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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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s'exprima enfin.
    —   Nous avons déjà décidé que tes hommes établiraient un nouveau
campement, près des Anari.
    —   Oui-da. J'examinerai les lieux possibles cet après-midi
et dessinerai des plans.
    —   Non. Ou plutôt, utilise cette occasion afin de mettre à
l'épreuve et de choisir tes futurs officiers. Contente-toi pour cela de réunir
les hommes et de leur donner des instructions. Les chefs apparaîtront
d'eux-mêmes.
    —   Très bien, dit Tuzza, en souriant peu à peu. Je verrai
qui parle, qui agit et qui est capable de donner des ordres, qui dira «
suivez-moi » et qui les hommes suivront.
    —   Et repère ceux qui demanderont l'aide des Anari. En ces
heures fatidiques, nous avons besoin de compter les uns sur les autres.
    Tuzza soupira.
    —   Cela risque d'être un problème pour certains. J'ai
besoin de meneurs, Maître Archer, et non d'hommes qui ne seront que les marionnettes
des Anari.
    —   Certes. Et tu ne dois pas en exiger moins. Mais il ne
suffit pas d'être un meneur pour s'enquérir où trouver de l'eau ou du bois et
des pierres pour une construction. Certains Anari ne vous font toujours pas
confiance et risquent de vous induire volontairement en erreur. Tu dois
disposer d'hommes capables de discernement et susceptibles de demander de
l'aide sans offenser les Anari les plus réticents.
    Tuzza saisissait la vérité des propos d'Archer.
    —   La campagne à venir ne ressemblera en rien à celles que
les Bozandari ont menées jusqu'ici. Nous n'avons jamais combattu aux côtés d'un
allié. Nous n'en avons jamais eu besoin.
    —   Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Cette guerre requiert
des chefs capables d'agir de concert avec leurs frères anari.
    Tuzza soupira de nouveau. Le commandement revenait depuis
longtemps aux Bozandari de lignée noble ou bénéficiant de protections. Il était
lui-même un petit aristocrate et avait profité du système qu'il se voyait
maintenant forcé de réformer.
    —   Certains de mes hommes résisteront et se refuseront à
tout changement qui ne reconnaisse pas leur lignée. Ils risquent de nourrir des
rancœurs encore plus fortes envers ceux dont le rang ne sera pas contesté.
    —   Comme le tien ? demanda Archer.
    —   Précisément. Donner des instructions à mes hommes et les
juger ensuite ne me satisfait pas. Je dois être mis à l'épreuve moi aussi.
    —   Eh bien, fais-le. Je ne doute pas que tu réussisses. Tu
retrouveras peut-être ainsi ta confiance en toi.
    Tuzza secoua la tête.
    —   Nul test ne pourra effacer le fardeau que je porte,
Maître Archer. Mais il n'y pas d'autre moyen de faire mes preuves auprès d'eux.
Et je le dois.
     
    Lorsque Archer quitta la tente de Tuzza, les problèmes de la
guerre à venir pesaient lourdement sur son cœur. Elle serait plus terrible
encore que les épreuves qu'ils avaient traversées jusque-là. Non seulement
Tuzza devait trouver des officiers prêts à travailler avec les Anari mais
Archer devait convaincre ces derniers de faire de même avec les Bozandari.
Cette tâche promettait d'être difficile, d'autant plus que l'un de ses
principaux lieutenants — son compagnon de longue date, Ratha Monabi — était
toujours rongé par la colère et le chagrin après la mort de son frère Giri. Pis
encore, Ratha avait vu Giri mourir sous ses yeux, des mains de Tuzza.
    Archer se dirigeait du reste vers la maison de Ratha,
retournant cent fois dans son esprit la question de savoir comment aborder le
sujet d'une collaboration entre les hommes de Tuzza et ceux de Ratha. Celui-ci
avait dû entendre parler des événements provoqués par Tess ce matin, lors de sa
visite au campement bozandari. La ville tout entière ne parlait que de cela et
les réactions n'étaient pas toutes positives. Trop d'Anari avaient vu les leurs
réduits à l'esclavage ou tués par les Bozandari pour pardonner si aisément.
    Le ralliement de Ratha permettrait d'en décider beaucoup,
Archer le savait. Il ne pouvait compter sur une visite surprise de Tess à
l'aube afin de persuader Ratha, comme elle l'avait fait pour les Bozandari. Il
devait le faire lui-même, d'homme à homme, d'ami à ami.
     
    7.
     
     — Vous ne pouvez exiger de moi pareille chose ! tonna
Ratha, perdant dans sa colère sa déférence habituelle vis-à-vis d'Archer. Il a
tué mon frère !
    Archer l'écouta en silence, sans réagir. Ratha s'était
retiré à l'écart du monde pour le telzehten — la période de deuil
rituelle des

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