Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
Vom Netzwerk:
monde s'était ligué contre elle, et elle avait finalement cédé.
    Et puis elle ne pouvait échapper longtemps à l'attrait de la cour... La cour du roi. En être. Voir le roi, « me » voir, chaque jour. Quel merveilleux pouvoir ! Écoutant sa naïve cousine parler de sa fortune, Louis sourit intérieurement. Point besoin de l'épouser pour obtenir ses millions. Le cardinal avait raison. Il trouverait bien un autre moyen, lui, le roi, pour la forcer à les lui donner. Il n'oublierait jamais la leçon d'Orléans. Si sa cousine faisait une folie, si elle voulait ensuite se faire pardonner, c'était simple. Il la ferait payer. Elle en avait les moyens.
     
    Quand elle se retrouva en face de Mazarin, Anne-Louise eut moins de joie. Évidemment. Elle resta sur ses gardes et ne tomba pas dans les pièges du rusé cardinal. Elle refusa de dire du mal de Condé, et assura au ministre que, malgré ses aimables propositions, elle ne s'incrusterait pas à la cour.
    — Cela ne plairait pas à mon père. À son retour, il n'y est resté que trois jours. D'ailleurs, je dois aller prendre les eaux de Forges comme chaque année. Je souffre de maux de gorge.
    Donc, à la mi-août, après une fête champêtre dans la prairie où ses cousins la firent danser, elle quitta Sedan,accompagnée de Béthune et de sa femme qui l'avait rejoint.
    Elle reprenait sa vie de princesse, épiée constamment, enviée, entourée d'une foule de gens qui lui mentaient, tâchant de lui arracher charges ou pensions lucratives, et qui ne l'aimaient pas.
    Le gazetier Loret célébrait à nouveau ses mérites mais ne manquait pas d'informer ses lecteurs que, pendant un certain temps, elle avait omis de lui verser ses gratifications. En effet, à mesure que son exil s'était prolongé, Anne-Louise n'avait guère eu envie de stimuler l'ardeur de sa pourvoyeuse d'éloges. Elle avait eu tort. L'admiration du gazetier se monnayait. Il le faisait savoir.
    Avec les Béthune, les rapports se détériorèrent rapidement. À la troisième tentative du comte pour placer sa femme dans un emploi de dame d'honneur, elle s'emporta :
    — Assez ! Monsieur. Ne me parlez plus de dames d'honneur. J'en prendrai quand je voudrai. Je prendrai qui je voudrai. Suffit !
    Et comme Gaston avait donné à sa fille un appartement au Luxembourg — il ne pouvait faire moins —, elle ajouta :
    — Et ne me demandez pas non plus sans cesse de vous prendre chez moi, vous et votre épouse. Véritablement je n'ai pas la place de vous loger.
    Alors, la comtesse de Béthune, furieuse, proclama partout :
    — Quelle ingrate ! Après ce que mon mari a fait pour elle...
    Ce fut encore pis quand la princesse décida, sans en avertir le comte, d'acheter le domaine d'Eu, en Normandie, à sa tante Marie de Guise. Obstiné à vouloir régenter les affaires de Mademoiselle, Béthune lui fit une scène :
    — Vous voulez vous fier à cette femme qui montait votre grand-mère contre vous, qui rêvait de vous voir brouillée définitivement avec votre père ! Elle prétend ne vouloir vendre Eu qu'à vous, parce que vous êtes sa parente. Par sentiment. En réalité, c'est parce qu'elle vous sent conquise par le domaine, et que vous avez l'argent pour payer, même si elle vous le propose plus cher qu'il ne vaut.
    Anne-Louise ne céda pas. Eu lui plaisait. Elle l'aurait. Au prix demandé par sa tante. Mais elle s'attrista des reproches du comte. Comme elle s'attrista des cancans de sa belle-mère.
    — Voyez l'égoïste, répétait Marguerite. Elle achète selon son bon plaisir. Se soucie-t-elle de mes pauvres filles ? Elle s'en moque. Et son père, toujours trop faible, qui lui offre un logement en plein Paris...

17
    Un deuil éclatant
    Depuis les vingt ans de Louis, le royaume bruissait de commérages sur sa future épouse. Il ne fallut pas longtemps à Mademoiselle pour s'apercevoir qu'elle n'était plus dans la course. On parlait de l'héritière de Savoie, de princesses étrangères, de l'infante d'Espagne, de la ravissante nièce de Mazarin que Louis ne quittait guère, et même de l'une des filles de Gaston.
    Quand on citait cette dernière, Anne-Louise se rappelait amèrement la conversation de Blois avec son père. Comme il devait être content ! Pour elle, le choix d'Elisabeth l'aurait blessée plus que les autres. La jalousie effaçait en elle le moindre sentiment de sympathie pour sa demi-sœur.
    Mme de Motteville voyait qu'elle souffrait de ces conversations infinies sur les

Weitere Kostenlose Bücher