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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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désigna Kiin et le ton de sa voix changea. Il fit le tour du feu et s'arrêta derrière elle. Kiin demeurait assise, immobile, serrant les poings pour empêcher ses bras de trembler.
    L'homme s'accroupit à côté d'elle et prit sa main dans la sienne. Son visage était tout près et Kiin s'aperçut qu'il était plus âgé qu'elle ne l'avait cru d'abord; la peinture dissimulait ses rides. Elle remarqua aussi que ses cheveux foncés étaient striés de gris ; visiblement, c'était le père des deux autres.
    L'homme remonta la manche du suk de Kiin et montra son poignet marqué d'une cicatrice. Il posa une question à Qakan qui s eclaircit la gorge avant de répondre en phrases brisées et incertaines. L'homme se tourna et cracha par terre, puis posa une autre question. Qakan haussa les épaules.
    L'homme s'éloigna et se dirigea vers un appentis grossier dressé près d'un ik renversé, plus grand et plus large que celui de Qakan et recouvert d'un cuir épais doté de peu de coutures. L'homme revint muni d'un petit paquet qu'il tendit à Kiin.
    — De la graisse d'oie pour tes poignets, expliqua Qakan.
    Le visage de Qakan était rouge et enchifrené. Elle leva les yeux sur le chasseur Morse, le remercia puis étala la pâte sur ses poignets.
    La graisse sentait fort, presque le ranci, mais elle était apaisante. Quand elle eut achevé, Kiin se pencha pour mettre du baume sur ses chevilles, provoquant un nouveau murmure chez les trois hommes. Le plus grand s'adressa à Qakan qui sourit bêtement et bondit sur ses pieds pour hisser Kiin debout.
    — Va à l'ik, ordonna-t-il, ils acceptent de nous conduire à leur village.
    Kiin noua le paquet de graisse et le tendit à l'homme qui secoua la tête en souriant. Il dit quelque chose à Qakan, qui traduisit :
    — Garde-le.
    Et quand la jeune femme tendit à nouveau le paquet à l'homme, Qakan le poussa vers elle, un relent de dégoût dans la voix.
    — Il dit que c'est pour toi. Tu dois le garder.
    Kiin sourit à l'homme puis aux deux autres et
    hocha la tête. Elle se dirigea vers l'ik attendant debout tandis que Qakan aidait à enterrer le feu et à démanteler l'abat-vent.
    Ils sont bons, songea Kiin en observant la scène. Trop bons pour la malédiction que Qakan leur apportait. Elle se demanda ce que Qakan avait fourni comme explication au sujet de ses poignets. En tout cas, ils avaient paru satisfaits et n'étaient plus fâchés contre lui. Le plus jeune donna une tape dans le dos de Qakan et l'homme à la cicatrice parla beaucoup, provoquant le rire des autres.
    Les trois hommes chargèrent leur bateau et le portèrent à l'eau. Qakan les aida à le pousser, puis Kiin et lui tirèrent leur ik dans les vagues.
    — Ils croient que tu es une esclave capturée chez les Chasseurs de Baleines, ricana Qakan.
    Kiin prit sa pagaie.
    — C'est ce que tu leur as raconté ?
    — Comment expliquer autrement tes poignets ?
    — Mais ils m'ont donné un remède.
    — Je t'ai dit que c'étaient des gens bienveillants.
    Qakan se pencha en avant. Ses grosses joues
    réduisaient ses yeux à deux fentes sombres.
    — Crois-tu que je t'aurais vendue à de mauvaises gens? ajouta-t-il.
    Kiin se retourna et s'installa à la proue de l'ik. A quoi bon répondre?
    36
    Au milieu de l'après-midi, les chasseurs Morses firent demi-tour pour offrir de la nourriture à Qakan et Kiin.
    — Prends et régale-toi, dit Qakan à Kiin d'une voix joyeuse démentie par la dureté de son regard. Si tu étais avec les chasseurs Premiers Hommes, nous ne mangerions rien avant la nuit.
    Kiin offrit en retour du poisson qui séchait au bord de l'ik.
    — Tu les insultes avec ta piètre nourriture, lui lança Qakan avec méchanceté, tout en souriant.
    Mais les hommes, hochant la tête et riant, prirent le poisson et le dégustèrent ; Kiin défia alors Qakan en les resservant.
    Après s'être restaurés, les hommes prirent à nouveau la tête du convoi. Ils pagayèrent un temps en silence, puis Qakan remarqua :
    — Il y a un père et deux fils. Ils ont fait un voyage de troc avant l'hiver.
    Kiin n'indiqua pas qu'elle avait entendu.
    — Le fils aîné, celui avec la cicatrice, cherche une épouse. Il a beaucoup de choses à troquer.
    Voyant que Kiin ne répondait pas, Qakan aboya :
    — Ce serait un bon mari pour toi, et il me rendrait riche de fourrures et d'ivoire.
    Alors, Kiin sentit de l'eau glacée lui glisser dans le cou. Elle leva les yeux et vit la pagaie de Qakan au-dessus de sa

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