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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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Défis quotidiens, treize années durant. On a commencé, pratiquement, à creuser à la main, en emportant la terre dans des couffins, avantde pouvoir disposer de l'outillage moderne nécessaire. Les épidémies de choléra ont durement frappé. Mais Suez, à force de volonté et persévérance, sera une oeuvre française, réalisée avec des capitaux français, par des ingénieurs et des techniciens français. Dès la création de la Société du Canal, son succès dans le public a été prodigieux: les petits porteurs se sont précipités, mus par l'appât du gain, sans doute, mais également par le sentiment de participer à une oeuvre qui va marquer les siècles à venir.
    En 1869, l'oeuvre incomparable imaginée par Enfantin au nom des saint-simoniens est, sinon achevée, du moins utilisable. Moment de gloire, d'apogée que ce jour de novembre qui voit l'inauguration du canal par Eugénie, accompagnée de l'empereur d'Autriche, et du prince héritier de Prusse, du khédive... et d'Abd el-Kader.
    Louis Napoléon, entre-temps, a veillé à ce que la France tire tout le bénéfice de cette nouvelle voie. Les négociations entreprises en 1862 pour la cession d'Obock ont abouti. La France s'est inspirée de la politique anglaise des dépôts de charbon. Le nouveau parcours va pouvoir trouver son aboutissement très loin vers l'est, à Saigon, nouvellement conquise.
    Car la réussite est d'autant plus grande que d'autres initiatives ont été prises, pendant ce temps, pour conforter notre présence dans l'océan Indien et en Extrême-Orient.
    Louis Napoléon avait soutenu à Madagascar les missionnaires français contre les Anglais. Il obtient, en 1862, la création d'un consulat de France à Tananarive, en même temps qu'il passe un traité de commerce avec le gouvernement malgache. Peu après, on lui octroie, fait capital, la cession de Diego-Suarez. En 1868, il complète ces avancées par l'obtention de droits supplémentaires — liberté de culte, possibilité pour les Français d'acheter des terres — qui préparent la prise de possession.
    Plus fructueuses encore sont les opérations conduites en Asie. Timidement, sous la monarchie de Juillet, la France avait pris pied en Chine où, jusque-là, les Anglais s'étaient taillé la part du lion. Louis Napoléon a l'occasion de rétablir un semblant d'équilibre: profitant d'une expédition punitive décidée en 1858 par l'Angleterre à la suite de quelques dommages infligés par les Chinois à des missionnaires et des négociants, il décide de s'associer à l'opération. Dans un premier temps, le bombardement et la prise de Canton suffisent à obtenir un traité signé à Tien Tsin. Mais la paixne dure pas. Le conflit reprend dans la province de Petchili. Français et Anglais prennent le fort de Tahou Tien Tsin, et remportent une bataille décisive à Palikao qui verrouillait l'accès de Pékin.
    L'affaire fait grosse impression, d'autant que le général français Cousin-Montauban y prend une part déterminante. Le 5 octobre 1860, les Alliés occupent Pékin. Leur attitude y sera peu glorieuse. Par représailles, le général anglais Elgin décide en effet de faire brûler le Palais d'été. Pourtant, ce sont les Chinois qui sont contraints de présenter des excuses et de verser des indemnités. On les oblige, de surcroît, à accepter l'établissement de représentations diplomatiques étrangères — en particulier des légations à Pékin même —, à reconnaître les missions et à ouvrir des ports supplémentaires au commerce européen.
    La France aura ainsi pris date: elle obtient en outre la concession de plusieurs voies ferrées, ainsi que la cession à bail de Kouang-tcheou et un droit de préemption sur l'île de Hai-nan. Les visées de Louis Napoléon sur l'Extrême-Orient sont manifestes. Elles portent aussi, avec des résultats encore plus probants, sur la péninsule indochinoise. Une fois encore, aucun plan précis n'a été défini. Mais il existe une volonté d'aller de l'avant qui trouve sa concrétisation au fur et à mesure que les occasions se présentent. Méthode qui en vaut bien d'autres et produit d'ailleurs ses effets : Louis Napoléon va donner à la France la Cochinchine et le Cambodge.
    Comme d'habitude, tout commence par une expédition punitive. L'empereur annamite Tu Duc en a pris un peu trop à son aise avec les missions françaises et espagnoles établies sur son territoire. L'amiral Rigault de Genouilly, qui commande les

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