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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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ordre. Le
khakhan Kubilaï.
    — Ah bon ? m’exclamai-je, alors qu’il
s’inclinait, me faisant signe d’entrer dans mes nouveaux quartiers. Vous êtes
l’un de ses bâtards, sans doute ? ajoutai-je avec désinvolture, comme si
j’avais parlé au fils d’un doge ou d’un pape, né de noble lignée, mais du
mauvais côté de la couverture.
    J’étais en train d’observer la porte d’entrée d’un air
approbateur, car elle n’était pas, comme en Occident, de forme rectangulaire,
ni en ogive comme une arche de style musulman. Toutes celles de ma vaste suite
étaient dotées de noms variés : Porte de la Lune, Porte du Luth, du Vase,
selon la forme de leurs contours.
    — Cet appartement est somptueux.
    Chingkim me considérait avec la même admiration que
celle que je vouais aux luxueux aménagements de la suite. Il prononça
tranquillement :
    — Marco Polo, vous avez une façon très
personnelle de vous adresser à vos aînés.
    — Oh, vous n’êtes pas beaucoup plus vieux que
moi, Chingkim. Quel plaisir, ces fenêtres qui ouvrent sur le jardin !
    C’est vrai, j’étais un peu balourd. Mais ma tête,
comme je l’ai dit, n’était pas au mieux. Et puis, durant le banquet, Chingkim
n’était pas assis à la table principale, celle où avaient pris place les fils
légitimes de Kubilaï. Ce souvenir me fit penser à quelque chose :
    — Je n’ai vu aucune des concubines du khakhan
assez âgée pour être votre mère, Chingkim. Laquelle était-ce, des femmes
présentes la nuit dernière ?
    — Celle qui était assise juste à côté du khakhan.
Elle s’appelle Jamui.
    Je ne fis guère attention à ce qu’il répondait,
absorbé que j’étais dans la contemplation du lit. Celui-ci était moelleux et
équipé, à mon intention, d’un matelas à l’occidentale. Il y en avait également
à ma disposition un second dans le style de ceux des Han (pour le cas, sans
doute, où j’inviterais une dame de la cour dans mon lit) posé sur une sorte
d’étroit piédestal de porcelaine représentant une femme allongée, dont la forme
permettait d’éviter de déranger la coiffure de l’utilisatrice.
    Chingkim reprit tranquillement le fil de la
conversation :
    — Ceux des fils de Kubilaï qui étaient assis à
son côté la nuit dernière sont des wang des provinces et des ortok de
l’armée.
    Pour appeler mes serviteurs, il y avait un gong de
bronze aussi large qu’une roue de chariot de Kachgar. Il affectait la forme
d’un poisson avec une grosse tête ronde et une vaste bouche, le corps situé en
dessous servant de caisse de résonance.
    — J’ai été désigné wang de Khanbalik,
continua Chingkim sur le ton du bavardage, parce que Kubilaï aime me garder
auprès de lui. Et s’il m’a installé à votre table, c’est pour faire honneur à
votre père et à votre oncle.
    J’examinais alors une merveilleuse lampe située au
salon. Elle possédait deux abat-jour en papier de forme cylindrique emboîtés
l’un dans l’autre, chacun équipé de fines pales de papier que la chaleur de la
flamme faisait tourner dans deux directions différentes. Ces deux cylindres
étaient peints de motifs tels qu’au fil de leur mouvement ils formaient des
images qui, littéralement, bougeaient. J’en vis plus tard d’autres du
même style, mais la mienne représentait une mule en train de ruer des pattes
arrière dans le derrière d’un petit homme, l’envoyant voler dans l’espace, et
j’étais ravi, captivé par ce spectacle.
    — Je ne suis pas le fils le plus âgé de Kubilaï,
mais je suis le seul qui lui soit né de sa première épouse, la khatun Jamui. Ce
qui fait de moi le prince héritier de la couronne du khanat, l’héritier
présomptif du trône et du titre de mon père.
    Je venais de me mettre à genoux, intrigué par
l’étrange composition du tapis qui couvrait le sol. Après l’avoir
scrupuleusement scruté, j’en avais déduit qu’il était composé de longues bandes
d’ivoire très fines tissées, et j’avoue que jamais je n’avais vu ni entendu
parler de ce matériau. Comme j’étais encore agenouillé lorsque les mots de
Chingkim eurent fini de pénétrer mon cerveau encore passablement embué, il me
fut facile de me laisser glisser jusqu’au sol dans l’attitude de prosternation
respectueuse d’un ko-tou, aux pieds du futur khan de tous les khans de
l’Empire mongol, que j’avais un instant auparavant qualifié de bâtard.
    — Votre Altesse royale...,

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