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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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à la collecte des taxes.
    — Tiens donc ! grommela une fois encore
l’homme aux cheveux gris, approuvant à contrecœur, cette fois, ma saillie. Ma
foi, cette franchise et cette modestie ne sont pas, il faut en convenir, des
qualités habituelles chez les collecteurs d’impôts. Je doute fort, malgré tout,
qu’elles vous soient utiles dans l’accomplissement de votre mission.
    — Non, en effet, approuva le magistrat Fung. Pas
plus que grossir ou vous teindre les cheveux en noir, kuan Polo. Je
serai franc, moi aussi. J’estime que vous n’avez pas la moindre chance de
réussir à prélever la plus petite taxe à Manzi, à moins d’aller en exiger
vous-même le paiement au porte-à-porte ou d’avoir sous vos ordres une armée
chargée de le faire pour vous. Et même en ne les payant que chichement, vos
soldats vous coûteraient plus que vous ne ramasseriez.
    — En tout état de cause, ajouta Agayachi, je n’ai
aucune armée à mettre à votre service. En revanche, j’ai prévu de mettre à
votre disposition – ainsi qu’à votre dame – une agréable maison dans un beau
quartier de la ville, bien équipée en domestiques. Dès que vous serez prêt, mes
majordomes vous indiqueront l’endroit.
    Je le remerciai et m’adressai à mon nouvel aide de
camp :
    — Puisque je ne vais pas pouvoir commencer tout
de suite à apprendre mon métier, peut-être pourrais-je du moins faire
connaissance avec les environs. Nous feriez-vous le plaisir de nous accompagner
jusqu’à notre logement, magistrat Fung, et de nous faire découvrir Hangzhou en
passant ?
    — Avec plaisir, répondit-il. Je vais commencer
par vous montrer l’attraction la plus spectaculaire que puisse offrir notre
cité. C’est la pleine lune et... oui... la bonne heure approche pour que l’on
puisse voir le hai-xiao. Ne perdons pas de temps.
    Comme il n’y avait dans la pièce ni sablier ni horloge
à eau, et aucun chat dans les environs, je ne voyais pas ce qui pouvait lui
permettre d’apprécier l’heure avec tant de précision. Ni ce que le moment
présent avait à voir avec le hai-xiao, ni même ce que cela pouvait être.
Mais Hui-sheng et moi souhaitâmes bonne nuit au wang et à ses proches,
et, accompagnés de mon scribe et de nos esclaves, nous quittâmes le palais avec
le magistrat Fung.
    — Nous allons nous rendre chez vous en bateau,
annonça-t-il. Une barge royale nous attend sur le bord du canal, du côté du
palais. Mais d’abord, allons faire quelques pas sur cette promenade, le long de
la berge.
    C’était une belle nuit embaumée, doucement éclairée
par la pleine lune, aussi la vue était-elle claire. En sortant du palais, nous
suivîmes une rue parallèle au fleuve. Elle était bordée d’une balustrade à
hauteur de poitrine, essentiellement composée de pierres d’une forme curieuse.
Circulaires, elles étaient percées d’un trou en leur centre, et leur circonférence
était telle que j’aurais pu les encercler de mes bras ; leur épaisseur
correspondait à celle de mon torse. Trop petites pour être des bornes
milliaires, elles étaient trop lourdes pour avoir servi de roues. Quel qu’ait
pu être l’usage qu’on en avait fait, elles avaient été récupérées pour servir
ici et alignées les unes contre les autres, jante contre jante. Les espaces
intermédiaires avaient été comblés de pierres plus petites, et l’on en avait
fait un mur solide, au sommet arrondi. Je jetai un coup d’œil au-dessus et vis
qu’il dominait un parapet de pierre vertical de la hauteur de deux étages qui
tombait à pic à la surface de l’eau. Cette surélévation m’inspira une
remarque :
    — Je suppose qu’à la saison des pluies le niveau
de la rivière monte de façon spectaculaire ?
    — Non, répondit Fung. Si la ville est ici
surélevée de la sorte, c’est en prévision du hai-xiao, justement.
Scrutez l’est, par là-bas, en direction de l’océan.
    Hui-sheng et moi nous appuyâmes contre le parapet, les
yeux fixés vers la mer, balayant du regard, au clair de lune argenté, la
surface sableuse du delta qui se perdait au loin dans la noirceur de l’horizon.
Il va de soi qu’il n’y avait pas d’océan à observer : il était situé à
deux cents li du banc de sable. Enfin, d’habitude. Car, à l’instant,
j’entendis, venu de très loin, un sourd murmure, comme si une armée mongole
approchait de nous au galop. Hui-sheng me tira par la manche, ce qui me surprit
car elle ne pouvait

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