Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
Vom Netzwerk:
provoquées par des chutes sur la
plaine, celles-ci étaient profondes et exposaient la chair, les muscles, les
tendons, les os et les entrailles. Cilla se rappela le temps où ce spectacle
lui aurait retourné l'estomac. Ce temps était révolu depuis longtemps.
    Elle appliqua cataplasmes et bandages sur les plaies,
économisant ses pouvoirs pour les cas les plus graves, allant et venant d'une
allure régulière, automatique, ignorant la fatigue grandissante qui lui sapait
l'esprit. Les quatre soldats qui avaient rapporté la toile étaient restés pour
l'aider, faisant bouillir des herbes pour préparer des onguents, lui donnant
des pansements et changeant les couvertures au fur et à mesure que des blessés
partaient et que d'autres les remplaçaient, offrant à boire à ceux qui le
pouvaient.
    Elle avait à peine achevé de fixer un cataplasme à la plaie
béante sur la cuisse d'un soldat lorsqu'un autre blessé lui fut amené. Tous les
regards se portèrent immédiatement sur lui et Cilla leva la tête. C'était
Crazzi, commandant de la légion des Aigles d'Or. La douleur distordait ses
traits, bien qu'il se refusât à crier lorsque deux des assistants de Cilla lui
écartèrent les bras pour qu'elle pût examiner la blessure de son ventre. Ce ne
fut qu'au moment où elle baissa ses hauts-de-chausse afin de découvrir
entièrement la plaie qu'il poussa un cri de douleur.
    La lame avait traversé son ventre de haut en bas, à partir
du nombril, le long de son aine et de sa cuisse. Du sang jaillit de la plaie,
tachant le visage de Cilla, et son odeur âcre la secoua de son brouillard de
fatigue. Elle savait qu'il n'avait plus que quelques minutes à vivre, à moins
que la magie ne vienne à leur secours.
    Sans écouter ses gémissements, elle demanda à ses assistants
de le tenir, puis plongea la main au milieu de la plaie, suivant le filet de
sang jusqu'à trouver l'artère par laquelle sa vie s'échappait. Elle la serra
fermement et pria Elanor en silence, espérant avoir encore l'énergie de servir
d'instrument au pouvoir de guérison de la déesse.
    Ses doigts devinrent chauds, puis brûlants. La brûlure fut
plus intense que ce qu elle avait jamais ressenti et ses cris se joignirent bientôt
à ceux de Crazzi. Lorsqu'elle rouvrit enfin les yeux, elle avait cautérisé et
refermé l'artère.
    Mais elle avait payé le prix fort.
    Sa peau noire était à présent d'une couleur gris cendre. La douleur
qu'elle avait réprimée l'envahit soudain avec violence et elle plongea la main
dans un bassin d'eau froide. Hélas, la sensation de brûlure ne cessa pas et,
quand elle retira sa main, elle en vit pendre des lambeaux de peau grise.
    Elle sentit aussitôt la présence de Tess et de Sara et leur
sentiment d'horreur alors qu'elles partageaient la terrible douleur qui la déchirait.
Elles puisèrent dans les forces qui lui restaient mais Cilla sut que cela ne
suffirait pas, ne suffirait jamais pour réparer les nerfs de sa main brûlée.
    En effet. Quand une peau neuve se mit à pousser sur la chair
rouge et à vif, ce ne fut pas la peau saine et douce dont elle était si fière.
Sa main se fit noueuse et brillante, et l'emplit d'une telle révulsion qu'elle
vomit sur le sol. Malgré tout, la douleur ne cessait pas, s'amplifiant à chaque
tentative de Cilla de bouger la main.
    —   Vous devez prendre du repos, Ilduin, dit le plus âgé de
ses assistants. Nous avons vu comment vous soigniez les blessures de nos
camarades. Nous pouvons le faire.
    —   Je me reposerai quand la bataille sera terminée, dit
Cilla en cherchant à se relever et ne comprenant qu'alors qu'elle était tombée.
    —   Aidez-moi à me lever.
    —   Non, Ilduin, dit le soldat en posant la main sur son
épaule. Vous avez fait ce que vous avez pu et plus encore. Laissez-nous nous
occuper des nôtres et de vous.
    —   Il y a d'autres blessés...
    —   Oui-da. Et il y en aura davantage. Et plus encore demain
et le jour d'après. Nous aurons besoin de vos pouvoirs mais pour l'heure,
tenez-vous tranquille et dormez, Dame Cilla. Nous avons envoyé un messager au
campement des Loups des Neiges afin d'aller chercher votre cousin.
    —   Non ! s'écria-t-elle.
    Elle savait comment Ratha réagirait en voyant ce qui restait
de sa pauvre main. Il avait vu souffrir tant d'êtres chers. Elle ne voulait pas
qu'il fût victime de la rage qui s'était emparée de Giri.
    —   Il ne faut pas qu'il me voit ainsi.
    —   Faites-la taire, dit

Weitere Kostenlose Bücher