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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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enfin avec respect.
    — Je suis venue ici, devant votre compagnie représentant toute la ville, pour vous supplier bien humblement de nous aider à lever très vite les dix mille hommes de pied nécessaires. Voilà ce que peut faire, voilà ce que doit faire le bon, le brave peuple de Paris.
    La reine s’interrompit un instant pour essuyer ses larmes avec un mouchoir de dentelle. Elle n’était plus la seule à pleurer.
    — Si par bonheur, messieurs, vous y consentiez en son nom, je vous promets solennellement de me faire, à jamais, l’avocate de votre belle ville et de ses habitants auprès de Sa Majesté le roi, mon époux, comme auprès de mon fils, monseigneur le dauphin. C’est une dette que j’aurais toujours envers vous.
    La reine avait à peine prononcé le dernier mot que la salle explosa en un tonnerre d’applaudissements. On acclama longuement son discours. Oubliées, les tensions, balayée, toute méfiance : dans un enthousiasme sans précédent, l’assemblée générale vota sur-le-champ un octroi spécial de trois cent mille livres !
    Le sourire était revenu sur le visage de Catherine ; elle remercia chaleureusement ces messieurs, salua encore de bonne grâce, sous les vivats et les hourras ; puis elle quitta l’hôtel de ville bien plus grande, bien plus reine, qu’elle n’y était entrée.
    Alors qu’elle redescendait l’escalier, elle échangea un court regard de complicité avec sa belle-soeur. Marguerite y lut un peu de fierté pour le présent, beaucoup d’ambition pour l’avenir.

 
    Paris, hôtel neuf de Montmorency.
    L’incroyable nouvelle de la capture de son père avait abasourdi François de Montmorency. Comme tout le monde, il était stupéfait que, plus de trente ans après Pavie, le grand homme pût retomber ainsi dans les rets de l’ennemi. Mais chez lui, cette mauvaise nouvelle se doublait, forcément, d’un secret dépit : à quelques semaines près, se disait-il, il aurait pu échapper à ce mariage qui – Françoise était convaincue – ferait le malheur de son existence. Car il avait dû, finalement, épouser cette Diane de France, fille naturelle du roi et jeune veuve d’Horace Farnèse.
    Rentré à Paris dans la foulée du désastre, il avait rendu visite, bien ponctuellement, à sa mère, puis à la reine Catherine, ainsi qu’à la duchesse de Valentinois dont l’affliction publique était aussi éclatante, disait-on, que sa jubilation intime : alliée des Guises plus que jamais, elle considérait, en privé, que le désastre de la Saint-Laurent devait être imputé au seul connétable, et que c’était justice que de le voir à présent aux mains de l’ennemi.
    François prit ses quartiers dans l’appartement même de son père. Il avait craint, comme tout le monde, les intentions du roi Philippe ; puis, comprenant que les Espagnols laissaient passer la chance, et qu’ils aimaient mieux renforcer Saint-Quentin que conquérir Paris, il s’était installé, en attendant l’appel du roi, dans le confort paradoxal des trêves et des suspensions d’armes.
    Il reçut bientôt de son prisonnier de père une longue missive où le connétable, tout mortifié, lui donnait maints conseils pour défendre leurs intérêts à la Cour et assurer, en son absence, la gestion des immenses domaines familiaux. Le vieux sanglier concluait de manière étrangement sentimentale, par un long paragraphe où il priait son fils de lui pardonner ses duretés récentes, et l’enjoignait de considérer un tant soit peu sa femme.
    François relut cette fin de lettre plusieurs fois, le coeur lourd. Il se disait qu’il fallait que sa piété filiale fût grande, pour avoir si bien résisté aux excès de vilenie des derniers mois.
    Séparé de sa belle promise – Jeanne de Piennes – qu’on avait jetée au couvent, il avait été contraint d’aller supplier lui-même le pape d’annuler sa promesse solennelle. Évidemment la Curie, travaillée en sous-main par les Guises, n’avait rien facilité ; et le Saint-Père avait sans cesse remis sa décision, invoquant les prétextes les plus insensés. À la fin, le connétable avait exigé de son fils aîné qu’il mentît à sa bien-aimée, et lui fit part officiellement d’une annulation que le pape n’avait toujours pas décidée !
    Enfin, le chef des Montmorency avait usé de toute son influence et convaincu le roi Henri de rendre l’édit le plus aberrant de son règne. Défense y était faite aux enfants

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