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Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
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plus huppés voulaient être reçus par Mademoiselle.
    Elle en fut heureuse. Le temps de l'exil était fini. Ce temps où, sur le chemin de ses cures aux eaux de Forges, elle ne rencontrait âme qui vive. « Dès que j'arrive quelque part, raillait-elle alors, personne ne peut me visiter, tout le monde tombe malade. »
    À Reims, une escorte nombreuse, précédée de six trompettes, vint au-devant d elle.
    — Bien plus nombreuse que pour accueillir votre père, insista le lieutenant du roi qui la commandait. J'ai plaisir à vous le préciser. On vous veut bien traiter car l'on sait que vous aimez les honneurs.
    — Je m'en réjouis, mais je suis impatiente d'arriver à Sedan, chez la reine. Quand partons-nous ?
    — Il faut attendre les troupes prévues par M. de Turenne pour vous accompagner. Il veut prendre les plus grandes sûretés, ne rien laisser au hasard.
    — Alors, je vais passer l'été ici, s'écria-t-elle, furieuse. Avec son humeur inquiète, le maréchal ne hasardera rien à moins que de mettre à m'accompagner toute l'armée française...
    Heureusement, Mazarin, toujours économe, entendait faire d'une pierre deux coups. Le soir même, Colbert, son intendant, rejoignait Mademoiselle avec une troupe de mousquetaires. Ils escorteraient la princesse et en même temps protégeraient les quatre charrettes bourrées de pièces d'argent que Colbert convoyait vers Montmédy pour les frais du siège.
    Conciliabules secrets afin de prévoir le plan de route,dîner de viandes froides sur l'herbe au son des trompettes, crainte d'être attaquée par des bandits et certitude d'être protégée par de courageux soldats, plaisir de converser à l'étape avec Béthune et Colbert, un temps superbe de juillet, tout concourait à rendre délicieux pour Anne-Louise ces deux jours de voyage.
    Elle eut cependant très peur au passage du gué sur l'Aisne.
    — Mon père, expliqua-t-elle à Béthune, m'a toujours conseillé de me méfier de l'eau. Selon l'astrologue de sa femme, j'y cours grand danger.
    — Balivernes, répliqua Béthune. Voyez, nous avons passé sans difficulté.
    Alors elle ne songea plus qu'à sa rencontre avec sa tante. Elle brûlait d'impatience et tremblait de crainte à la fois.
    Cinq ans que je ne l'ai vue, cette femme qui m'a tenu lieu de mère, que j'aime en dépit de sa sévérité et dont la présence m'a tant manqué. Comment me recevra-t-elle ? La punition que l'on m'a infligée n'a-t-elle pas effacé son mécontentement ? A-t-elle encore pour moi quelque projet de mariage avec son fils ? Puis-je espérer la couronne de France ?
    Le 1 er août enfin, au faubourg de Sedan, on lui fit dire que la reine se tenait, non loin, dans une grande prairie, avec ses dames. Qu'elle aurait plaisir à la recevoir.
    Précédé des gendarmes et des chevau-légers, suivi d'une foule de gens et de voitures, l'équipage d'Anne-Louise stoppa près de celui de la souveraine. Une centaine de soldats se rangèrent, en escadron, sur trois rangs, perpendiculairement aux carrosses des deux femmes. Les trompettes sonnaient les airs les plus triomphants. Les drapeaux frémissaient sous un vent léger. Anne-Louise sentit l'espoir renaître dans son cœur.
    À vingt pas du carrosse de la reine, elle mit pied à terre et alla baiser le bas de sa robe. Sa tante la fit monter à côté d'elle, lui donna l'accolade, et déclara sans plus attendre :
    — Si je vous avais tenue entre mes mains, je vous aurais étranglée à l'affaire de Saint-Antoine. Il y eut des temps où je ne décolérais pas contre vous.
    Déconcertée, Anne-Louise accusa le coup. Une telle violence dans la bouche d'une souveraine dont on vantait la bonté ! Elle tenta de se justifier :
    — J'ai mérité votre courroux, Madame, puisque je vous ai tant déplu. En vérité j'ai joué de malchance. Des gens m'ont engagée à des choses qui vous ont fâchée, et j'ai cru de mon devoir de les faire.
    — Calmez-vous, reprit la reine en apercevant le visage de sa nièce se décomposer, je ne suis pas mécontente de vous voir. J'ai voulu vous dire d'emblée ce que j'avais sur le cœur. Il n'en faut plus parler.
    Bouleversée, Mademoiselle se tut et baisa les belles mains d'Anne d'Autriche. Difficile de se calmer après un tel accueil.
    Dans le fond du carrosse, Mme de Motteville souriait à la princesse, tandis que la tante entreprenait l'inspection minutieuse d'Anne-Louise. Au supplice, celle-ci ne savait quelle contenance adopter.
    — Je ne vous trouve

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