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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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engagés dans la première expérience guerrière de son règne... Valérie Mazuyer, dans ses Mémoires, raconte, à sa manière, naïve et touchante, les tourments et la résolution de l'Empereur qu'elle croise aux Tuileries :
    « Oh Sire, quel radieux soleil, aujourd'hui, sur notre capitale !
    — Oui, mais en Crimée, les nuits sont longues et glaciales [...], les souffrances de nos troupes, en cette période d'hiver dépassent ce qu'on peut imaginer. Je ne puis me résoudre à demeurer ici sans les aller rejoindre, quoi qu'on me dise pour m'en dissuader. »
    Bientôt, il se murmure que les cigares et les uniformes de campagne de l'empereur ont déjà été expédiés à Constantinople et que Louis Napoléon est sur le départ. C'est l'affolement général!
    On se rassure en se disant que, dans l'immédiat, l'impératrice assurerait la régence et que le roi Jérôme présiderait le Conseil du Trône. Mais s'il devait arriver malheur au souverain? La silhouette du prince Napoléon Jérôme, qui se profile alors, ne suscite qu'un enthousiasme limité. Il faudra que Persigny et Morny,oubliant leur inimitié, se liguent pour dissuader Louis Napoléon de partir. Avec un argument massue: tout le monde vend à la Bourse; y compris l'oncle Jérôme.
    Cet épisode permet de comprendre, rétrospectivement, que, dès la fin de 1852, nombreux sont ceux qui se préoccupent de marier Louis Napoléon. On conçoit aussi que Napoléon Jérôme, directement intéressé, soit le moins empressé de tous... Et qu'il trouve une alliée de fait dans sa soeur Mathilde, que bien des motifs personnels empêchent de considérer avec faveur une telle issue.
    Mathilde et Napoléon Jérôme sont tous les deux les enfants de l'excentrique roi Jérôme, ex-souverain de Westphalie.
    Frère cadet de Napoléon I er , Jérôme a soixante-huit ans au moment du rétablissement de l'Empire. Libertin, homme à femmes, amateur de restaurants et de théâtre, de longues années de privation ont suscité chez lui la volonté de mener grand train et une inextinguible cupidité. Viel-Castel le note : « Le vieux drôle royal ne marche et n'agit qu'à coup d'argent. »
    Jérôme n'a jamais vraiment cru en Louis Napoléon. Il se serait accommodé de la monarchie de Juillet... ou de la république : Louis-Philippe l'a autorisé à revenir en France et le gouvernement de Cavaignac l'a réintégré dans son grade de général de division... Pourtant, après avoir hésité, il a eu la bonne idée de se ranger, lors du coup d'État, aux côtés de son neveu. Nommé gouverneur des Invalides et maréchal de France, avec le Palais-Royal en partage, il obtiendra de surcroît la présidence du Sénat, en janvier 1852, poste qu'il abandonnera rapidement, pour marquer sa solidarité avec son fils qu'il estime mal traité. Ses funérailles, en 1860, donneront lieu à l'une des grandes cérémonies du règne.
    Si son personnage n'a plus alors qu'un intérêt anecdotique, ses deux enfants, Napoléon Jérôme et Mathilde, sont en mesure de jouer un rôle fort important.
    Mathilde en a sans doute les capacités, mais n'est guère servie par les circonstances. Quant à son frère, malgré un contexte des plus favorables, il ne parviendra jamais à saisir sa chance.
    Étrange personnalité, en vérité, que celle de ce Jérôme Napoléon, alias Napoléon Jérôme, dit « Plon-Plon » : il a des qualités et même de véritables dons. Mais tout se passe comme s'il s'ingéniait à les gâcher, consciencieusement et systématiquement.
    Il a trente ans en 1852. Louis Napoléon, dont il a partagé quelques fredaines, pourrait tout naturellement se tourner vers lui, et obtenir un soutien peut-être décisif dans la mise en oeuvre de sa politique.
    Car, sur le fond, ils ne sont guère éloignés, même si Napoléon Jérôme pousse jusqu'à l'excès certaines des convictions de son cousin. Démocrate, mais napoléonien, anticlérical, il rêve d'un État qui parviendrait à concilier les libertés et l'autorité. Il est un adepte fervent de la cause des nationalités.
    C'est dire que, même si, par bravade, il s'est décidé à désapprouver le coup d'État, il serait susceptible, en prenant la tête d'une aile gauche du bonapartisme, d'aider Louis Napoléon à rééquilibrer le camp de ceux qui le soutiennent, en élargissant sa marge de manoeuvre. Ancien député de gauche à la Constituante, puis à l'Assemblée législative, il pourrait travailler à rallier certains de ses anciens

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