Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
Vom Netzwerk:
l'argument qu'ils auraient à présenter au roi.
    — Sa Majesté fait-elle donc si peu de cas de la noblesse de son royaume, qu'elle jugerait l'un de ses membres indigne d'épouser une personne de sa famille ? Voit-elle une grande différence entre les nobles étrangers et la noblesse française ?
    L'argument était irréfutable. Elle reprit confiance.
    Dès le lendemain, la princesse informa les ducs de Créquy, de Montausier et d'Albret, et réussit à les convaincre. Piqués dans leur orgueil de caste, ils daignèrent approuver le projet d'alliance de Mademoiselle avec Lauzun. Ils le soutiendraient auprès du monarque. Un refus de sa part offenserait toute la noblesse de France.

21
    Mariage rompu
    Le samedi 13, Lauzun convoqua sans vergogne, pour questions de service, trois de ses officiers au Luxembourg, dans la chambre de Mademoiselle. Ils y arrivèrent fort étonnés.
    — Je ne vous aurais jamais cherché ici, avoua l'un d'eux. Quoi ! Régler nos problèmes chez Mlle de Montpensier.
    — Toutes choses ont un début, répliqua Lauzun avec morgue. Il faut commencer à aguerrir les gens là-dessus.
    L'affaire du mariage n'était pourtant pas gagnée. Plus elle serait menée rondement, moins elle risquerait d'échouer. Il n'était pas malin de l'ébruiter. Le roi avait eu raison en parlant de secret.
    Déjà la reine Marie-Thérèse, mise au courant, vint dans l'après-midi réprimander Anne-Louise :
    — Qu'est-ce que j'apprends, Mademoiselle, vousvoulez vous marier ? La quarantaine sonnée, la chose est ridicule.
    — On se marie à tout âge, murmura la princesse, vexée.
    — Et vous avez jeté les yeux sur quelqu'un qui n'est même pas prince du sang ! N'étiez-vous pas bien comme vous étiez ? Et ne pouviez-vous pas laisser votre bien à mon fils d'Anjou ?
    Choquée par l'algarade, Anne-Louise répondit cette fois avec vivacité :
    — Je suis honteuse pour vous, Madame, des sentiments que vous laissez paraître.
    Elle se tut. Marie-Thérèse s'aigrissait. Philippe continuait de bouder. Bagatelles Le roi seul importait. Depuis leur rencontre nocturne, elle l'inondait de billets pressants auxquels il ne pouvait être insensible. De fait, étonné de cet emportement d'une femme de quarante-trois ans, il était forcé parfois de reconnaître que rien n'empêchait sa cousine de faire ce qui lui plaisait.
    Tôt, le lundi 15, les ducs, ses complices, rendirent compte à Mademoiselle du succès de leur mission.
    — Sa Majesté, hier, a parlé avec bonté de M. de Lauzun, de moi-même et des grands seigneurs du royaume, affirma Montausier avec suffisance. Les ministres n'ont pipé mot. À mon avis, votre affaire est faite. Je vous conseille toutefois de ne pas la laisser traîner. Si vous m'en croyez, mariez-vous cette nuit.
    C'était la sagesse. Un mariage à minuit, dans la chambre du roi, en très petit comité. Anne-Louise le comprit et s'y disposa. Mais Lauzun voulait une cérémonie spectaculaire, à la mesure de ses ambitions. Maintenant qu'il était sûr du succès, il souhaitait en jouir pleinement. En secret, il avait obtenu d'Anne-Louise qu'elle lui fit unedonation énorme, qui comprendrait la principauté des Dombes et le duché de Montpensier.
    Ce lundi, il exigea plus encore. Il refusa le mariage précipité que lui proposait Anne-Louise. On célébrerait les noces pompeusement, le jeudi 18 à midi. Et pour qu'il puisse au plus vite faire état des biens qu'elle lui léguait et se parer du titre prestigieux de duc de Montpensier, elle signerait officiellement la donation, le mercredi.
    C'était le dernier acte de sa stratégie de séducteur. Enfin il allait réussir, et conduire Mademoiselle là où il voulait, là où il la menait depuis si longtemps.
    Elle était plus âgée que lui et risquait de mourir avant lui. Il savait que, selon le droit, le mari n'hérite pas de sa femme, ni la femme de son époux. Donc, en cas de décès de la princesse, si elle ne lui avait pas signé de donation, il perdait l'héritage Montpensier. Au contraire, si elle lui avait consenti une donation avant le contrat de mariage, pas de contestation possible. Il serait définitivement le maître des biens accordés.
    Anne-Louise n'y vit que du feu. Elle n'avait plus son dévoué Préfontaine pour l'éclairer, prendre soin de ses intérêts, il était mort. Elle avait promis à Lauzun cette donation. Elle était décidée à la faire. Quand ? C'était sans importance. Ce qui lui importait, c'était de presser

Weitere Kostenlose Bücher