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Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
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trois fois sur vous-même. Nos amis se dispersent dans la pièce. Vous devez en attraper un et, le détaillant à tâtons, deviner qui il est.
    Gillonne tâta beaucoup. On rit de même. Charles en oubliait son royaume perdu. Sa mère pourtant, infatigable maquerelle, reparla mariage à Mademoiselle. Les millions, toujours ! Avec une sourdine toutefois. Elle n'ignorait pas les projets matrimoniaux avec Louis.
    Anne-Louise était déchirée. Au moment où Charles, ce beau jeune homme de son âge, gagnait le chemin deson cœur, elle devait le repousser pour un petit garçon, pas encore déniaisé. Oui, mais la couronne de France, son rêve de toujours, ne se refusait pas. Que faire ?
    Autour d'elle, on s'agitait. La Palatine, l'épouse d'un cousin de Charles, réclamait encore de l'argent. Eh, oui ! Si elle soutenait le mariage avec Louis, le cousin risquait de lui en vouloir ; il fallait donc la dédommager... Mme de Choisy conseillait de fermer la porte à l'Anglais. Ses visites incessantes faisaient le plus mauvais effet auprès de la cour. Lord Jermyn augmenta la pression. Il accorda huit jours à la jeune fille pour se décider. Les amoureux n'étaient pas d'accord sur leur avenir.
    — Vous voulez donc que je m'en aille me battre juste après vous avoir épousée ? se plaignait l'indolent Charles, attaché à ses plaisirs.
    — Oui, répondait l'impétueuse Anne-Louise. Je ne supporterais pas de vous voir à Paris vous divertir et danser le tricotet, alors que vous devriez être à vous faire casser la tête ou à vous remettre la couronne dessus.
    On se mit à murmurer à la cour que Mademoiselle aimait passionnément Charles d'Angleterre et qu'elle l'épouserait par amour. Sûr de l'affaire, Jermyn confirma les rumeurs devant témoins et ajouta : « Nous retrancherons son train de maison. Nous vendrons ses terres. »
    Alors, saisie d'une brusque colère devant cette intrusion dans sa vie privée, Anne-Louise s'insurgea. Sans attendre les huit jours convenus et sur un coup de tête, elle fit part de son refus de se marier avec Charles.
    Très vite, il lui manqua. Dès qu'elle arrivait dans sa grande salle, elle le cherchait parmi ses invités. Elle cherchait sa haute silhouette, son visage fin encadré de ses cheveux à nouveau longs et bouclés. Elle avait encore dans l'oreille ses douceurs tant désirées, son intonation particulière et si charmante. Les soirées chez elle se déroulaientcomme à l'accoutumée, une compagnie spirituelle, des plaisirs raffinés... Mais cela ne l'intéressait plus.
    La reine d'Angleterre vint un jour officiellement chez sa nièce pour lui faire mille reproches. Quelle erreur d'avoir repoussé son fils ! Anne-Louise, impressionnée par cette vieille dame véhémente et digne, en fut ébranlée, troublée. Avait-elle laissé passer sa chance d'être aimée, gâché son... Soudain, on annonça Charles d'Angleterre.
    Au lieu de s'installer sur le tabouret que, par galanterie, il choisissait habituellement pour se tenir devant sa cousine, une princesse, Charles revendiqua sèchement la chaise à haut dossier — à laquelle il avait droit en tant que roi. Quand elle fut apportée, il s'y assit avec une ostensible satisfaction et ne desserra plus les lèvres.
    La jeune fille frémit. Comme il était mesquin ! C'était la première fois qu'ils se revoyaient depuis la rupture de leur projet, et il s'attachait à l'étiquette ! Il était clair qu'il ne l'avait jamais aimée ! Il n'avait jamais désiré que ses millions.
    Quand la mère et le fils furent partis, elle pleura amèrement. Puis, sa première réaction de dépit passée, elle respira. Fini le rêve d'amour avec le grand cousin anglais. À présent, elle pouvait se tourner sans regret vers le petit cousin Louis. La couronne de France, quoi de mieux pour sa gloire ?
     
    Le carnaval de 1652 fut des plus débridés. Pourtant la guerre civile s'aggravait. Après la Fronde du Parlement, c'était le temps de la Fronde des princes, tant redoutée du cardinal.
    La veille de Noël, Mazarin, revenu en France, avait gagné Sedan avec une petite armée. Aussitôt, les plus grands seigneurs du royaume, ceux qui avaient les moyensd'avoir des troupes sous leurs ordres, s'étaient divisés et s'apprêtaient à combattre, les uns pour le cardinal, les autres pour Condé.
    Anne-Louise qui souhaitait ardemment que son père s'engageât contre le prélat, le vit enfin surmonter son irrésolution coutumière, balayer les discours

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