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Marc-Aurèle

Marc-Aurèle

Titel: Marc-Aurèle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Irénée, tous les chrétiens de la ville, d’autres venus de la Cisalpine, de la Gaule et des provinces du Danube se sont rassemblés autour de lui afin de l’entendre nous répéter les paroles de Christos que l’apôtre Jean et les autres témoins de la vie du Messie en Galilée lui avaient rapporté.
    « Quand il parlait, il m’a semblé entendre la voix de Christos.
    « Puis il a regagné Siriyme. Je suis resté à Rome en compagnie d’Irénée et nous avons porté et répandu la parole que nous avions reçue de Polycarpe.
    « Un jour, un chrétien venu d’Asie nous a conté les derniers mois de la vie de Polycarpe. À son retour de Rome, le rayonnement de sa foi, son autorité étaient si grands que les conversions à la foi de Christos se multipliaient. Certains nouveaux chrétiens, exaltés, se dénonçaient eux-mêmes auprès du proconsul afin d’être suppliciés et, croyaient-ils, de rejoindre ainsi Christos. Sache, Priscus, que Polycarpe ne le voulait pas, qu’il condamnait ce suicide par orgueil. L’un de ces chrétiens, Quintus, qui avait le plus haut clamé sa foi afin qu’on lui infligeât le supplice et la mort, quand vint le moment d’affronter les bêtes fauves se renia, tremblant de peur, reconnaissant la divinité de l’empereur, sacrifiant aux dieux de Rome et, apostat, sauvant ainsi sa vie.
    « Christos avait voulu par là montrer à tous que Lui seul choisit ceux qui doivent le rejoindre.
    « Il y eut onze martyrs qui ne se renièrent pas. Les fouets les déchirèrent, mirent leurs veines et leurs artères à nu. On les traîna sur le sable de l’arène composé de coquillages tranchants et pointus comme des lames. On les livra enfin aux bêtes et on brûla ce qui restait de leurs membres.
    « Pas un ne devint apostat. L’un d’eux, du nom de Germanicus, auquel le proconsul, ému par son jeune âge, proposa plusieurs fois de renoncer à proclamer sa foi et d’échapper ainsi à la mort, excita même les bêtes pour qu’elles l’arrachent plus vite à ce monde.
    — Froment de Dieu, ai-je murmuré.
    — De bon grain, a acquiescé Eclectos. Le meilleur, tamisé par Dieu. La foule, sur les gradins, hurlait sa rage. Elle ne voulait pas seulement la mort des chrétiens, elle souhaitait qu’ils s’avilissent. Elle a hurlé : "À mort, les athées ! Aux lions, les chrétiens !" Puis elle a lancé le nom de Polycarpe. Les païens grecs, syriens ou romains, les Juifs le haïssaient. Il fallait qu’il périsse ! »
    Eclectos a baissé la tête.
    « Tu le constates, Priscus, Polycarpe n’a pas recherché le martyre. Il s’était même retiré dans sa maison hors de la ville. Mais quand les soldats sont venus l’arrêter, il n’a pas fui. "Que la volonté de Dieu soit faite", a-t-il dit. Plus tard, des magistrats tentèrent de le persuader de sauver sa vie : "Quel mal y a-t-il donc à faire un sacrifice aux divinités ou à reconnaître que l’empereur doit être honoré comme un dieu ?" D’autres, dans les derniers instants, avant qu’il n’entre dans l’arène, ont encore essayé de le convaincre : "Au nom du respect que tu dois à ton âge, jure par la fortune de César, crie comme tout le monde : Plus d’athées !" Le proconsul lui a répété : "Insulte Christos et renie-le, et tu auras la vie sauve". Il a simplement répondu : "Je suis chrétien".
    « La foule hurlait : "Aux bêtes, au feu, le destructeur de nos dieux, celui qui enseigne à ne pas sacrifier, à ne pas adorer, et qui attire sur nous les maléfices !"
    « Il était trop tard pour lancer un lion contre lui.
    « Les jeux des bêtes étaient clos, la foule demanda donc à ce qu’on brûlât Polycarpe. Elle alla chercher elle-même dans les boutiques et les thermes du bois et des fagots.
    « Polycarpe refusa de se laisser clouer sur le bûcher. "Laissez-moi ainsi", aurait-il dit… »
    Eclectos s’est interrompu, puis, la gorge nouée, a repris :
    « Les chrétiens de Smyrne qui pleuraient dans la foule l’ont entendu, et pourquoi ne les croirais-je pas ? Polycarpe a donc dit : "Celui qui me donne la force de supporter le feu m’accordera aussi celle de rester immobile sur le bûcher sans qu’il soit besoin pour cela de vos clous !" »
     
    Le Grec a longuement prié et j’ai suivi, sans entendre sa voix, le mouvement de ses lèvres. Puis il a dit :
    « Polycarpe a été le pur pain de Christos. Il m’a nourri, tout comme il a nourri Irénée et ceux qui se

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