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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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se laissent impunément bafouer ? Le Roi, bien sûr, sut bientôt l’épisode. Le Roi, bien sûr, réagit : que l’on arrête l’impudent ! qu’il aille retrouver Foucquet à Pignerol ! Il y moisira jusqu’en 1681, date à laquelle la Grande Mademoiselle, ridée, desséchée, mais toujours amoureuse, parviendra à obtenir sa libération... et à l’épouser. Une union qui sera bien houleuse – car Lauzun était fort trousseur – et qui s’achèvera quelque douze années plus tard avec la mort de la vieille Mademoiselle.
    Devenu veuf, quoiqu’âgé de soixante-trois ans, le vieux lion n’hésitera pas à se remarier avec la toute charmante Mlle de Lorges de Durfort... sa cadette de presque un demi-siècle ! « Il était extrêmement brave », raconte Saint-Simon, lui-même beau-frère de la jeune épousée, mais en la circonstance, ce n’était plus de la bravoure, c’était de l’inconscience !
    Ce qui se dégage de cette histoire, c’est l’influence, la puissance d’Athénaïs. Elle souhaite, le Roi obtempère. Elle ne veut plus voir Lauzun, Lauzun disparaît. Elle trouve bon qu’on le libère... et Lauzun est libéré !
    Libre, oui, mais à quel prix ! Il paraît que pour obtenir la grâce de son vieil amant, Mademoiselle aurait consenti à léguer la principauté des Dombes (entre Rhône et Saône) et le comté d’Eu au jeune duc du Maine, premier fils de Louis Soleil et d’Athénaïs. Voilà pour la thèse qui a souvent été retenue. On verra pourtant, dans quelques années (grâce à une lettre inédite), qu’il faut considérablement la nuancer.
    Il n’empêche qu’Athénaïs était toute-puissante...

 
    V
 
« D’OR SUR OR ET REBRODÉ D’OR... »
    Jamais Cléopâtre ne s’était nourrie de si belles perles.
    Arsène H OUSSAYE .

 
    On est entré dans la période de gloire : la prestigieuse décennie d’Athénaïs.
    — N’oubliez pas, disait-elle à son amant, que je descends des ducs d’Aquitaine et que par conséquent ma famille est plus ancienne que celle des Bourbons !
    C’est à peine si elle ne traitait pas de parvenu le petit-fils du Béarnais. Mais il aimait cela. Il aimait ce côté hautain, éblouissant d’esprit, il aimait aussi la triomphante beauté de la dame qu’il laissait admirer à tous les ambassadeurs. Toutes choses qui faisaient défaut à la pauvre Marie-Thérèse. Il était sous le charme. À tel point que, tout le temps que dura l’empire d’Athénaïs à la race orgueilleuse, il ne pensa plus et n’agit plus qu’après s’être posé la question :
    — Qu’en dira-t-elle ? Cela lui plaira-t-il ?
    Et il est vrai que l’économe devint prodigue, que le brave devint aventureux et le calculateur, fougueux. Aurait-il écrit, sans elle, les plus grandes pages de son règne ? Qui peut le dire ? En tout cas, c’est durant la décennie d’Athénaïs que se déclarent les grandes guerres, que commencent les somptuaires dépenses du siècle et que s’instaure ce que l’on a appelé « la politique de magnificence ». Une politique à l’image des toilettes qu’aimait à porter Athénaïs : éblouissantes, selon Mme de Sévigné qui raconte l’avoir vue un jour dans une robe « d’or sur or, rebrodé d’or, et pardessus un or frisé, rebrodé d’un or mêlé avec un certain or qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée ». Et, posés sur ses cheveux coiffés de mille boucles, « des rubans noirs couverts des perles de la maréchale de l’Hôpital et embellis de pendeloques de diamant... »
    Alors pour elle le Roi fera des folies. Certes, ce n’est pas pour elle qu’il fit construire Versailles, mais c’est pour elle qu’il y donna de si belles fêtes. C’est elle aussi qui fit donner quelque fantaisie dans son ordonnance classique, c’est à sa prière, par exemple, et suivant son propre plan qu’on y établit un « marais enchanteur », lequel consistait en une vaste pièce d’eau plantée de joncs métalliques qui lançaient l’eau en abondance et au centre de laquelle un splendide arbre doré semblait prendre racine ; avec des branches, une foule de branches qui jaillissaient à profusion. L’emplacement de cette fantaisie aquatique est aujourd’hui occupé par les bains d’Apollon.
    C’est pour elle qu’à Versailles le Roi-Soleil bâtira le Trianon de porcelaine {17} et le château de Clagny : deux constructions aujourd’hui disparues et... que l’on ne visite plus que

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