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Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
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ville me coupent la gorge.
    L'amertume ne la quittait pas.
    — Avec la remise énorme que je lui consens sur mon compte de tutelle, mon père aurait bien pu payer les dettes dont Mme de Guise l'avait injustement déchargé. Quant à Préfontaine, je n'ai pas d'illusions. Monsieur ne me le rendra pas. Pas plus qu'il ne me rendra son affection paternelle. Une fois que j'aurai signé, il ne songera plus à moi.
     
    La maison du gouverneur, à nouveau. Peu de monde cette fois. Gaston avait envoyé une procuration. Tout se passa rapidement, comme à la sauvette. Elle signa ce qu'on lui présenta. Ouf, c'était fini. Elle avait payé. Son père donnerait son autorisation. Elle rentrerait en grâce dans son sillage et retournerait à la cour.
    Elle se hâta de quitter Orléans pour aller coucher à Châteauneuf-sur-Loire. Chez elle.
    — J'avais acheté cette demeure il y a quelquesannées, confia-t-elle à Béthune. Elle m'avait plu parce que la Loire passe devant, que le corps de logis est grand et bien conservé. Mais je n'y suis venue qu'une fois. Il y avait de la gelée partout. Ce soir, regardez, avec le printemps qui éclate dans les arbres et dans les buissons, avec le soleil couchant sur la rivière, c'est magnifique.
     
    Elle se coucha, un peu rassérénée. Le lendemain, elle s'aperçut avec stupeur que la cour du château regorgeait de carrosses. Et d'autres attendaient dans le chemin. On venait pour la saluer. Incroyable comme les nouvelles allaient vite. Elle pressa Perrette de l'habiller.
    — Vois-tu, ma fille, le vieux dicton de mon grand-père Henri est toujours d'actualité : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Mon père et mon cousin me pardonnent. Je rentre en grâce, alors ils veulent tous me voir, ces flagorneurs.
    Beaufort, arrivé le premier, lui apporta des lettres de son père et de sa belle-mère.
    — Très obligeantes, précisa-t-il. Ils sont ravis de vous savoir sous peu à la cour.
    — Qu'entends-je ? railla-t-elle. Préparez-moi, mon ami, avant que je ne les lise, de peur que l'honneur et la joie de recevoir ces marques d'affection paternelle ne me fassent mourir de plaisir. On me les a si longtemps refusées.
    « Allons, continua-t-elle avec une ironie douloureuse, je serais bien sotte de regretter ce que j'ai signé. Mon père, pour m'y pousser, m'a entourée de soins si tendres. Quant à la violence, elle n'était que de mon côté. C'est moi qui, par force, l'ai obligé à accepter cette transaction...
    Elle se tut. Les larmes lui piquaient les yeux. Elle ne voulait pas céder à l'émotion devant la foule des curieuxet des intrigants qui s'était déplacée pour elle, et qu'elle devait recevoir.
     
    Claire s'était présentée de bonne heure à Châteauneuf. Anne-Louise en fut vite informée. Mais sa résolution était prise. Elle ne se laisserait pas attendrir. Elle ne la recevrait pas. De sa fenêtre, elle vit la jeune femme se recoiffer dans son carrosse, l'air inquiet, attendant humblement pour entrer dans la maison.
    Quand ce fut son tour, elle demanda au maître d'hôtel où le tapissier devait tendre son lit, et le bonhomme lui répondit d'un air rogue :
    — Pas ici, c'est impossible. Mademoiselle a voulu loger toutes ses amies. Les chambres sont prises, jusqu'à la dernière. Il n'y en a point pour vous.

16
    « Je vous aurais étranglée... »
    Enfin elle rentrait en grâce ! Comble du bonheur, la reine allait la recevoir. Non pas à Paris mais à Sedan où elle séjournait avec sa suite, tandis que le roi assiégeait Montmédy occupé par les Espagnols. Quand il participait en personne au combat, il exigeait que la cour s'installât au plus près du champ de bataille.
    — Un vrai déménagement chaque fois, maugréaient les courtisans.
    Mais personne ne se dérobait à ce campement de luxe, ni les vieux gentilshommes perclus de douleurs, ni les femmes enceintes jusqu'au menton.
    J'aurais couru plus loin que Sedan pour retrouver ma tante, songea Anne-Louise. Ce petit voyage ne me fait pas peur.
    Elle eut la surprise de voir qu'on avait donné des ordres pour le lui rendre particulièrement agréable. À la halte de Saint-Cloud, elle fut reçue dans l'appartement deson cousin Philippe. Philippe pour lequel on l'avait délogée des Tuileries... Elle sourit intérieurement.
    Comme à Châteauneuf, la rumeur de sa rentrée en grâce courait. Deux cents carosses étaient venus de Paris. Les gens les

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