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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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réserver.
    Hortense obtient pourtant une entrevue avec Louis-Philippe. Visiblement, elle cherche à faire coup double: se prémunir contre des mesures de rétorsion éventuelles et, surtout, obtenir la permission de revenir en France.
    La demande n'était pas exagérée. Après tout, Hortense, du temps de sa splendeur, avait eu des bontés pour la famille d'Orléans. D'autre part, au lendemain de la révolution de 1830, Louis-Philippe, par calcul autant que par conviction, s'était lancé dans une politique de réhabilitation du souvenir impérial. Le moment pouvait donc paraître propice.
    Les circonstances vont en décider autrement. Car, si le roi des Français entend bien se servir de l'Aigle, il ne veut évidemment pas se laisser déborder par ses partisans. Or, quelques jours à peine après l'entrevue fort prometteuse, et alors que les deux fugitifs sont toujours à Paris, une manifestation est organisée par les bonapartistes autour de la colonne Vendôme à l'occasion du dixième anniversaire de la mort de l'empereur. Elle attire un grand concours de foule. Louis Napoléon qui l'observe, dit-on, de ses fenêtres, en est tout exalté et conforté dans ses ambitions. Une autre est annoncée par des rumeurs, qui aurait lieu — et pourrait s'avérer moins pacifique — le lendemain. Pour débonnaire qu'il soit, le roi Louis-Philippe ne souhaite pas tenter le diable. Alors il fait prier Hortense et son rejeton de bien vouloir vider les lieux sur l'heure.
    Et les voilà partis pour l'Angleterre, où ils séjournent quelques semaines avant de reprendre en septembre 1831 le chemin d'Arenenberg. Les sentiments de Louis Napoléon pour les Orléans ne sortiront pas renforcés de cet épisode...
    ***
    Dès lors, il s'agit pour lui de s'établir ou, plus précisément, de se trouver une raison sociale. Faute de quoi, ses perspectives se limiteraient à l'existence oisive d'un membre de la « jet-set » de l'époque.
    L'alternance de mondanités et d'escapades amoureuses qui, depuis quelques années, résumait sa vie ne saurait, en effet, se prolonger sans dommage pour sa réputation et la poursuite de ses ambitions. Il faut cesser de perdre son temps, et arrêter de rêver. Tant d'événements sur une si courte période ont, il est vrai, un peu tourné la tête d'Hortense et de son fils. C'est l'époque de quelques songes insensés: on envisage une candidature à la couronne belge; on feint de croire possible un renversement du gouvernement français à la tête d'une conjuration libérale; on parle très sérieusement du trône de Pologne. Vient le moment de redescendre surterre... Et de renoncer à des spéculations qui ne seraient qu'autant d'alibis pour la poursuite d'une vie de dandy romantique et cosmopolite.
    Quelle meilleure carrière choisir que celle des armes? Et plus précisément l'artillerie, qui présente pour Louis Napoléon un triple avantage: celui d'être, à l'époque, l'arme moderne par excellence; celui de permettre à son esprit inventif de donner sa pleine mesure; celui enfin d'avoir été l'arme où, à ses débuts, s'est illustré son oncle.
    La difficulté, c'est qu'il ne peut être question pour lui de s'engager dans l'armée française. A sa proposition d'y servir comme simple soldat, Louis-Philippe a opposé une fin de non-recevoir. Du moins la proposition aura-t-elle été faite.
    Finalement, Louis Napoléon a renoncé à son intention de rejoindre quelque phalange organisée pour une belle et juste cause: il avait pensé à venir épauler les Grecs, ou même à s'enrôler dans l'armée russe pour combattre les Turcs. On frémit à l'idée de ce qui se serait passé si son père, décidément parfois bien inspiré, ne l'en avait dissuadé avec un argument sans appel: « On ne doit faire la guerre que pour son pays! »
    Alors, faute de mieux sans doute, il se rabat sur l'armée suisse. C'est le pays qui l'a accueilli, et dont la neutralité enlève à son choix tout caractère compromettant. Fin 1831, il entre à l'école militaire de Thoune, commandée par Dufour, ancien colonel du génie sous l'Empire. Il y avait suivi au cours des années précédentes quelques sessions de préparation militaire, sa mère l'ayant poussé à acquérir une compétence dans le domaine technique. Militaire, il va connaître la vie austère des camps et profiter largement de l'enseignement dispensé, au point de publier un Manuel d'artillerie à l'usage des officiers de l'armée helvétique, manuel qui

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