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Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
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fière d'en avoir terminé avec Philippe.
    Loin de partager sa joie, il se perdit dans des réticences infinies. Il n'était que le valet de son cousin germain. Un gentilhomme, pas un prince. Il n'était pas digne d'elle.
    Elle perdait patience. Vraiment, comme il se faisait désirer, comme il se plaisait à se dénigrer ! Fallait-il qu'elle l'aimât pour supporter ses coquetteries ! Une faiblesse la prenait parfois à l'idée qu'il se refusât pour de bon. Plus il se dérobait, plus elle le désirait.
    Tout en poursuivant quelques efforts de coquetterie, elle avait décidé de ne point se soucier de sa beauté. Lauzun ne l'avait-il pas conquise ? N'était-ce pas la meilleure garantie de son admiration pour elle ? Elle ne passait pas son temps devant son miroir, comme tant d'autres dévergondées. Si elle n'était plus jeune, si elle était devenue, comme Perrette le lui reprochait parfois, trop raide dans son maintien, trop impérieuse, n'apportait-elle pas beaucoupplus qu'une éphémère joliesse de visage ? Une lignée royale, des siècles de noblesse.
    Ce soir-là pourtant, elle eut un doute :
    — Trouvez-vous quelque chose en moi de déplaisant ? lui demanda-t-elle abruptement.
    Puis, le naturel reprenant le dessus, et avant même qu'il eût répondu, elle affirma :
    - Je pense n'avoir pas de défaut extérieur, hormis mon nez un peu fort, et surtout mes dents qui sont noires. Mais c'est un défaut de race, un défaut des Bourbons. Et cette race-là peut faire passer quelque imperfection.
    - Assurément, acquiesça-t-il.
    Il comprit qu'il ne devait pas aller trop loin dans la froideur. Il lâcha la bride et se força à afficher une grande joie :
    — Je crois toujours être la proie d'une illusion. Par bonheur, il y a des moments, poursuivit-il avec flamme, où je crois que ce qui m'arrive n'est pas un rêve.
     
    Enfin, il consentit à se rendre chez elle, au Luxembourg. Il l'aperçut dans la grande galerie, au milieu d'un cercle de gens, occupée à recevoir des ambassadeurs hollandais nouvellement arrivés. Elle l'entretint quelques instants dans un petit salon, mais quand elle lui proposa de visiter sa chambre et son cabinet de travail, il lui répondit avec brusquerie :
    — J'ai bien le temps...
    Il ajouta, plus doucement :
    — Il ne faut pas que l'on nous voie trop longtemps ensemble.
    On ne les voyait que trop. Son confesseur mettait en garde Mademoiselle. Deux de ses médecins se doutaient de quelque chose. Ils lui en avaient parlé.
    Les curieux posaient à la princesse des questions plusou moins enveloppées. Un jour qu'elle se promenait dans l'orangerie de Versailles avec le maréchal de Luxembourg, celui-ci avisa ses luxueux souliers neufs, en satin prune, et se mit à railler :
    — On pourrait dire que vous êtes une demoiselle bien chaussée, qui serait toute propre à faire le bonheur d'un cadet de bonne maison.
    — N'en riez pas, répondit-elle. Si cela arrivait, vous seriez fort surpris et mécontent.
    — Point du tout, j'aime la noblesse française. N'oubliez pas que je suis le premier baron chrétien du royaume.
    A l'évidence, il était au courant. Allons, il était temps de tirer les affaires au grand jour.
    Anne-Louise se décida donc à demander à son cousin permission d'épouser Lauzun. Elle écrivait avec facilité, avec habileté. Sa tante le reconnaissait jadis et s'en était servie à l'occasion. C'était le moment de le montrer. Elle composa pour Louis une longue lettre, la plus touchante du monde.
    Elle présenta la permission sollicitée comme la meilleure chose que Sa Majesté pût lui accorder. Elle s'étendit sur le mérite de Lauzun et son dévouement : « L'attachement qu'il a pour son roi est ce qui m'a plu surtout en lui. » Et passa allègrement sur la différence de leurs conditions : « L'honneur qu'il a de servir Votre Majesté ne le rend pas indigne de moi. »
    Immédiatement, elle re ;ut une réponse par le maître d'hôtel Bontemps. Le roi lui marquait son étonnement, lui conseillait de ne rien faire à la légère, l'assurait qu'il l'aimait et le lui montrerait.
    Le lendemain elle le vit aux Tuileries. Il avait pris une purgation et dans ces ca s-là exigeait la présence dans sa chambre de ses proches. Elle affecta de parler à Lauzundevant lui et eut le sentiment qu'il les regardait d'un air aimable. Sans leur dire un mot, toutefois.
    Et puis, le lundi 8 décembre, fête de la Vierge, Lauzun aborda Anne-Louise au sortir du sermon. Un

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