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Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
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marier, j'ai trouvé l'heureux élu et je voudrais que vous deviniez qui j'ai choisi. Ainsi vous pourrez jouer le conseiller et me dire si mon choix est le bon.
    — Ce choix me fait trembler. Si je ne l'approuve pas, résolue comme vous semblez l'être, vous ne voudrez plus me revoir. Et il ne saurait être question pour moi de vous mentir. Remettons au moins à demain d'en reparler.
    — Impossible, il sera vendredi. Ce serait un trop mauvais présage. Je voudrais vous faire connaître le nom de cet homme présentement. Si j'avais une écritoire, je vous l'écrirais sur-le-champ. Mais je n'en ai pas avec moi. Ah, voulez-vous que je souffle sur cette vitre ? Je vous l'inscrirai avec mon doigt.
    — Il fait trop chaud. Il n'y aurait pas assez de buée.
    Ils badinèrent ainsi près d'une heure.
    — Minuit sonne, dit-il enfin. Vous ne pouvez plus me le dire. Nous sommes vendredi.
    Elle se résigna. Mais, au matin, elle écrivit tout en haut d'une feuille de papier « C'est vous », la cacheta et, quand elle le rencontra, lui déclara :
    — J'ai le nom dans ma poche, mais je ne peux vous le donner aujourd'hui vendredi.
    — Si fait, confiez-le-moi. Je vous promets de ne l'ouvrir que minuit sonné. Je le mettrai sous mon oreiller. Croyez que mon impatience sera si grande que je ne m'endormirai pas. Demain, vous ne pourrez me voir. Je dois aller à Paris pour mon service et n'en reviendrai que fort tard.
    — Eh bien, j'attendrai dimanche.
    Le 1 er juin, après la messe, ils demeurèrent un moment ensemble. Anne-Louise, au comble de la confusion, tira la lettre de sa poche, la tourna et la retourna dans ses mains. Elle s'agitait. Une demi-heure s'écoula. Puis, brusquement, sur le point de quitter la pièce, elle la tendit à Lauzun, avant de s'enfuir en lui lançant :
    — Lisez et répondez en dessous, sur cette même feuille, ce que vous pensez.
    Le soir, dans la chambre du dauphin, il lui glissa, l'air triste :
    — Je vois bien que vous raillez. Je ne suis pas assez sot pour le croire.
    — Qu'allez-vous chercher ? Rien n'est plus sérieux, ni plus résolu, répondit-elle.
    Elle se forçait au calme mais elle mourait de peur. Quelle serait sa réponse ?
    Le soir, enfin, après souper, ils se revirent.
    Elle eut tout lieu d'être satisfaite. Lauzun lui redit combien d'abord il avait craint qu'elle ne se moquât. Ensuite, se réjouissant de l'honneur que lui faisait la princesse, il l'assura de sa soumission à ses volontés. Il fit paraître un grand respect, qui n'était pourtant pas dépourvu d'amitié. Et qui se changea bientôt, pour le plus grand bonheur de l'amoureuse, en des marques d'attachement extrême.
    Rentrée chez elle, elle regarda son Jeune Homme au lézard en souriant. Enfin, elle allait connaître les délices de l'amour sans remords ni culpabilité. Plus besoin de confesser des fautes que l'on souhaitait commettre à nouveau. Le sacrement de mariage purifierait tout.
     
    Ils décidèrent que Mademoiselle parlerait du projet de mariage à son cousin le dernier dimanche de juin. Il serait alors installé pour l'été à Versailles, un lieu qu'il affectionnait entre tous, et en serait de meilleure humeur.
    Alors, sûre de leur prochain bonheur, elle s'abandonna à la joie.
    Elle s'amusa à imaginer la superbe compagnie que Lauzun présenterait à la revue des troupes. Elle lui achèterait des chevaux d'Espagne, des barbes, des hongres, ferait mettre à ses gardes des justaucorps en buffle neufs, avec des manches chamarrées d'cr et d'argent. Sans oublier des plumes blanches et vertes, et des rubans couleur de feu.
    — Et mes armes que vous prendrez, les armes des Orléans. Jusqu'aux couvertures des mulets qui seront recouvertes de fleurs de lys...
    Lauzun riait de son enthousiasme. Intérieurement, il respirait. Il rêvait lui aussi, non pas de couvertures à fleurs de lys ni de rubans, mais de terres belles et grasses, de rentes à millions, de châteaux et de palais.
    Il avait réussi.

20
    La noblesse de France
    « Madame se meurt ! » Le cri retentit ce dernier dimanche de juin et gomma tout le reste. Dans la nuit, la femme de Philippe, Henriette d'Angleterre, la sœur cadette de Charles, mourait dans son château de Saint-Cloud à vingt-six ans.
    Impossible pour Anne-Louise de parler de son projet de mariage au roi, ni ce jour-là comme prévu, ni le lendemain. Bouleversé par la mort soudaine d'une jeune femme qu'il affectionnait, Louis était tout à sa douleur.
    Quand il reprit

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