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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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le prix, dit Shuganan dans un murmure et Chagak le sentit trembler. Mais si elle ne veut pas être ta femme, je ne la forcerai pas.
    Homme-Qui-Tue bondit en avant et posa les mains sur le torse du vieil homme. Tout en regardant Chagak, il se mit à peser sur la poitrine blessée. Shuganan ne cria pas, mais Chagak sentit la soudaine difficulté de respiration.
    — Je serai ta femme, dit-elle en regardant Homme-Qui-Tue avec toute la haine qu'elle ressentait.
    — Non ! s'écria Shuganan.
    — Je dois être sa femme, dit Chagak, autrement il pourrait te tuer et alors qui l'arrêtera ? Je n'ai même pas un couteau.
    Homme-Qui-Tue se mit à rire.
    — Tu as peut-être besoin d'un couteau, vieil homme, dit-il, ainsi tu pourras me tuer!
    Il sortit son long couteau de chasse de son fourreau fixé à sa taille et il le planta dans le sol.
    — Il est à toi pour la nuit. Tue-moi !
    Et, saisissant Chagak par le bras, il la sépara de Shuganan avec brutalité et la poussa vers sa couche.
    Terrorisée, Chagak avait le souffle coupé et le cœur battant comme des vagues sur les rochers. Mais soudain elle crut entendre la voix de sa mère et se souvint de mots qu'elle avait entendus un jour :
    — Ce n'est pas une chose terrible de devenir une épouse. Il y a une douleur la première fois et on saigne un peu, très peu, pas de quoi verser des larmes.
    Puis Chagak entendit le murmure de quelque esprit, peut-être celui d'une des loutres qu'Homme-Qui-Tue avait massacrées :
    « Ne lui laisse pas voir que tu as peur. Il ne faut pas qu'il le sache. »
    Aussi quand Homme-Qui-Tue la suivit, Chagak resta debout et raidit les muscles de ses cuisses pour les empêcher de trembler.
    — Assieds-toi, lui dit-il.
    Se tenant aussi près que possible du rideau masquant la porte, Chagak s'assit en tailleur.
    — Enlève ton suk.
    Sauf le jour où elle l'avait réparé, Chagak n'avait pas retiré son suk en présence d'Homme-Qui-Tue. Mais maintenant, en tant qu'épouse, elle obéit aux instructions de son mari et retira son suk, s'efforçant de s'en entourer tandis qu'Homme-Qui-Tue s'approchait et commençait à faire courir ses mains sur ses bras.
    Il rejeta son suk et le lança sur le sol, mais il était à portée de la couche et Chagak sentit un espoir naître en elle. Si elle pouvait atteindre son suk, elle pourrait récupérer le couteau qui était caché dans la doublure, mais alors, comme si Homme-Qui-Tue pouvait lire ses pensées, il ramassa le vêtement et le fit passer d'une main à l'autre.
    — Il est bien lourd, dit-il en l'étendant par terre.
    Il fit courir sa main, toucha le paquet que Chagak avait cousu dans l'ourlet et en sortit le couteau qu'il tint au-dessus du visage de la jeune femme.
    — Tu as cousu un couteau dans ton suk, dit-il.
    — C'est la coutume de mon peuple, répliqua Chagak d'une toute petite voix.
    — Qu'y a-t-il d'autre là-dedans? demanda-t-il en continuant à examiner le paquet.
    — Des aiguilles, un poinçon, du fil, des choses qui servent aux femmes.
    — Et un couteau ?
    — C'est un couteau de femme.
    Homme-Qui-Tue se mit à rire :
    — Seulement un couteau de femme, il ne peut faire de mal à personne.
    Il prit un de ses seins dans sa main et pressa la lame contre la peau délicate, traçant une ligne rose qui se mit à saigner.
    — Certains hommes marquent leurs femmes, dit-il en dessinant une seconde ligne sanglante sur l'autre sein, avant de porter le couteau à la gorge de Chagak.
    Il sourit.
    — Mais pas mon peuple, conclut-il en jetant le couteau au fond de la pièce. Lève-toi.
    Elle obéit. Homme-Qui-Tue retira son parka, sortit un couteau de l'étui fixé à son poignet et coupa le lien qui retenait le tablier de Chagak. Il eut un rire de gorge en tendant la main pour la passer entre ses jambes en insistant avec ses doigts durs, puis il porta les doigts à son nez.
    — Tu es salée, dit-il, comme la mer.
    Il la renversa alors sur la couche et lui écarta brutalement les jambes en continuant à la tâter et à la renifler, et Chagak sentit la haine grandir en elle. Elle n'avait pas l'impression d'être une épouse mais une esclave.
    Des larmes lui montèrent aux yeux, puis une voix parut murmurer :
    — Viens avec moi, viens avec moi.
    Et soudain Chagak fut loin d'Homme-Qui-Tue, elle marchait en haut d'une falaise, dans la joie d'un nouvel été, l'air chaud qui soufflait de la mer et, à sa surprise, Traqueur de Phoques était
    à côté d'elle, tenant sa main. Ils

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