Marcel Tessier racontre notre histoire
obsèques, à la mort de son père. En 1714, elle est atteinte d’une grave maladie, elle se départit de tous ses biens en faveur des religieuses de la Congrégation Notre-Dame. Elle meurt le 3 octobre à 52 ans et est inhumée près de son père.
15 JEAN TALON
Q ui donc est Jean Talon? À Montréal c’est un hôpital, une rue, un marché, une station de métro et plus encore. Jean Talon est l’un des solides piliers de la Nouvelle-France.
Il faut savoir que vers le milieu du XVII e siècle, la France, par l’entremise de Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, décide de prendre en main les destinées de sa colonie.
C’est que depuis l’avènement du régime des compagnies, l’économie de la Nouvelle-France piétine. Son peuplement, aussi. En effet, si 3000 personnes habitent la colonie, on compte une seule femme pour 17 hommes!
En 1663, le roi décide donc d’intervenir. Il change complètement sa politique. Dorénavant, la colonie sera soumise à l’administration directe du roi, procédure appelée «gouvernement royal». Il délègue en Nouvelle-France un gouverneur, un intendant, un Conseil souverain nommé et aussi un régiment capable de maintenir la paix avec les Amérindiens. Bien sûr, le gouverneur et l’intendant sont, avec l’évêque, les principaux représentants du Roi-Soleil dans la colonie. Le rôle de chacun est bien défini. Ce qui n’empêchera pas tout ce beau monde de se piler sur les pieds à l’occasion et de créer ainsi des problèmes de gérance extrêmement compliqués. Plus ça change, plus c’est pareil… Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que des ministres se disputent sur l’importance de leurs carrés de sable respectifs!
En 1665, le premier intendant du roi arrive en Nouvelle-France. Il se nomme Jean Talon. On lui a confié un rôle très influent. Celui de diriger, dans les faits, la colonie: la justice, l’administration intérieure, le peuplement, les finances, le commerce et l’économie, entre autres, sont de son ressort.
LA QUESTION DU PEUPLEMENT
Jean Talon s’attaque d’abord au problème du peuplement en encourageant l’immigration et en mettant au point une politique nataliste. Pour savoir exactement sur quelles bases fonder son action, il organise les premiers recensements officiels. Il se rend compte que le peuplement d’ici est très faible en comparaison de celui des colonies anglaises.
Il faut du monde? Il engage des hommes qui viendront de tous les coins de France travailler dans la colonie pour une période de trois ans (on les appelle «les 36-mois»). Ils seront défrayés pour leur transport, recevront un salaire et s’ils acceptent de rester à la fin de leur contrat, on leur donnera une terre. Bien sûr, il pense aussi aux militaires qui, à la fin de leur service en Nouvelle-France, pourraient s’y fixer. On les nourrira pendant un an. Plusieurs officiers se verront offrir une seigneurie. Et parmi ces premiers seigneurs, plusieurs verront leur nom se perpétuer: Chambly, Contrecœur, Boisbriand, Sorel, Saint-Ours, Lanoraie, Berthier… Presque le tiers des soldats du régiment de Carignan vont ainsi décider de rester ici. Le roi offrira aussi une somme d’argent à des familles françaises pauvres qui accepteront de venir s’établir dans la colonie. Puis on amènera de France des gens condamnés pour des délits mineurs (braconniers ou faux sauniers, par exemple). Il faut cependant savoir que la Nouvelle-France n’est pas une colonie pénitentiaire. Enfin, des huguenots et des esclaves s’ajouteront à cette liste. Parfait. Mais il manque toujours de femmes!
Où les trouver? Eh bien, on aura recours aux Filles du Roy. Qui sont-elles? Contrairement à ce que certains ont déjà cru, il n’y a aucun rapport entre «Filles du Roy» et «filles de joie»! Les Filles du Roy sont des orphelines instruites hébergées dans des institutions protégées par le roi; elles sont envoyées en Nouvelle-France et dotées aux frais du roi pour y épouser un colon. Elles doivent être robustes, saines et jeunes. Elles seront 1000 à traverser l’Atlantique entre 1663 et 1673. Ce sont elles qui donneront vraiment naissance à notre peuple. Cette politique nataliste permettra de doubler rapidement le nombre des habitants.
LA QUESTION ÉCONOMIQUE
Talon va ensuite s’occuper de l’économie. Comme il désire que la colonie puisse subvenir à ses besoins, il met l’accent sur l’agriculture. D’une part il enrichit le
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