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Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
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modalités de la paix sont prêtes. Condé est amnistié. Cela devrait vous réjouir, Mademoiselle.
    — Peut-être. Mais la paix implique aussi le mariagede Louis et de l'infante. Quand aura-t-il lieu ? Vous savez combien ce projet me blesse.
    — Justement, toute la cour va passer l'hiver en Provence, en attendant la célébration du mariage qui se fera aux beaux jours. Vous sentirez la douceur du climat. Vos maux de gorge vous laisseront du répit.
    — Je m'en moque.
    Sans se lasser, Cécile continuait à parler de leur voyage.
    — Écoutez bien, Mademoiselle. Cela vous intéressera. Nous partons tous bientôt pour Marseille. Mais au lieu d'y entrer normalement, par la porte Réale, nous allons y entrer par une énorme brèche. Les soldats l'ont ouverte dans les remparts pour punir les habitants de la ville. Vraiment, le roi trouvait Marseille trop agitée. Il veut l'intimider, la dompter, la soumettre à son pouvoir.
    — Peu m'importe, ma chère. Pour moi, seule compte la prise d'Orléans. Le souvenir de ma gloire, et de mon exil ensuite.
    Mais, une fois dans cette ville à la beauté si singulière, pleine de chevaliers, de galériens, d'aventuriers, de Turcs, Anne-Louise sortit de sa morosité. On la logea chez l'habitant, sous escorte armée. Elle respira cet air qui mêlait guerre, embarquement, aventures, chaînes, fers, esclaves. Elle le reconnut. C'était celui de ses chers romans.
    Parenthèse dans la grisaille de son hiver, elle découvrit avec bonheur, depuis une certaine hauteur, Marseille, la mer, les maisons, les collines, plus loin les bastides.
    En revanche, le divertissement de la pêche, dans de petites barques conduites par des hommes sans chemise et noirs de soleil, ne lui plut guère. Beaucoup de dames vomissaient ou s'évanouissaient. Elle se moquait : « Il n'y a que la maison royale à qui l'air de la mer ne fasse point de mal. »
    On rapporta force poissons, mais Anne-Louise refusa d'en manger. « Elle n'en avait point vu de semblables dans la mer Océane. »
    La visite à l'îlot du château d'If, au large de Marseille, accrocha son attention. On s'y rendit sur des galères menées par des étrangers ou des forçats. Le temps était splendide. Un magnifique jour d'hiver, ensoleillé, avec un ciel bleu sans nuages, mais un vent déchaîné. La reine avait refusé de participer à l'expédition.
    Au moment d'aborder l'île, il fallut sauter sur le rocher.
    — Y parviendrez-vous, Mademoiselle ? lui demanda un officier de son escorte.
    — Assurément. Mon père et ma belle-mère ont voulu me persuader que je courrais de grands dangers sur l'eau. Je ne veux plus croire à ces horoscopes ridicules.
    Elle réussit à sauter mais fut néanmoins trempée par les vagues qui battaient furieusement l'ilôt. Trempée et ravie. Malgré le vent violent, glacial et coupant le visage telle une lame, elle admira la vue sur Marseille baignée de soleil.
    Et surtout la mer grondant autour du fort. La mer, elle avait eu si peu l'occasion de la contempler. Là, environnée de sa fureur, étourdie, elle se laissa emporter par le bruit de ses rugissements. Elle ne se lassait pas de regarder ses flots monter et descendre, de respirer son odeur puissante et salée. Elle ne l'oublierait jamais.
     
    Le séjour d'Aix-en-Provence la replongea dans le malheur. Les messagers arrivaient de Blois, toujours plus alarmants. Anne-Louise refusa de partir avec la cour à Toulon. Elle serait à Aix plus près des courriers. Condé, profitant de son amnistie, vint lui rendre visite et l'assuraune fois de plus de sa reconnaissance et de son dévouement. Elle en fut émue.
    — Cela me touche, mon cousin. Je suis dans un tel désert d'affection...
    Elle se sentait bien avec lui. Elle voulut lui dire son cœur. Ses yeux retrouvèrent leur éclat. Elle n'eut pas le loisir de finir son discours.
    Un gentilhomme de Gaston entra bruyamment, sans être annoncé :
    — Le duc n'est pas passé pour cette fois, mais il a un transport au cerveau.
    Elle reçut peu après la nouvelle de sa mort et en eut du regret. Jamais elle n'avait retrouvé auprès de son père la joie et l'amour de son enfance. Maintenant le mal était irréparable. Pourtant elle avait toujours eu le désir de le servir fidèlement. Il ne lui en avait pas eu la moindre reconnaissance. Il ne s'était jamais préoccupé de son mariage. Et comme il l'avait lourdement grugée dans son compte de tutelle !
    Intéressé et insouciant à la fois, l'instable Gaston

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