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Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
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gardé les empreintes du troupeau et en séchant, était devenu raboteux.
    Surpris, le cheval broncha. Triste et songeuse, accablée par les événements qu'elle venait de vivre, Anne-Louise ne sut le retenir. Elle se jeta imprudemment sur lecôté et tomba sur son bras droit. Elle pensa s'évanouir de douleur.
    Peu après, les quatre voitures de sa suite la rejoignirent. Son chirurgien pensa qu'il n'y avait rien de démis ni de rompu. Un os fêlé, peut-être ? On verrait au château. On la coucha dans son carresse, que l'on mit au petit pas. Malgré cela, elle ne laissait pas de sentir des élancements horribles.
    La foule de ses gens s'empressait autour d'elle. Remarquant que Claire ne daignait pas sortir de sa voiture, elle demanda pourquoi.
    - La chaleur incommode Mme de Frontenac, répondit l'une de ses femmes.
    Anne-Louise soupira.
    À son arrivée, on voulut la saigner. Elle avait eu un tel saisissement qu'il ne vînt point de sang.
    - Est-ce dangereux ? Que va-t-on faire ?
    Elle s'agitait, se sentait perdue.
    Prévenue par les gens de l'escorte, Gillonne entra, taffetas aurore, sourire et bouclettes au vent.
    — Que vous arrive-t-il, ma belle ? Vous, une si bonne cavalière...
    Anne-Louise la fixa de ses yeux clairs.
    - C'est seulement, ma mie, que je me suis sentie trahie.

15
    Orléans. Fin
    Le jour se levait à Saint-Fargeau. Anne-Louise voulut reprendre dans la chambre de Claire un des tomes de son Astrée qui y était resté. Elle frappa à la porte et sans attendre tourna la poignée. La porte résista. Stupeur ! Le verrou était tiré. On fut quelque temps avant de lui ouvrir.
    — Que vous arrive-t-il, ma chère ? Vous prenez donc grand soin à vous barricader ?
    - Simplement, Mademoiselle, j'avais pris un remède.
    — En vérité, vous devez en avoir grand besoin. Car je vous trouve les yeux égarés et les mains tremblantes.
    De passage à Saint-Fargeau, Gabrielle de Thianges accourut au premier bruit. Comme sa jeune sœur Athénaïs, Gabrielle était célèbre pour sa rondeur altière, ses yeux clairs et ses cheveux bruns. Sa curiosité était aussi légendaire que sa beauté. D'un air de conspirateur, elle entraîna Anne-Louise au bout de la galerie.
    - Il faut que vous sachiez ce que mes gens viennent d'apprendre de la bouche c.'un de vos gardes-chasse. À quatre heures du matin, cet homme, en faction au pied d'une tour, a vu arriver à bride abattue un cavalier, le manteau sur le nez, le pistolet à la main, qui se dirigeait vers le château. Le garde se disposait à intervenir. Mais une domestique qu'il connaissait a elle-même ouvert la porte au cavalier. « Ce n'est plus mon affaire ! » a conclu le brave homme.
    - C'est donc lui, murmura Anne-Louise.
    Elle retourna chez Claire, qui semblait toujours aussi agitée.
    - Votre mari vous a-t-il donné récemment de ses nouvelles ? L'avez-vous vu ces temps-ci ?
    - Eh bien, Mademoiselle, eh bien... non, je vous assure.
    - Allons, ne vous fatiguez pas à mentir. Je sais la vérité. Il se cache ici.
    Il y eut un remue-ménage, et Blaise de Frontenac sortit de la garde-robe. Maigre, ébouriffé, il s'avança vers Mademoiselle avec l'allure arrogante d'un mauvais garçon.
    - Je viens voir quel sort on fait ici à ma femme. Vous avez coupé les ponts avec Son Altesse Royale. Vous avez eu tort. Votre père rentre en grâce. Son retour à Paris n'est qu'une question de semaines. Par entêtement, vous ne vous êtes pas accommodée avec lui. Vous reste-t-il les moyens d'assurer une existence décente à vos dames d'honneur ?
    - Mais, Monsieur. Quel ton prenez-vous ? Veuillez...
    - Le ton que je veux. Votre Préfontaine n'est plus là. Soit. Il n'était bon à rien. Mais l'on dit que, depuis son départ, vous vivez chichement, que vous faites la plusmauvaise chère du monde. Ma femme ne peut le supporter. Vos viandes même, se plaint-elle, sentent le renfermé et l'humide.
    - Vous vous trompez. Votre femme voudrait que l'on serve à ma table des ragoûts, des viandes cuites et recuites, qui ne risquent plus de rien sentir. Elle n'est qu'une bourgeoise, elle a des goûts de bourgeoise. Elle n'a pas su s'élever à la position où j'ai eu la bonté de la mettre. Sachez que ma table est celle d'une princesse, de la première princesse du royaume. Je suis ici la maîtresse et je n'aime pas les ragoûts.
    Et elle sortit, accompagnée de Gabrielle.
    — Hélas, lui confia-t-elle en marchant à grands pas dans la galerie. C'est faux. Je ne suis

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