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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Tugix.
    Chagak choisit une autre plume et la planta dans le sac en cuir suspendu à son cou.
    — Je vais garder les peaux pour en faire un suk, dit-elle. Quelque chose pour un bébé.
    Puis elle s'interrompit, craignant de révéler son espoir d'être mère.
    Mais Shuganan répondit :
    — Oui. Bientôt nous irons dans une île que je connais. C'est là que se trouve le peuple de ma femme, les Chasseurs de Baleines. Nous y trouverons peut-être un mari pour toi.
    Chagak ouvrit la bouche pour parler, mais pendant un moment elle ne trouva rien à dire. Finalement elle avoua :
    — Ma mère venait de chez les Chasseurs de
    Baleines. J'essayais d'y conduire Pup quand nous avons abordé dans ton île. Mon grand-père est Nombreuses Baleines.
    — Nombreuses Baleines, répéta Shuganan avec un lent sourire. N'est-il pas leur chef?
    — Oui. Ma mère me l'a dit.
    — Tu n'auras aucun mal à trouver un mari.
    — C'est un homme qui n'apprécie pas les filles, il préfère les garçons, et quand je lui aurai dit ce qui est arrivé à sa fille et à ses petits-fils...
    Tous les petits-fils de son grand-père, sauf un, étaient morts encore enfants. Il aurait dû emmener le frère aîné de Chagak au cours de l'année suivante pour lui apprendre à chasser la baleine. Mais que dirait-il quand elle lui apprendrait que tous ses petits-fils étaient morts et que seule Chagak avait survécu?
    — Mon grand-père ne voudra pas de moi, dit-elle. Il veut des fils.
    — S'il ne te trouve pas un mari, répondit Shuganan, je le ferai.
    A ces mots, Chagak frissonna et une image soudaine de Traqueur de Phoques lui vint à l'esprit. Son cœur se serra, mais elle leva la tête et se força à sourire :
    — Oui, j'aurai besoin d'un mari, concéda-t-elle, quelqu'un qui me donnera un enfant. Mais ce ne doit pas nécessairement être un jeune homme.
    Et avec une audace qui devait lui venir de la plume de canard suspendue à son amulette, elle ajouta :
    — Je veux bien être ta femme.
    Mais Shuganan eut un bon sourire pour répondre.
    — Non. Je suis trop vieux. Mais nous te trouverons quelqu'un. Un homme brave. Je serai le grand-père et il sera ton mari.
    10
    C'était la deuxième fois au cours de cet été que Shuganan voyait une embarcation près de son île. A nouveau il pensa : « Ils m'ont retrouvé, après toutes ces années. »
    La dernière fois il n'avait éprouvé qu'une sombre acceptation, puis, quand il avait découvert que l'ik n'était occupé que par une femme, il avait été soulagé. Ce jour-là, ayant compris à sa forme et à sa vitesse que ce n'était pas un ik mais un ikyak, il se sentit rempli de colère. Pourquoi venaient-ils maintenant? Il était un vieil homme. Ne pouvait-on le laisser en paix ?
    Il se cacha derrière un rocher, espérant que l'homme passerait devant la plage sans s'arrêter. Mais l'ikyak opéra une longue courbe et en le voyant approcher Shuganan en eut le souffle coupé et son cœur se serra de frayeur. Les marques jaunes et noires sur l'embarcation étaient les mêmes et il reconnaissait la coque étroite, l'avant dressé. Oui. L'ikyak était un des leurs.
    Shuganan se tint immobile et regarda l'homme tirer l'esquif à terre.
    Celui-ci ne montra pas qu'il avait vu Shuganan, mais quand son embarcation fut solidement amarrée à l'abri des vagues, il se retourna et marcha en direction de Shuganan. Lorsqu'il arriva à quelques pas de lui, il déclara en tendant les bras en avant, paumes des mains ouvertes :
    — Je suis un ami. Je n'ai pas d'armes.
    Il s'exprimait dans la langue d'un peuple appelé les Petits Hommes et Shuganan, qui connaissait cette langue depuis son enfance, répondit avec hardiesse :
    — Fais-moi voir tes poignets, alors seulement je croirai que tu ne caches pas un couteau.
    Mais l'homme dont le visage s'élargit encore dans un sourire ne fit aucun geste pour s'exécuter. Il était jeune et beaucoup plus petit que Shuganan, mais celui-ci remarqua ses bras musclés et sut qu'il était capable de tuer s'il le désirait.
    Le chigadax qu'il portait était usé, mais c'était l'œuvre patiente d'une femme. Ses bottes en boyaux de phoque étaient en piètre état. N'avait-il aucun bon sens pour les porter sur une plage de galets?
    — Que veux-tu? demanda Shuganan. Pourquoi es-tu venu?
    — Je te l'ai dit. Je suis un ami, répliqua l'homme en riant. Ne souhaites-tu pas la bienvenue à un ami ?
    Shuganan regarda nerveusement derrière son épaule. Où était Chagak ? Ce

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