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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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lignes des mécanismes d'exercice du pouvoir et que l'on peut qualifier de plébiscitaire [...] et bicaméral; d'autre part, un accord sur la solution de compromis qu'il est nécessaire d'admettre face aux tenants inconditionnels du régime d'assemblée, à savoir un système semi-parlementaire tempérant les dispositions plébiscitaires [...]. La seule différence d'importance réside dans le fait que ce compromis fut un point d'arrivée, en partie contraint, pour Napoléon III et une base de départ, elle-même en partie subie, pour de Gaulle. »
    Ces nombreuses similitudes, le général de Gaulle ne les a jamais formellement reconnues, pas plus qu'il n'a admis de considérer Louis Napoléon comme un précurseur. Certes, il s'agit plutôt d'une communauté d'inspiration que d'une filiation. Mais la prudence gaullienne est tout à fait compréhensible: la cote de Louis Napoléon étant au plus bas dans notre pays, la moindre référence au second Empire pouvait s'avérer assassine.
    Conscient du danger que pouvait comporter pour lui l'évocation de pareil précédent, le Général alla même jusqu'à différer certaines réformes pour éviter des rapprochements, voire une assimilation, qui lui auraient été dommageables. Il s'en expliqua dans les Mémoires d'espoir:« J'ajoute que, sur le moment, afin de ne pas contrarier le mouvement presque unanime de l'adhésion nationale, je jugeais bon de tenir compte des préventions passionnées que, depuis Louis Napoléon, l'idée de "plébiscite" soulevait dans maints secteurs de l'opinion. Quand la pratique de la Constitution nouvelle aurait montré que l'échelon suprême y détenaitl'autorité sans qu'il y eût dictature, il serait temps de proposer au peuple la réforme définitive. »
    En agissant ainsi, il coupa l'herbe sous le pied des antigaullistes, lesquels avaient fort bien perçu l'intérêt politique qu'il y aurait à faire du Général un moderne Badinguet. Certains caricaturistes se lancèrent dans cette voie, mais, assez vite, l'image du Roi-Soleil l'emporta sur celle du second empereur. Quant aux politiciens qui s'aventurèrent sur ce terrain, leur argumentation ne pouvait que les conduire à une double impasse: l'assimilation du 13 Mai au coup d'État du 2 Décembre, assimilation qui se retournait contre ses auteurs, et la représentation devant le peuple des dangers de l'élection du président de la République au suffrage universel.
    Cela dit, que furent les sentiments profonds de Charles de Gaulle à l'égard de Louis Napoléon? A s'en tenir à ce qu'il a dit et écrit, on en est réduit à de simples suppositions.
    Le Général, c'est certain, n'admettait pas pour la France la défaite, et il en voulait à Louis Napoléon de ne l'avoir pas empêchée à Sedan. Mais ses appréciations sur les responsabilités du second empereur ne furent pas toutes empreintes de sévérité. Et ce serait probablement faire injure à sa lucidité que de le croire insensible aux qualités de visionnaire de Louis Napoléon et hostile à l'idée que le message de celui-ci préfigurait en quelque sorte le sien.
    De Gaulle n'évoquera Louis Napoléon qu'en de très rares occasions. Sur un point essentiel — les origines du désastre de 1870 —, il lui reconnut des circonstances atténuantes: « L'Empereur, il est vrai, eut le sentiment de ce déséquilibre. Après Sadowa [...], le Souverain et plusieurs de ses conseillers se préoccupèrent sérieusement d'accroître la puissance militaire du pays [...]. Une refonte complète des institutions s'imposait et l'Empereur le comprenait fort bien... »
    A l'occasion de manifestations solennelles, de Gaulle rendit un hommage plus qu'implicite à certaines initiatives internationales de Louis Napoléon.
    Ainsi, le 24 mai 1963, au palais de Chaillot, à l'occasion de la célébration du centenaire de la Croix-Rouge internationale, il évoqua l'émotion suscitée par la triste carence des soins à donner aux soldats blessés en Italie, « notamment celle de l'empereur Napoléon III ».
    Surtout, le 24 juin 1959, commémorant auprès du président italien Gronchi la victoire de Solferino, il salua la décision d'intervention qui« fut d'abord la réponse à de longues obligations ». Et il alla jusqu'à citer l'empereur, dans un domaine où ses références étaient toujours soigneusement et intentionnellement choisies: « Une armée est invincible quand une grande idée la précède et quand un grand peuple la suit. »
    La liste

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