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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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sur gravures. Clagny fut détruit à la fin du règne de Louis XV pour qu’un quartier de Versailles, de dix-huit rues, y soit édifié. Clagny : dans un premier temps, Louis XIV y avait fait dresser une grande maison. Mais cette grande maison avait un défaut majeur : elle n’était pas du goût de Mme de Montespan.
    — Qu’est cela ? Cela ne peut être bon que pour une fille d’opéra, s’était-elle moquée.
    Et la maison fut détruite, Mansart fut appelé et le plan d’un palais fut tracé. Un plan qu’Athénaïs remania plus d’une fois jusqu’au jour où, enfin satisfaite, elle le fit connaître au Roi... lequel le fit savoir à Colbert.
    « J’ai ordonné à votre fils de vous envoyer le plan de Clagny et de vous dire qu’après l’avoir vu avec Mme de Montespan, nous l’approuvons tous deux et qu’il faut, sans perdre un moment, commencer à y travailler. Mme de Montespan a grande envie que le jardin soit en état d’être planté cet automne (1674). Faites tout ce qui sera nécessaire pour qu’elle ait satisfaction et me mandez les mesures que vous aurez prises pour cela. »
    Les fleurs de Clagny ! Laissons un instant la plume à Mme de Sévigné. Elle nous les décrit avec tant de grâce. En fait, c’est à sa fille qu’elle brosse cette description, mais, profitons-en et songeons à ce que nous serions si Marie de Rabutin-Chantal n’avait pas eu de fille !
    « Que vous dirai-je, c’est le palais d’Armide. Le bâtiment s’élève à vue d’oeil ; les jardins sont faits. Vous connaissez la manière de Le Nôtre ; il a laissé un petit bois sombre qui fait fort bien ; il y a un bois d’orangers dans de grandes caisses ; on s’y promène, ce sont des allées où l’on est à l’ombre, et, pour cacher les caisses, il y a des deux côtés des palissades à hauteur d’appui, toutes fleuries de tubéreuses, de roses, de jasmins, d’oeillets. C’est assurément la plus belle, la plus surprenante et la plus enchantée nouveauté qui se puisse imaginer ; on aime fort ce bois... »
    Clagny, c’était deux ailes en retour, une large cour en demi-lune, cinq perrons, une grande galerie tout ornée de tableaux, c’était un vaste vestibule, « un escalier d’honneur à l’élégance hardie », c’était une chapelle, une orangerie dallée de marbre ; Clagny, ce fut trois millions de livres. Athénaïs était puissante.
    C’est pour elle encore que le Roi égaya le vieux château de Saint-Germain. Les jardins suspendus devant ses fenêtres, c’était pour qu’elle vît des fleurs et des oiseaux à son réveil. Et quels soins il apportait à ces embellissements ! Même au front, il trouvait le temps d’écrire à Colbert pour lui donner ses directives. « Vous ne m’avez rien mandé, dans toutes les lettres que vous m’avez écrites touchant le travail qu’on fait à Saint-Germain sur les terrasses de l’appartement de Mme de Montespan. Il faut achever celles qui sont commencées et accommoder les autres en volières... Pour cela il ne faudra que peindre la voûte du côté de la cour, avec une fontaine en bas, pour que les oiseaux y puissent boire. À l’autre, il faudra la peindre et ne mettre qu’une fontaine en bas, Mme de Montespan la destinant pour y mettre de la terre et en faire un petit jardin... »
    On croit rêver ! Est-ce là la lettre d’un monarque qui fait trembler l’Europe ou celle d’un petit bourgeois scrupuleux ? C’est en tout cas celle d’un grand amoureux.
    N’ira-t-il pas une autre fois – en 1678 – jusqu’à offrir à la belle un des meilleurs vaisseaux de l’arsenal de Brest, à le laisser battre un pavillon qui était celui « du Sire et de la Dame », jusqu’à lui donner toute liberté de l’armer et l’équiper à sa guise et de choisir un capitaine de son gré ?
    Sans oublier tous les artistes, peintres, musiciens, écrivains, qu’affectionnait Athénaïs, qu’elle aimait voir autour d’elle et que le Roi protégea, encouragea, pensionna parce qu’il n’avait rien à refuser aux beaux yeux de la descendante des ducs d’Aquitaine. Ce n’est pas une coïncidence, par exemple, si Michel Lambert est nommé maître de musique de la Chambre du Roi, car Michel Lambert était né à Vivonne en Poitou ! Il avait commencé sa carrière comme chantre à Notre-Dame de Paris, nul doute qu’il trouva un appui éclairé auprès d’Athénaïs ; n’étaient-ils pas « pays » ? Un appui, et une pension

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