polie semblaient bouger.
    Le minuscule prêtre-roi Sampsigeramus parla à Ballista qui se retourna vers ses hommes.
    — Le dieu souhaite m’honorer d’une audience privée. Demetrius et Calgacus, attendez-moi dehors. Mamurra, Turpio, Maximus, vous avez quartier libre.
    Les portes du temple se refermèrent derrière lui.
    Maximus se demandait par où commencer. Vraisemblablement, le complexe religieux dans son entier comptait comme enclos sacré. Où donc étaient les filles ?
    Avec Mamurra à sa suite, il commença à chercher dans la rue à l’extérieur de l’entrée principale. Il y avait bien quelques carrosses, mais des personnes des deux sexes y montaient et s’en allaient. Ils n’abritaient donc pas de vierges languissantes. Il étendit sa quête aux rues adjacentes. Sans plus de succès. Puis, avec Mamurra toujours à sa remorque, il quadrilla la pinède, avant d’explorer la cour derrière le temple.
    Il revint au temple à grands pas et interpella le jeune Grec :
    — Demetrius ! Espèce de petite pute, tu t’es fichu de moi ! Il n’y a pas un foutu carrosse en vue, pas une putain de ficelle autour de la tête de qui que ce soit. Il n’y a probablement pas une seule foutue vierge dans toute la ville, et encore moins ici !
    Le jeune Grec semblait inquiet.
    — Tu m’avais pourtant dit qu’il y avait des vierges ici ! Comme tu m’avais dit qu’il y en avait qui nous attendaient dans les temples à Paphos et aux alentours d’Antioche, seulement on n’y est pas allé.
    — Non, non, non, pas du tout, bégaya Demetrius. Je t’ai juste lu un célèbre passage d’Hérodote sur la prostitution sacrée dans l’ancienne Babylone, et je t’ai dit que l’on racontait que la même chose se produisait jadis dans la vieille ville de Paphos, dans le bois sacré de Daphné près d’Antioche, et ici.
    Le visage du secrétaire était l’image même de l’innocence.
    — Et que certains disent que cette coutume a peut-être encore cours.
    Maximus lança un regard noir à Demetrius, puis à Calgacus.
    — Si jamais j’apprends que…
    Il s’interrompit et se tourna à nouveau vers le jeune Grec :
    — Bon, tant pis. Tiens, ça va peut-être t’empêcher de te plaindre à tout bout de champ de n’être pas allé voir ce vieux sanctuaire d’Aphrodite : il y a une putain de grosse pierre noire ici qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de Chypre.
    Puis s’adressant à Mamurra, il dit :
    — Bon, on ne va pas y passer la journée. Un bon chasseur de biches sait où tendre ses

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