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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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à elle afin de proclamer l’ adventus, l’arrivée du nouveau Dux.
    Un porte-étendard ouvrait la marche, tenant une bannière en forme de dragon que le vent faisait se tordre et siffler comme s’il était vivant. À une ou deux longueurs derrière, venait le nouveau Dux. Il avait belle allure, une allure barbare certes, mais une belle allure.
    « Iarhai, espèce de sale bâtard ! » Anamu ne savait au juste s’il avait parlé tout haut. La musique aurait couvert ses paroles de toute façon. « Salopard de faux-jeton ! » Anamu s’était attendu à voir Iarhai. Il savait depuis quelque temps déjà que Iarhai voyageait avec le Dux (et il présumait qu’Ogelos le savait aussi). Mais il ne pensait pas voir ses hommes en tête de la colonne. Ce n’était pas tant que Iarhai voyageât avec le Dux, il semblait plutôt l’escorter, le protéger. « Sombre salaud ! Espèce de… » Anamu s’arrêta en même temps que la fanfare et la chorale.
    Le Dux Ripæ tira sur les rênes de son cheval. Il leva la main droite, paume vers l’avant, le geste rituel exprimant à la fois un salut bienveillant et l’affirmation d’un pouvoir. Les habitants d’Arété le saluèrent en retour et commencèrent à l’acclamer.
    — Que les dieux te gardent ! Que les dieux te gardent ! Que les dieux te gardent !
    « Espèce d’enculeur de chameaux ! » Extérieurement, Anamu agitait son rameau de palmier et scandait avec le reste de la populace. Intérieurement, il fulminait. « Sale maquereau ! Comment as-tu pu prostituer ton unique fille ? »
    Bathshiba et Iarhai s’étaient avancés à cheval. Ils s’arrêtèrent juste derrière le Dux. Le regard d’Iarhai croisa celui d’Anamu et son visage cabossé s’éclaira d’un petit sourire.
    Anamu n’avait pas survécu aux événements récents en laissant libre cours à ses émotions. Lorsque les acclamations prirent fin, il avait retrouvé la pleine possession de ses moyens. Il regardait Ogelos tremper la palme dans le haut vase, asperger l’eau bénite, jeter quelques poignées d’encens sur l’autel, verser une libation et, de son couteau, trancher la gorge du taureau. Lequel s’agita et mourut sous des auspices raisonnablement heureux.
    Le sophiste Callinicus de Petra s’avança pour donner son discours officiel de bienvenue. Ogelos disait toujours qu’il préférait que les vérités simples fussent simplement énoncées et Iarhai ne cachait pas que l’art oratoire l’ennuyait, mais Anamu s’était réjoui à l’avance de ce discours. Le goût de la rhétorique étant l’une des choses qui caractérisait l’homme cultivé.
    — Sous de riants auspices vous vîntes, vaillant plénipotentiaire des empereurs, étincelant tel le rayon dardé par l’astre du jour…
    L’introduction, fondée sur la joie comme le voulait la tradition, avait été assez solide. Qu’en serait-il du corps du discours, axé sur les actions du sujet, sa ville ou son pays natal et sa famille ?
    — Tel le brave timonier, vous affronterez le danger, pour soustraire le navire aux vagues démontées…
    Bonne idée que d’en venir directement aux vertus théoriques. L’orateur avait sagement évité de mentionner les origines du Dux  ; et ils ne savaient encore rien de ses actions. Il continua dans la même veine, le courage et la justice, la tempérance et la sagesse, et finalement l’épilogue :
    — Nous sommes venus vous accueillir, en masse et le cœur rempli de joie… Vous êtes notre sauveur, notre forteresse, notre bonne étoile… une aube radieuse abolit maintenant les ténèbres.
    Callinicus termina sur un geste théâtral de sophiste, respirant bruyamment et essuyant la sueur de son front pour montrer toute la difficulté de la composition extemporanée.
    « Pas mal », pensa Anamu. Même si les productions de Callinacus semblaient toujours avoir été préparées de longue date. Il serait intéressant de voir comment le Barbare allait tourner sa réponse. La tradition voulait que l’on dise à quel point l’on avait désiré voir le gymnase, les théâtres, les temples et ports de la ville visitée. Cela semblait une tâche ardue, même si le Dux n’avait pas été un Barbare, pour quelqu’un qui n’avait presque certainement jamais entendu parler de la ville avant de recevoir ses ordres, une ville qui, de plus, ne pouvait s’enorgueillir de son gymnase, ni de ses théâtres et encore moins de ses ports puisqu’elle était située en

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