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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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usant d’un stratagème qui écartait d’elle tout soupçon de malveillance. Au contraire même : offrant une couronne ducale à Mme de Maintenon, elle affichait l’immensité de sa gratitude. Une chose est sûre, Athénaïs ne s’attendait nullement à essuyer un refus. Il vint pourtant et fut tout à fait catégorique : « C’est un assez malhonnête homme et fort gueux que ce M. de Villars-Brancas. Veuf de ses deux premières femmes, il ne possède d’autre mérite que son titre de duc. Il est une source de déplaisir et d’embarras où il serait imprudent de me jeter », expliqua-t-elle sans oublier d’ajouter, avec adresse : « Mais si je refuse, c’est surtout à cause de ma grande tendresse pour les princes que je ne saurais quitter. »
    Et les deux dames se promirent alors de vivre en bonne amitié. En apparence d’amitié, faudrait-il dire, car si cette situation paraissait naturelle aux yeux du commun, elle ne trompa point la fine mouche qu’était Mme de Sévigné. «Je veux, ma bonne (écrit-elle alors à sa fille), vous faire voir un petit dessin de cartes qui vous surprendra : c’est que cette belle amitié de Mme de Montespan et de son amie est une véritable aversion... c’est une aigreur, c’est une antipathie, c’est du blanc, c’est du noir. Vous me demandez d’où vient cela ? C’est que l’amie est d’un orgueil qui la rend révoltée contre les ordres de l’autre. Elle veut bien être au père, mais pas à la mère ! »
    Autrefois, se gausse Saint-Simon, Mme Scarron a « fort rôti le balai ». Ce qui signifie en termes choisis que ses moeurs n’ont pas toujours été irréprochables. Il est vrai que son défunt mari avait su la pervertir. Il n’était pas infirme quand il s’agissait de fournir le balai et d’attiser la braise ! Aujourd’hui, elle se confond en dévotion et ne rêve que d’une chose : la conversion du Roi. Mais elle est complexe, la Maintenon, et il est psychologiquement évident qu’au-dessous de ses sentiments religieux se dissimulaient encore quelques souvenirs de sa galanterie ancienne. Si elle ne fut pas une intrigante délibérée, elle était un peu nitouche... mais bien loin d’être une sainte !
    Ainsi donc se sent-elle désormais investie d’une haute responsabilité spirituelle : celle d’être, à la cour, l’occulte représentante des volontés de l’Église. L’Église qui n’a jamais pu considérer sans horreur le triomphe de Mme de Montespan, le triomphe public dû au double adultère.
    Par deux fois, déjà, Bourdaloue prêchant le carême n’avait pas hésité à rappeler au monarque qu’il existait un pouvoir supérieur au sien, des devoirs sacrés auxquels il devait se soumettre. Le jour de Pâques, en la chapelle Saint-Germain, devant toute la cour recueillie, devant Marie-Thérèse, devant le Roi, devant Athénaïs, n’avait-il pas osé cette apostrophe ? « Combien de conversions, Sire, votre exemple n’entraînerait-il pas ! Quel attrait ne serait-ce pas pour certains pécheurs découragés et tombés dans le désespoir, lorsqu’ils se diraient à eux-mêmes : voilà cet homme que nous avons vu dans les mêmes débauches que nous, le voilà converti et soumis à Dieu ! »
    Quelle audace ! Mais non, Louis Bourdaloue ne craignait rien puisqu’il n’était, soupirait-il, que l’interprète de la loi divine, l’intermédiaire entre le Roi et celui qui donne au Roi lui-même « de grandes et terribles leçons ». Et, malgré le caractère divin du sacre, d’un mot lancé en chaire, il pouvait abaisser celui qui avait reçu les neuf onctions à l’huile de la Sainte Ampoule au simple rang des hommes, au triste rang des débauchés. Et le prédicateur n’avait pas laissé le choix : une seule solution, la rupture. Le scandale devait prendre fin. De son côté, en privé, Bossuet surenchérissait. À l’un, il murmura : « Sire, l’éloignement s’impose ! » Et Louis XIV fut ébranlé. À l’autre, il ordonna : « Madame, il faut cesser. » Et Athénaïs s’empourpra.
    Il faut découvrir, dans le journal rédigé par le secrétaire du prélat, ce que fut la réaction de la favorite : « Elle l’accabla de reproches ; elle lui dit que son propre orgueil le poussait à la faire chasser, parce qu’il voulait seul se rendre maître de l’esprit du Roi. Puis, toute cette colère s’étant un peu calmée, elle chercha à le gagner par des flatteries et des promesses, en

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