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Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu

Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu

Titel: Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erckmann-Chatrian
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une armoire, et qu’il
l’appelait pour lui en offrir un petit verre.
    Nous fîmes donc halte devant sa maison, et
Franz Sépel, se penchant sur la haie, nous dit :
    – Regardez-moi ce traîneau. Je parie que
le père Schmitt nous le prêtera, pourvu que Fritzel entre
hardiment, qu’il mette la main à côté de l’oreille du vieux, et
qu’il dise : « Père Adam, prêtez-nous votre
schlitte
 ! » Oui je parie qu’il nous le prêtera,
j’en suis sûr ; seulement il faut du courage.
    J’étais devenu tout rouge ; d’un œil je
regardais le traîneau, et de l’autre la petite fenêtre à ras de
terre. Tous les camarades, au coin de la maison, me poussaient par
l’épaule en disant :
    – Entre, il te le prêtera !
    – Je n’ose pas, leur disais-je tout
bas.
    – Tu n’as pas de courage, répondait Hans
Aden ; à ta place, moi, j’entrerais tout de suite.
    – Laissez-moi seulement regarder un peu
s’il est de bonne humeur.
    Alors je me penchai vers la petite fenêtre,
et, regardant du coin de l’œil, je vis le père Schmitt assis sur un
escabeau devant la pierre de l’âtre, où brillaient quelques braises
au milieu d’un tas de cendres. Il nous tournait le dos ; on ne
voyait que sa longue échine, ses épaules voûtées, sa petite veste
de toile bleue, qui ne rejoignait pas sa culotte de grosse toile
grise, tant elle était courte, sa touffe de cheveux blancs tombant
sur la nuque, son bonnet de coton bleu, la houppe sur le front, ses
larges oreilles rouges écartées de la tête, et ses gros sabots
appuyés sur la pierre de l’âtre. Il fumait sa pipe de terre, qui
dépassait un peu de côté sa joue creuse.
    Voilà tout ce que je vis, avec les dalles
cassées de la masure, et dans le fond, à gauche, une sorte de
crèche hérissée de paille. Cela ne m’inspirait pas beaucoup de
confiance, et je voulais me sauver, lorsque tous les autres me
poussèrent dans l’allée en disant tout bas :
    – Fritzel… Fritzel… il te le prêtera,
bien sûr !
    – Non !
    – Si !
    – Je ne veux pas.
    Mais Hans Aden avait ouvert la porte, et
j’étais déjà dans la chambre avec Scipio, les autres, derrière moi,
penchés, les yeux écarquillés, regardant et prêtant l’oreille.
    Oh ! comme j’aurais voulu
m’échapper ! Malheureusement Frantz Sépel, du dehors, retenait
la porte à demi fermée ; il n’y avait de place que pour sa
tête et celle de Hans Aden, debout sur la pointe des pieds derrière
lui.
    Le vieux Schmitt s’était retourné :
    – Tiens ! c’est Fritzel !
dit-il en se levant. Qu’est-ce qui se passe donc ?
    Il ouvrit la porte, et toute la bande s’enfuit
comme une volée d’étourneaux. Je restai seul. Le vieux soldat me
regardait tout étonné.
    – Qu’est-ce que vous voulez donc,
Fritzel ? fit-il en prenant une braise sur l’âtre pour
rallumer sa pipe éteinte.
    Puis, voyant Scipio, il le contempla gravement
en tirant de grosses bouffées de tabac.
    Moi, j’avais repris un peu d’assurance.
    – Père Schmitt, lui dis-je, les autres
veulent que je vous demande votre traîneau pour descendre de
l’Altenberg.
    Le vieux soldat, en face du caniche, clignait
de l’œil et souriait. Au lieu de répondre, il se gratta l’oreille
en relevant son bonnet, et me demanda :
    – C’est à vous, ce chien,
Fritzel ?
    – Oui, père Adam, c’est le chien de la
femme que nous avons chez nous.
    – Ah bon ! ça doit être un chien de
soldat ; il doit connaître l’exercice.
    Scipio nous regardait le nez en l’air, et le
père Schmitt, retirant la pipe de ses lèvres, dit :
    – C’est un chien de régiment ; il
ressemble au vieux Michel, que nous avions en Silésie.
    Alors, élevant la pipe, il s’écria :
« Portez armes ! » d’une voix si forte, que toute la
baraque en retentit.
    Mais quelle ne fut pas ma surprise, de voir
Scipio s’asseoir sur son derrière, les pattes de devant pendantes,
et se tenir comme un véritable soldat !
    – Ha ! ha ! ha ! s’écria
le vieux Schmitt, je le savais bien !
    Tous les camarades étaient revenus ; les
uns regardaient par la porte entrouverte, les autres par la
fenêtre. Scipio ne bougeait pas, et le père Schmitt, aussi joyeux
qu’il avait paru grave auparavant, lui dit :
    – Attention au commandement de
marche !
    Puis, imitant le bruit du tambour, et marchant
en arrière sur ses gros sabots, il se mit à crier :
    – 
Arche
 ! Pan… pan…
rantanplan… Une…
deusse

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