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Ma mère la terre - Mon père le ciel

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Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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pour terminer rapidement cette besogne macabre mais il avait dit à Chagak de ne pas s'inquiéter s'il ne terminait pas avant la nuit.
    Elle lui avait demandé si elle pouvait l'aider et il y avait une sorte de défi dans son regard. Mais Shuganan ne connaissait pas de femmes qui aient jamais participé à cette cérémonie. C'était bien assez que lui, qui n'était pas un shaman, fût obligé de le faire. Quelle malédiction une femme ne risquait-elle pas d'apporter en y participant? Il vaudrait encore mieux ne rien faire du tout.
    Shuganan plongea son couteau dans le corps d'Homme-Qui-Tue entre l'épaule et le bras. Il voulait suivre la tradition du peuple de sa femme en coupant le corps à chaque jointure, épaule, poignet, hanche, cheville. Et enfin la tête.
    Alors, l'esprit d'Homme-Qui-Tue n'aurait plus aucun pouvoir. Alors, Chagak et Shuganan seraient en sécurité.
    Deuxième partie PRINTEMPS 7055 AVANT J.-C.
    23
    Kayugh tourna l'aiguille en os dans sa main. Il travaillait depuis longtemps. Il avait taillé une longue esquille dans un os de cormoran, en avait aiguisé la pointe, puis il avait lissé la surface avec une pierre ponce afin de la rendre facile à utiliser. Une petite saillie à une extrémité permettrait à sa femme, Blanche Rivière, de nouer un fil autour de l'aiguille sans qu'il s'échappe.
    Quand il eut terminé, il resta un moment assis, dans l'attente de Nez Crochu qui devait venir le prévenir dès que l'enfant serait né. Du reste, il devrait déjà l'être. Mais peut-être était-ce une fille et elle craignait de le lui annoncer.
    Oui, il serait bon d'avoir un fils, pensa-t-il. Quel homme ne désirait pas un fils ? Mais il avait vu sa propre mère mourir en couches et depuis toutes les délivrances heureuses avaient été un soulagement pour lui.
    Kayugh avait bien accueilli la naissance de sa fille, Baie Rouge, trois étés plus tôt. La plupart des hommes auraient demandé à leur femme de tuer l'enfant, Kayugh avait préféré garder sa fille.
    Il ramassa l'os et découpa une nouvelle esquille pour faire une autre aiguille en discutant avec l'esprit de Blanche Rivière. Certainement son esprit ne lui permettrait pas de quitter la terre, sachant que des cadeaux l'attendaient, mais le ciel gris, la lourdeur de l'air chargé de pluie semblaient refléter le sombre pressentiment qui l'assaillait. Ce n'était pas un bon mois. Il aurait mieux valu que le travail de Blanche Rivière n'ait pas commencé avant la pleine lune, avant qu'un mois ne se fût écoulé depuis la mort de Jambe Rouge.
    Jambe Rouge avait été la première femme de Kayugh. C'était une bonne épouse, plus très jeune. Elle était veuve et sans enfant, personne ne la désirait et elle était sur le point de se rendre dans la montagne, pour s'offrir aux esprits de l'hiver. Pourquoi aurait-elle eu droit à une partie de la nourriture quand elle n'avait pas de mari pour y pourvoir, pas d'enfant à élever? D'autres au village méritaient davantage d'être secourus.
    Mais Kayugh avait vu en Jambe Rouge une femme forte qui connaissait les plantes pour guérir, habile à coudre. Qui pouvait nier que c'était le chigadax de Jambe Rouge qui avait sauvé la vie de son frère quand son ikyak avait chaviré et qu'il n'arrivait pas à le redresser? Quel autre chigadax aurait pu résister aussi longtemps dans l'eau, les coutures si serrées que l'eau n'avait pu y pénétrer, et avait ainsi gardé le parka au sec de sorte que lorsque l'ikyak avait été retourné l'homme n'était ni gelé ni mouillé?
    En constatant les qualités de cette femme, Kayugh lui avait demandé d'être son épouse et avait quitté ses parents alors qu'il était encore bien jeune pour construire son propre ulaq.
    Jambe Rouge avait été une bonne épouse. Elle venait dans son lit chaque fois qu'il le désirait, sa réserve était toujours remplie de poisson séché et de racines, le parka et les bottes de son mari étaient toujours tenus en bon état. Mais quand au bout de deux ans, elle ne lui avait donné
    aucun enfant, Jambe Rouge était venue le trouver et lui avait demandé de prendre une seconde épouse. Elle avait besoin d'aide pour tenir l'ulaq, prétendit-elle. Alors Kayugh avait trouvé Blanche Rivière.
    Celle-ci appartenait à une famille d'un autre village. C'était une jolie personne et, à la différence de la plupart des femmes, elle était grande. Sa peau était claire et ses yeux plus ronds que ceux des femmes du village de Kayugh.
    Il

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