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Marc-Aurèle

Marc-Aurèle

Titel: Marc-Aurèle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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oreilles. On lui brise les membres. On livre l’un de ses proches aux bêtes affamées.
    Comment ne dirait-il pas tout ce qu’on attend de lui ?
    « Il n’est rien qu’un avorton d’homme ! Sa peau est zébrée par les meurtrissures livides du fouet, son dos est roué de coups. Il est vêtu de telle façon que rien de son corps n’est caché par ses haillons. Sa tête est à demi rasée. Au front il a été marqué au fer rouge ; une lettre est ainsi gravée sur sa peau. Il est entravé. Il est d’une pâleur à faire peur. Ses paupières sont brûlées par la fumée, la vapeur, c’est à peine s’il y voit encore. »
     
    C’est Eclectos qui, un jour, a décrit en ces termes les esclaves occupés autour des meules et des fours à pain.
    Mais lorsque je n’étais que cet homme assis dans la salle d’audience du Palais impérial, je ne voyais pas même les esclaves. Lorsque Marc Aurèle prenait des dispositions en leur faveur, voulait que la loi les traitât comme des personnes, je ne voyais toujours pas les corps, les brûlures, les plaies. Les mots n’avaient pour moi ni chair ni sang. Ils n’étaient que des bruits et des signes. Pour Marc Aurèle il en allait de même puisqu’il acceptait que l’on se servît du témoignage d’esclaves battus, torturés, contre leurs maîtres chrétiens.
    Il approuvait le préfet de Rome Lollius Urbicus qui avait condamné au supplice un homme du nom de Ptolémée dont la seule faute était d’avoir converti une femme à la religion de Christos. Le mari, citoyen romain, s’était plaint, et la justice avait frappé.
    J’avais pensé moi aussi qu’il était nécessaire que l’Empire arrachât de son sein ces pousses vénéneuses qui se multipliaient.
    Le préfet de Rome rapportait qu’un certain Lucius, à l’annonce du verdict, s’était levé dans l’enceinte du tribunal pour s’indigner de la sentence qui frappait Ptolémée.
    « Il a osé !, s’est insurgé Lollius Urbicus. Que deviennent les lois de Rome si chacun, au nom de ce qu’il croit, peut contester leur application ? Il t’a invoqué, César », a ajouté le préfet.
    Marc Aurèle a voulu connaître les propos de ce Lucius.
    Ce dernier avait dit face au tribunal, interpellant le préfet :
    « Comment peux-tu condamner un homme qui n’est ni adultère, ni voleur, ni homicide, qui n’a commis d’autre crime que de s’avouer chrétien ? Ton jugement est bien peu d’accord avec la piété de notre empereur et avec les sentiments du philosophe qu’il est ! »
    Lucius s’était avoué chrétien et le préfet l’avait aussitôt condamné à mort.
    « Merci, avait répondu Lucius ; grâce à toi, je vais échapper à des maîtres méchants pour un père, roi du Ciel. »
    Un autre homme du nom de Nachios avait aussitôt protesté, revendiqué à son tour sa foi chrétienne. Marc Aurèle a de nouveau demandé à ce qu’on lui rapportât les propos de ce chrétien.
    Le préfet a sorti une tablette de sous sa tunique et a entrepris de lire la déclaration de Nachios.
    « "Ce qui ne s’était jamais vu, la race des hommes pieux est persécutée dans tout l’Empire, traquée. D’impudents délateurs, des mouchards, des espions, des fourbes, avides des dépouilles d’autrui, prenant prétexte de la législation existante, exercent leur brigandage à la face de tous… Si cela s’exécutait par ordre de César, il faudrait l’accepter et ce serait bien, car il ne saurait se faire qu’un prince juste commande quelque chose d’injuste. Et si c’était un ordre de César, nous accepterions volontiers la mort. Mais les délateurs s’abattent sur nous comme des rapaces, des hyènes et des chacals, ils se livrent au nom de César au plus vil brigandage…" »
    Le préfet s’est interrompu, interrogeant du regard Marc Aurèle qui lui a demandé de poursuivre.
    « "Oui, c’est vrai, avait déclaré Nachios, la religion des chrétiens a d’abord pris naissance chez les Barbares. Mais le moment où elle a commencé de fleurir parmi les peuples de Rome a coïncidé avec le grand règne d’Auguste, l’ancêtre de tous les Césars, et ce fut comme un heureux augure pour l’Empire. Ce qui prouve bien que notre religion a été destinée à croître parallèlement au progrès du glorieux empire de Rome, c’est qu’à partir de son apparition tout a réussi à merveille aux Romains." »
    Marc Aurèle s’est tourné vers moi : Ai-je seulement pensé : « Les chrétiens

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