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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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1867, la grande loi sur les sociétés anonymes établit ce qui va être leur statut, un siècle durant, et dispense désormais leur création de l'autorisation préalable du gouvernement.
    D'autres mesures sont prises pour favoriser l'activité. Si les banquiers font fructifier l'argent, ils ne sont pas les seuls à animer la vie économique. Louis Napoléon le sait, lui qui ne manque aucune occasion de visiter les usines et de s'y entretenir avec les cadres et les ouvriers.
    Rien d'étonnant, dès lors, de le voir s'intéresser aux chambres de commerce. Un décret du 17 septembre 1851 les a déclarées « établissements d'utilité publique » ; il en créera en dix-huit ans vingt-quatre, venant s'ajouter aux cinquante-six qu'il avait trouvées à son arrivée. Parallèlement, il amorcera l'important réseau consulaire outre-mer qui s'épanouira sous la III e République.
    Instruments d'un syndicalisme patronal embryonnaire, lieux de réflexion et d'action collective, les chambres commencent à jouer dans le domaine de la formation un rôle non négligeable qui explique l'intérêt que leur a manifesté l'empereur.
    ***
    Car si, beaucoup plus tard, il sera démontré et compris que la qualité de la formation est, au moins autant que les infrastructures, déterminante pour le développement, ce n'est pas le moindre mérite de Louis Napoléon d'en avoir eu la prescience. Il est vrai que, dans son esprit, le développement de l'instruction publique procédait aussi d'une autre intention: conduire, progressivement, les milieux les moins favorisés sur les chemins de la culture.
    Dans ce domaine, son oeuvre, bien que considérable, est largement méconnue. Les républicains, après 1870, ont tout fait pour minimiser son action sur un sujet aussi délicat et l'ont toujours considérée et présentée comme leur réussite exclusive. Il n'en reste pas moins que l'homme qui avait commencé par accepter sans rechigner outre mesure le vote de la loi Falloux va laisser à la III e République un enseignement modernisé et ouvert dont, au prix de quelques extensions ou consécrations législatives, elle va tirer tout le bénéfice.
    Quand, décidément, il sera difficile de passer sous silence l'apport de l'Empire, on ne manquera pas d'en détourner tout le mérite sur un homme qui, c'est incontestable, le partage largement : Victor Duruy.
    En 1863, Duruy avait été le premier étonné d'entendre Louis Napoléon lui proposer de prendre en charge le ministère de l'Instruction publique. L'empereur l'avait rassuré en trois mots: « Ça ira bien. » Et Duruy d'ajouter: « Je n'ai jamais reçu d'autres instructions que ces paroles. »
    C'est dire que Louis Napoléon, qui connaissait parfaitement les idées et les intentions de son ministre, y souscrivait, du moins n'en était aucunement effrayé. Au demeurant, il ne se contenta pas de lui laisser le champ libre. Il l'appuya et le protégea sans défaillance, fait d'autant plus méritoire que la politique qui va être conduite jusqu'en 1869 n'a pas pour seul objet de donner une forte impulsion à l'enseignement public; elle cherche carrément à ralentir le développement de l'enseignement privé. Ainsi, lescongrégations non autorisées se voient-elles bientôt interdire la création de nouveaux établissements.
    Après 1870, Duruy, dont la personne posait donc un sérieux problème aux républicains, fut approché par eux et fort courtisé. Nul doute que, s'il avait cédé aux sirènes du ralliement, il eût pu reprendre le fil d'une carrière politique brillante. A la différence de Lavisse, qui avait fait partie de son cabinet, il s'y refusa. Qui plus est, il tint toujours à souligner « la part prise par l'empereur [aux] créations », et affirma hautement les mérites du régime qu'il n'avait pas eu honte de servir : « Lorsqu'il pourra être porté sur ces questions un jugement impartial, je crois qu'il est un Gouvernement à qui on rendra l'honneur d'avoir fait plus que les autres en faveur de l'instruction générale de ce pays, ce sera celui que vous accusez de n'avoir rien fait. »
    La situation de l'enseignement au début de l'Empire n'avait, il est vrai, rien de particulièrement brillant. Dans le primaire, les maîtres étaient en nombre insuffisant, et mal payés. Louis Napoléon veilla à faire passer leur traitement moyen de 493 francs en 1846 à 600 francs sous sa présidence: d'autres augmentations intervinrent encore ultérieurement — on ne fut pas toujours

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