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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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et d’Orléans conduisent le deuil.
    Mais Monseigneur le dauphin a préféré chasser le loup dans la forêt de Saint-Germain.
    Il ne le lui reproche pas.
    La vie doit, après le passage de la mort, reprendre au plus vite tous ses droits.
     
    Mais en cette année 1701, la mort s’obstine.
    Il doit aller veiller au château de Saint-Germain Jacques II qui agonise, qui lui demande de reconnaître son fils Jacques III, roi d’Angleterre.
    S’il le fait, c’est un prétexte de plus donné à Guillaume III et au Parlement anglais de déclarer la guerre, alors que quelques jours auparavant, à La Haye, la grande alliance contre le royaume de France préparée depuis des mois a été conclue.
    Il réunit, à Versailles, dans le grand cabinet, le Conseil. Il écoute les ministres, qui estiment qu’il ne faut pas reconnaître Jacques III.
    Mais ils n’ont pas entendu la voix de Jacques II mourant supplier qu’on fasse de son fils son successeur.
    Ils n’ont pas reçu la veuve du roi qui, en sanglotant, a rappelé le souhait de son époux.
    Ils n’ont pas écouté les prières de Mme de Maintenon en faveur de Jacques III, souverain catholique, que le Roi Très-Chrétien doit reconnaître, et Dieu se souviendra de ce qui est un acte de piété.
    Louis dit, alors que les ministres debout s’apprêtent à sortir du grand cabinet, que Guillaume III est le roi de fait, avec qui l’on doit négocier, mais tout montre qu’il s’y refuse, qu’il préfère la guerre, que les Impériaux ont déjà commencé en Italie, dans le Milanais, où le maréchal de Catinat a été battu. Et il faudra savoir pourquoi.
    Il se tait un long moment, puis il ajoute :
    — Mais Jacques III est le roi selon le droit et notre cœur, et nous devons le proclamer tel.
    Il regarde les ministres baisser la tête et quitter le grand cabinet.
    Michel Chamillart se retourne, s’apprête sans doute à parler, mais Louis le toise, et le contrôleur général des Finances et secrétaire d’État sort à son tour.
    Louis l’a écrit à Philippe V, en conclusion des Instructions qu’il lui a données : « Ne vous laissez pas gouverner ; soyez le maître ; consultez votre Conseil, mais décidez. »
     
    Et il a décidé. Et la guerre, inévitable, est là.
    Mais son petit-fils, le duc d’Anjou, est roi d’Espagne, pour la plus grande gloire de la dynastie des Bourbons, en faveur de qui Dieu a choisi.
    Et il vient de bénir le mariage de Philippe V avec Marie-Louise Gabrielle de Savoie, la sœur de Marie-Adélaïde, aussi belle et aussi vive qu’elle, dit-on.
     
    Louis se promène en carrosse dans le parc de Versailles, malgré le froid de ce mois de décembre 1701.
    Il a fait asseoir en face de lui Marie-Adélaïde, duchesse de Bourgogne, et Madame, la Palatine, la veuve de Monsieur.
    Il regarde la duchesse, et c’est la vie triomphante qu’il voit, celle qu’il a vécue, qu’il voudrait vivre encore. Et il imagine le bonheur de ses petits-fils, le duc de Bourgogne et le duc d’Anjou, roi d’Espagne.
    Puis il dévisage à la dérobée Madame, et c’est l’autre versant de la vie, celui sur lequel il se trouve, qu’il découvre.
    Il voudrait l’oublier.
    Mais à chaque cahot du carrosse, il ressent dans les jambes et le dos, jusqu’aux épaules, une vive douleur. Il a soixante-trois ans.
    Alors il se souvient de la première phrase du testament de son frère : « La mort attaque également tous sans qu’ils y pensent. »
    Et il prie.
     

26.
     
     
    Il est assis dans le grand cabinet et il aperçoit au loin, sous le soleil d’hiver, cette lumière d’argent terni, les toits de la ville neuve de Versailles.
    Il écoute Michel Chamillart qui, debout devant lui, évoque une nouvelle fois comment, à Crémone, quelques soldats impériaux se sont glissés dans la ville, ont capturé le maréchal de Villeroi, se sont retirés avec lui cependant que les régiments français repoussaient victorieusement l’attaque ennemie.
    — Mais le maréchal de Villeroi est toujours leur prisonnier, conclut d’une voix étouffée Chamillart.
    Louis a froid.
    Il se tourne vers la cheminée. D’un tronc brisé jaillissent des flammes vives, et les braises sont comme des morceaux de métal fondu, qui passe du rouge à l’or.
    Il invite d’un mouvement de la tête le contrôleur général des Finances, ministre de la Guerre, à poursuivre. Mais il sait que Chamillart tentera de lui dissimuler ce qui peut déplaire, la rumeur de

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