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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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sa très riche Histoire des Françaises, « la cour, frémissante, glose sur une nouvelle capitale : le Roi vient de faire en carrosse une promenade avec Athénaïs. Les aventures du Roi ont presque toutes commencé de cette manière, poursuit-il, et la cour le sait, la cour le dit, la cour admire ».
    Et la cour de s’interroger aussi, quelques jours plus tard, lorsque le parlement, toutes chambres assemblées, reçut communication, à fin d’enregistrement, de lettres patentes telles qu’on n’en avait pas vues depuis un demi-siècle : des lettres qui signifiaient que Mlle de La Vallière était élevée au rang de duchesse, recevait les terres de Vaujours en Touraine et que sa fille Marie-Anne était légitimée. Que signifiait cette largesse royale ? Était-elle un gage d’amour ou un cadeau de rupture ? Cette promotion ne sous-entendait-elle pas que le Roi cherchait à s’acquitter une fois pour toutes de la dette qu’il avait contractée envers elle ? Louise s’inquiéta. Certes, la terre de Vaujours devait lui rapporter 100 000 livres l’an, certes elle aurait droit, dorénavant, au tabouret, privilège réservé aux duchesses, mais elle pressentait, quelque part, que cet acte parlementaire préparait le drame et surtout elle ne supportait pas les méchantes langues qui dissertaient autour du droit du tabouret, laissant entendre qu’après s’être couchée elle pourrait aussi s’asseoir devant Sa Majesté. Louise, le coeur labouré, le corps épuisé, était sensible, fragile. Elle n’était – selon Mme de Sévigné « qu’une petite violette qui se cachait sous l’herbe et qui était honteuse d’être maîtresse, d’être mère, d’être duchesse ». Et elle s’inquiéta davantage quand elle sut que le Roi retournait à confesse et quand elle apprit qu’il avait fait ses Pâques. Sa Majesté s’amendait-elle ? Non, simplement elle partait en guerre. La guerre des Flandres. Et à cette occasion Louise dut se soumettre.
    — Je pars pour les armées, lui signifia Louis XIV, mais vous, vous demeurez à Versailles.
    Pas question de longues routes en carrosse jusqu’aux terres flamandes. Le ventre rond de la favorite ne le supporterait pas. Le prétexte était bon. La Reine, en revanche, suivrait le Roi. Jugez de sa satisfaction ! Sans La Vallière ! Elle s’affaira donc, elle se prépara, et avec elle toutes ces dames qui avaient nom Richelieu, Armagnac, Créqui, Humières et... Montespan. Henriette, une nouvelle fois enceinte, ne serait pas du voyage, elle non plus. Elle se retirerait à Saint-Cloud avec celles de sa maison.
    La guerre des Flandres ! Il faut aller en chercher l’origine. Le 7 novembre 1659 – quelques mois avant l’union de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse –, dans les textes du traité des Pyrénées et plus précisément dans les clauses du mariage. En épousant Louis XIV, Marie-Thérèse était en effet tenue à renoncer à toutes les parties de la succession de Philippe IV, son père, y compris aux Pays-Bas espagnols ! Mais en revanche le roi ibérique s’engageait à verser, en trois termes, une dot de 500 000 écus d’or. C’est ici que résidait la suprême adresse de Mazarin, car, si cette dot n’était pas payée, la renonciation serait caduque. Le fait était bien stipulé. Or, le cardinal malin n’ignorait pas qu’au-delà des Pyrénées l’appauvrissement était devenu endémique et qu’on ne serait jamais en mesure de s’acquitter de cette somme considérable ; qu’en conséquence Louis XIV et son épouse pourraient conserver tous leurs droits sur la succession espagnole.
    Donc, dès le mois de mars 1667, sa mère – soeur de Philippe IV d’Espagne – étant décédée et Philippe IV lui-même n’étant plus de ce monde, le Roi-Soleil fourbit ses armes. Il semble ne pas craindre la colère de l’héritier espagnol – Charles II, fils du défunt – qui, il est vrai, n’est alors âgé que de sept ans !
    Et en mai, au terme d’incroyables et délicates tractations diplomatiques avec l’Angleterre, la Hollande et l’Espagne elles-mêmes, Louis XIV estime qu’il faut passer à l’action militaire. Pas avant, cependant, d’avoir envoyé à Madrid le fameux Traité des droits de la Reine très chrétienne sur divers états de la Monarchie d’Espagne, un épais plaidoyer concocté – en espagnol ! par le machiavélique marquis de Berny, Hugues de Lionne, maître d’oeuvre de toute cette affaire

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