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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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dérivations hostiles qui vont se perdre sans profit pour personne... Nous avons d'immenses territoires incultes à défricher, des routes à ouvrir, des ports à creuser, des rivières à rendre navigables, des canaux à terminer, notre réseau de chemins de fer à compléter. Nous avons, en face de Marseille, un vaste royaume à assimiler à la France [...]. Tous nos grands ports de l'Ouest à rapprocher du continent américain par la rapidité de ces communications qui nous manquent encore. Nous avons partout enfin des ruines à relever, de faux dieux à abattre, des vérités à faire triompher [...].
    « Vous tous qui voulez, comme moi, le bien de notre Patrie, vous êtes mes soldats. »
    Tout est dit. Le moment est venu de prendre le chemin du retour... Angoulême, Rochefort, La Rochelle, Amboise — où aura lieu la rencontre fameuse avec Abd el-Kader —, Tours, toutes ses étapes sont autant d'occasions de vérifier que la France n'a pas changé d'avis.
    Le 16 octobre, Louis Napoléon fait une entrée triomphale à Paris. On l'acclame. Aux cris de « Vive l'Empereur »...
    Tout n'est plus, dès lors, qu'une question de jours.
    Dès le 7 novembre, devant ces manifestations « éclatantes » de la volonté populaire, le Sénat, à l'unanimité moins une voix, vote un sénatus-consulte rétablissant la dignité impériale au profit de Louis Napoléon. Seul Narcisse Vieillard, l'ami de toujours, s'est opposé au texte qui devra être soumis à plébiscite.
    Cette défection n'altérera en rien les relations entre les deux hommes. Louis Napoléon comprend sans doute que la position de son vieil ami ne procède pas seulement de ses convictions républicaines, mais aussi d'une analyse de la situation identique à celle qui l'a fait si longtemps reculer.
    D'ailleurs, cette république qui va finir, Louis Napoléon n'a de cesse d'expliquer lui-même, ou de faire expliquer par d'autres, qu'en quelque sorte... elle continue.
    Troplong a cette formule significative : « La République est virtuellement dans l'Empire à cause du caractère contractuel de l'institution et de la délégation expresse du pouvoir du peuple. »
    Idée sur laquelle Louis Napoléon renchérit devant le Sénat : « Mes appréhensions diminuent par la pensée que, représentant à tant de titres la cause du peuple et la volonté nationale, ce sera la Nation qui, en m'élevant au Trône, se couronnera elle-même. »
    Et comme si cela ne suffisait pas, on ne perd aucune occasion de dire et de démontrer qu'il ne s'agit pas de rétablir une dynastie, mais seulement de prendre acte, une troisième fois, de la volonté populaire de choisir un Bonaparte pour conduire la nation.
    Certes, une ambiguïté demeure, présente dans le texte soumis au plébiscite, celle-là même que n'était pas parvenu à dissiper Louis Napoléon dans ses écrits de jeunesse.
    C'est l'ambiguïté qui naît de la coexistence des principes d'hérédité — expressément reconnue — et de libre choix du peuple souverain. Pour la gérer, pas d'autre solution que deconsentir à consulter régulièrement le peuple et de se déclarer prêt à accepter son verdict.
    Pour l'heure, les 20 et 21 novembre, le peuple consulté répond par une énorme majorité d'approbation à la question qui lui est posée : 7 824 129 voix pour le « oui » contre 253 149, avec 2 062 798 abstentions.
    Le président du Corps législatif, Billault, présente à Louis Napoléon les résultats du plébiscite. La procédure ne doit rien au hasard, Louis Napoléon l'ayant choisie pour souligner que le nouveau régime s'organise bien sur la base du suffrage universel.
    Billault a les paroles qui s'imposent en de telles circonstances, quand on a bien retenu la leçon du discours de Bordeaux:
    « Tout en gardant un fier souvenir des grandes choses de la guerre, la Nation espère surtout en vous les grandes choses de la paix. Vous ayant déjà vu à l'oeuvre, elle attend de vous un Gouvernement résolu, rapide, fécond. Pour vous y aider, elle vous entoure de toutes ses sympathies, elle se livre à vous tout entière : Prenez donc, Sire, prenez des mains de la France cette glorieuse couronne qu'elle vous offre.
    « Jamais, aucun front royal n'en aura porté de plus légitime, ni de plus populaire. »
    Dans sa réponse, Louis Napoléon insiste une fois encore sur le fait que seul le suffrage universel explique et justifie cette couronne: « Mon règne, dit-il, ne date pas de 1815, il date de ce moment même où

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