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Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu

Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu

Titel: Madame Thérèse ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erckmann-Chatrian
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tonnaient encore et
renversaient des files d’hommes. Tous les Républicains s’avançaient
en masse, Hoche au milieu d’eux. Nos batteries tiraient aussi sur
les Prussiens. Ce qui se passa quand les Français furent encore une
fois près des palissades est quelque chose d’impossible à décrire.
Si le père Adam Schmitt avait été avec nous, il aurait vu ce qu’on
peut appeler une terrible bataille. Les Prussiens montrèrent là
qu’ils étaient les soldats du grand Frédéric, baïonnettes contre
baïonnettes, tantôt les uns, tantôt les autres reculaient ou
poussaient en avant.
    « Mais ce qui décida la victoire pour les
Républicains, ce fut l’arrivée de leur troisième colonne sur les
hauteurs, à gauche des retranchements ; elle avait tourné le
Réebach et sortait du bois au pas de course. Alors il fallut bien
quitter la partie ; les Prussiens, pris des deux côtés à la
fois, se retirèrent, abandonnant dix-huit pièces de canons,
vingt-quatre caissons et leurs retranchements pleins de blessés et
de morts. Ils se dirigèrent du côté de Wœrth, et nos dragons, nos
hussards, qui ne se possédaient plus d’impatience, partirent enfin
courbés sur leurs selles, comme un mur qui s’ébranle. Nous apprîmes
le même soir qu’ils avaient fait douze cents prisonniers et
remporté six canons.
    « Voilà, mes chers amis, ce qu’on appelle
le combat de Wœrth et de Frœschwiller, dont la nouvelle a dû vous
parvenir au moment où je vous écris, et qui restera toujours
présent à ma mémoire.
    « Depuis ce moment, je n’ai rien vu de
nouveau ; mais que d’ouvrage nous avons eu ! Jour et nuit
il a fallu couper, trancher, amputer, tirer des balles ; nos
ambulances sont encombrées de blessés : c’est une chose bien
triste.
    « Cependant, le lendemain de la victoire,
l’armée s’était portée en avant. Quatre jours après, nous avons
appris que les conventionnels Lacoste et Baudot, ayant reconnu que
la rivalité de Hoche et de Pichegru nuisait aux intérêts de la
République, avaient donné le commandement à Hoche tout seul, et que
celui-ci, se voyant à la tête des deux armées du Rhin et de la
Moselle, sans perdre une minute, en avait profité pour attaquer
Wurmser sur les lignes de Wissembourg ; qu’il l’avait battu
complètement au Gaisberg, de sorte qu’à cette heure les Prussiens
sont en retraite sur Mayence, les Autrichiens sur Gemersheim, et
que le territoire de la République est débarrassé de tous ses
ennemis.
    « Quant à moi, je suis maintenant à
Wissembourg, accablé d’ouvrage ; Mme Thérèse, le petit
Jean et les restes du 1 er bataillon occupent la place,
et l’armée marche sur Landau, dont l’heureuse délivrance fera
l’admiration des siècles futurs.
    « Bientôt, bientôt, mes chers amis, nous
suivrons l’armée, nous passerons par Anstatt, couronnés des palmes
de la victoire ; nous pourrons encore une fois vous serrer sur
nos cœurs, et célébrer avec vous le triomphe de la justice et de la
liberté.
    « Ô chère liberté ! rallume dans nos
âmes le feu sacré dont brûlèrent jadis tant de héros ; forme
au milieu de nous des générations qui leur ressemblent ; que
le cœur de tout citoyen tressaille à ta voix ; inspire le sage
qui mérite ; porte l’homme courageux aux actions
héroïques ; anime le guerrier d’un enthousiasme sublime ;
que les despotes qui divisent les nations pour les opprimer
disparaissent de ce monde, et que la sainte fraternité réunisse
tous les peuples de la terre dans une même famille !
    « Avec ces vœux et ces espérances, la
bonne Mme Thérèse, petit Jean et moi nous vous embrassons de
cœur.
    « Jacob Wagner.
    « P.-S. – Petit Jean recommande à
son ami Fritzel d’avoir bien soin de Scipio. »
    La lettre de l’oncle Jacob nous remplit tous
de joie, et l’on peut s’imaginer avec quelle impatience nous
attendîmes dès lors le 1 er bataillon.
    Cette époque de ma vie, quand j’y pense, me
produit l’effet d’une fête ; chaque jour nous apprenions
quelque chose de nouveau : après l’occupation de Wissembourg,
la levée du siège de Landau, puis la prise de Lauterbourg, puis
celle de Kaiserslautern, puis l’occupation de Spire, où les
Français recueillirent un grand butin, que Hoche fit transporter à
Landau, pour indemniser les habitants de leurs pertes.
    Autant les gens du village avaient crié contre
nous, autant alors ils nous tenaient en vénération. Il était

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