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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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chapeau han que portaient ses ministres et lui-même.
    Ce dernier était un long et étroit cylindre, avec à
son sommet un bouton qui constituait l’unique indication du rang de son
possesseur. Il y avait, je l’appris, neuf niveaux hiérarchiques parmi les
ministres, mais tous étaient vêtus de façon si distinguée que seul le discret
insigne de leur coiffe permettait de les identifier. Celui d’Agayachi, un rubis
assez gros pour valoir une fortune, témoignait de son rang de wang, le
plus élevé qui pût exister. Il était cependant nettement moins voyant que le
brillant casque morion doré de Kubilaï ou la coiffe blanche du doge de Venise,
la scufieta. J’avais droit pour ma part à un chapeau orné d’un bouton de
corail, qui désignait le rang de kuan, le second après celui de wang ; Agayachi en avait préparé un pour me l’offrir. Les autres ministres
portaient le bouton indiquant leur rang, c’est-à-dire, par ordre décroissant :
celui de saphir, de turquoise, de cristal, de coquillage blanc. Mais il me
faudrait encore un moment pour les reconnaître au premier coup d’œil. Je défis
mon turban, coiffai à sa place le cylindre de tissu, et tous tombèrent d’accord
pour dire que j’avais l’air de la parfaite incarnation d’un kuan, hormis
un vieux gentilhomme Han qui grommela :
    — Il faudrait que vous soyez plus gros.
    Je demandai pourquoi. Agayachi rit et répondit :
    — La croyance, à Manzi, veut que les bébés, les
chiens et les personnages officiels soient gros ; sinon, tout le monde
pense qu’ils sont malades. Mais ne vous en souciez pas, Marco. Un officiel gros
et gras est vite soupçonné de se servir dans la caisse et d’accepter des
pots-devin. De toute façon, quel que soit son rang, tout personnage officiel,
qu’il soit gros, mince, laid ou élégant, se fait toujours insulter.
    Mais le même vieillard se remit à grommeler :
    — Vous devriez également vous teindre les cheveux
en noir, kuan Polo.
    De nouveau, je demandai pourquoi, les siens étant d’un
gris poussiéreux. Il m’expliqua :
    — Tout le monde, à Manzi, craint et déteste les kwei (démons malfaisants). Or tous croient également que les kwei ont les
cheveux blond-roux, comme les vôtres.
    Le wang partit d’un nouvel éclat de rire.
    — C’est nous, les Mongols, qu’il faut blâmer de
cela. Mon grand-père, Gengis, avait un orlok nommé Subatai. Celui-ci se
rendit coupable, là où il opéra, de telles déprédations qu’il fut
universellement haï par les Han. Il avait les cheveux blond-roux, comme les vôtres.
J’ignore à quoi pouvaient bien ressembler les kwei de jadis, mais une
chose est sûre, c’est que depuis Subatai tous se sont mis à lui ressembler.
    Un autre homme gloussa et déclara :
    — Gardez vos cheveux de kwei et votre
barbe, kuan Polo. Vu la fonction que vous avez à remplir, être craint et
haï ne pourra que vous aider.
    Il parlait assez bien le mongol, mais cette langue
était visiblement nouvelle pour lui.
    — Comme l’a fait remarquer le wang, tous
les officiels du gouvernement se font insulter, ici. Et, vous vous en doutez
bien, les collecteurs de taxes et d’impôts sont l’objet d’une détestation
particulière. Quant à imaginer ce qui attend un collecteur d’impôts étranger, au service d’une puissance d’invasion... je préfère laisser cela à votre
appréciation. Je propose que nous répandions le bruit que vous êtes vraiment un kwei.
    Je lui adressai un regard amusé. Il avait le visage
rebondi et plaisant d’un Han entre deux âges et portait sur son chapeau le
bouton doré du septième rang.
    — Le magistrat Fung Wei-ni, fit Agayachi en guise
de présentation. Un natif de Hangzhou, éminent juriste, très estimé de tous
pour son équité et sa perspicacité. Nous avons la chance qu’il ait bien voulu
conserver la magistrature qu’il occupait dans l’empire Song. J’ai le grand
honneur de vous annoncer, Marco, qu’il a accepté de jouer auprès de vous le
rôle de guide et de conseiller durant tout le temps que vous passerez à cette
cour.
    — Très honoré également, magistrat Fung,
déclarai-je. Nous échangeâmes le salut simultané de la main qui fait office de ko-tou entre deux hommes de même rang. Je vous serai très reconnaissant de votre
aide. Quand j’ai accepté la mission de collecter les taxes à Manzi, seules deux
choses m’étaient étrangères. J’ignore à peu près tout de Manzi et je ne connais
rien

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