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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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un bordel masculin !
    Il soupira et prit un air contrit.
    — Kachan est aussi connue pour ses tuiles kashi, vous rappelez-vous ce détail 16 [17]  ?
    — Très bien. Je me souviens d’ailleurs que mon
père s’était intéressé de près à leur fabrication.
    — C’est cela même. Il pensait qu’il pouvait y
avoir de la demande à Kithai pour ce produit. Et il avait raison. Lui et votre
oncle ont ouvert dans la capitale un atelier, ont enseigné l’art du kashi à
un certain nombre d’artisans et nous ont confié, à Mar-Janah et à moi, la bonne
marche de l’entreprise. Elle dessine les motifs des carreaux de mosaïque et
dirige l’atelier, pendant que je me charge de vendre nos produits par le
colportage. Nous avons fait notre trou, si je puis m’exprimer ainsi. Les tuiles kashi sont désormais réclamées de partout comme ornement dans les riches
demeures. Une fois payés les bénéfices que nous devons à votre père et à votre
oncle, il nous est resté largement de quoi vivre à l’aise. Si nous continuons
d’apprendre le métier, notre avenir est désormais assuré. Notre commerce est
devenu si prospère que je pouvais bien m’offrir un petit congé, histoire de
venir vous tenir un peu compagnie.
    Il bavarda ainsi le reste de la journée, m’expliquant
jusqu’au moindre détail comment on s’y prenait pour fabriquer et pour vendre
ces tuiles (non que j’y trouvasse toujours un grand intérêt, il faut l’avouer)
et m’apportant au passage quelques nouvelles fraîches de Khanbalik. Il
jouissait avec Mar-Janah d’un bonheur sans partage. Il n’avait pas revu mon
père depuis quelque temps, l’aîné des Polo étant lui aussi sur les routes,
occupé à promouvoir ses affaires, mais il lui était arrivé de rencontrer mon
oncle en ville. La belle Mar-Janah était plus troublante que jamais. En
l’absence du khan, le wali Ahmad tenait les rênes du gouvernement et
assurait la régence. La douce Mar-Janah était toujours aussi amoureuse de son
Ali Baba que lui l’était d’elle. De nombreux courtisans avaient accompagné
Kubilaï pour la chasse d’automne, parmi lesquels plusieurs personnes de ma
connaissance : le wang Chingkim, le Maître Artificier Shi et
l’orfèvre Boucher. La charmante Mar-Janah était bien d’accord avec lui, le
temps qu’ils avaient passé ensemble depuis leur mariage, même s’il avait fallu
de nombreuses années pour qu’il arrive, était ce qu’ils avaient éprouvé de plus
doux au cours de leur vie, et franchement, cela valait le coup d’avoir attendu
si longtemps...
    Nous passâmes la nuit à l’ombre de la Grande Muraille,
dans un confortable caravansérail han. Après avoir pris mon bain et dîné, je
m’assis dans ma chambre pour décacheter la missive que m’avait apportée Ali.
Elle ne fut pas longue à lire – bien que j’eusse dû la déchiffrer lettre après
lettre, n’étant pas encore rompu à l’alphabet mongol –, puisqu’elle ne
consistait qu’en une seule phrase et pouvait se traduire ainsi : « Je
surgirai quand tu t’y attendras le moins. » Les mots en eux-mêmes
n’avaient rien perdu de leur pouvoir terrifiant, mais ce petit refrain
m’agaçait davantage, désormais, que la menace contenue ne m’effrayait vraiment.
Je vins demander à Ali dans sa chambre :
    — Dis-moi, la femme qui t’a remis ce papier...
Même si elle était voilée, tu l’aurais sûrement reconnue, n’est-ce pas, s’il
s’était agi de Dame Chao Ku-an ?
    — Assurément, ce n’était pas elle. Cela me
rappelle maintenant que Dame Chao est morte. Je ne l’ai appris moi-même qu’il y
a un jour ou deux, de la bouche d’un courrier postal. C’est arrivé après mon
départ de Khanbalik. Un accident malheureux. D’après l’émissaire, il semble que
Dame Chao était en train de chasser de chez elle quelque amant qui lui avait
déplu, et, en courant après lui – vous savez qu’elle a des pieds de lotus –,
elle a trébuché dans l’escalier et est tombée la tête la première.
    — Je regrette de l’apprendre, fis-je, ne
regrettant en vérité rien du tout. Encore un imprécateur de moins sur ma liste.
Mais à propos de cette lettre, Ali. La femme qui te l’a donnée n’était-elle pas
inhabituellement massive ?
    Ali réfléchit un instant et répondit :
    — Elle était peut-être un peu plus grande que
moi, mais c’est le cas de la plupart des gens. Non, je ne l’ai pas trouvée
particulièrement imposante.
    — Tu

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