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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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douloureux, dit doucement Tess.
    —   Oui-da, dit Sara, les larmes aux yeux. Pourquoi doit-il
en être ainsi ? Ne pouvons-nous pas connaître la joie ? Pourquoi a-t-elle
quitté ce monde ?
    —   Peut-être le monde n'a-t-il jamais été joyeux, dit
Cilla. Peut-être devons-nous la ramener par un acte de volonté.
    Tess secoua la tête. La colère montait en elle, devant la
manière dont la mort la pourchassait depuis des mois. Cette colère semblait naître
du chagrin qu'elle percevait dans les pierres qui l'entouraient. Elle avait été
placée sur ce chemin par des forces qu'elle ne comprenait pas, poussée en avant
et fortifiée par la mort de sa propre mère, projetée dans un jeu dont les
règles et les objectifs étaient inconnus et impossibles à connaître et où le
sang versé, la tristesse et l'horreur constituaient les seules certitudes. Sans
oublier la mort, la mort, toujours la mort.
    Ses mâchoires lui faisaient mal à force de les serrer afin
de lutter contre la rage qui la submergeait. Elle ne put se contenir davantage
et posa la main sur la statue d'Elanor, en un geste non pas de prière mais
d'accusation.
    —   Quel dieu misérable, demanda Tess froidement, créerait
un monde empli de souffrances et de malheur et ferait reposer sur ses frêles
enfants la lourde tâche de susciter joie et espoir ?
    —   Aucun, mon enfant.
    La voix la traversa tel un souffle de vent glacé et,
l'espace d'un instant, Tess faillit retirer sa main. Puis, prête à tenir tête,
elle posa l'autre main sur la statue.
    —   Alors, interviens, dit-elle avec une détermination qui
la surprit elle-même. Nous vivons des heures fatidiques et nos cœurs sont trop
agités pour supporter davantage d'énigmes. Nous sommes lasses de tes jeux.
Montre-toi !
    Avec un craquement sinistre, le temple fut soudain baigné
d'une lumière si intense que Tess dut détourner les yeux. La présence d'Elanor
emplit la pièce, faisant dresser les cheveux sur la nuque de la jeune femme et
battre son cœur plus vite.
     —  Tu as brandi l'épée de la Filandière mais n'ose pas me défier !
    —   J'ose et te défierai ! cria Tess. Regarde ma sœur en
larmes ; alors qu'elle devrait se trouver dans les bras de l'homme qu'elle
aime, elle est venue ici afin d'en apprendre davantage pour la suite de nos
épreuves ! Regarde mon autre sœur, le cœur empli d'amour et de peine pour un
homme qui ne peut pas aimer à cause du fléau de la guerre. Regarde-nous et
dis-nous que nous n'avons pas souffert et pleuré sur ce chemin que tu as choisi
pour nous ! Regarde-nous et dis-nous que nous ne méritons pas le plus petit
répit !
    —   Méritantes ? cria Elanor à son tour. Si vous l'étiez,
auriez-vous réduit le monde en pièces autrefois ? Créé une race trop faible
pour se défendre et protéger ses enfants de l'esclavage ? Auriez-vous capitulé
pour vous mettre au service du Chaos ? Tu oses me parler de mérite ? «J'ose et
te défierai », dis-tu ? Eh bien, ose me défier !
    —   Tess, dit Sara précipitamment en prenant la main de sa
sœur. Ne la tente pas.
    —   Non ! s'exclama Tess en la repoussant. Je le dois ! Nous
avons vu nos frères et nos sœurs mourir pendant trop longtemps, nos espoirs
réduits à néant. Trop longtemps nous avons reculé devant les dieux, pour les
voir nous abandonner à la colère des nôtres. Cela ne peut continuer ! Non, je
le refuse ! Je te l'ordonne, montre-toi !
    —   Tu me l'ordonnes ?
    —   Oui, hurla Tess afin de couvrir les grondements qui
s'élevaient dans le temple. Je te l'ordonne !
     En un instant, l'air se raréfia. La lumière tournoya et se
concentra, tout en devenant plus intense à chaque seconde qui passait. Puis
elle prit l'apparence d'un loup des neiges étincelant.
    —   C'est impossible, dit Sara, atterrée.
    —   Et pourtant, si, répliqua le loup. Ses yeux couleur
ambre brillaient de colère. Ose me parler d'ordres à présent, Dame Filandière.
Ose me dire que je ne t'ai pas accompagnée, que je n'ai pas vu ce que tu as vu,
souffert ce que tu as souffert et bien plus, bien plus que tu ne le sauras
jamais ? Dis-moi que mes sœurs et moi ne vous avons pas secouru durant vos
heures de détresse, depuis votre première bataille contre les sbires de
Glassidor, au cours des combats dans ces montagnes, jusqu'à vos prières ce
matin. Dis-moi que vous avez dû faire face à toutes ces épreuves seules.
Dis-moi que je ne vous ai point guidées jusqu'à ce jour. Et ce

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