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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’événement, selon moi, à mon opinion sur la sottise et la futilité
hindoues. Au lieu de cela, je hasardai gracieusement, à titre d’excuse :
    — C’est une chose qui arrive souvent, Votre
Altesse, à tous les animaux. Tout le monde a déjà vu un chien et une chienne
attachés l’un à l’autre, jusqu’à ce que le yoni resserré de la femelle
se relâche, libérant la linga gonflée du mâle.
    — Cela pourrait prendre plus de temps pour le
yogi, fit remarquer maître Khusru que la situation amusait toujours. Le yoni de pierre ne pouvant se détendre, le renflement de sa linga ne saurait
retomber.
    — Bah ! s’exclama le petit rajah, exaspéré
et furieux. J’aurais dû insister pour qu’il lévite, au lieu de le laisser se
lancer dans la nouveauté ! Allons nous coucher.
    Et il sortit en piétinant de rage, sans crieurs pour
les féliciter, lui et le monde, de la grâce de leur charmante humeur.

 
39
    — J’ai votre dent de Bouddha, Marco -wallah.
    Telle fut la première chose que m’annonça le petit
rajah quand nous nous revîmes le lendemain, et il me la communiqua comme s’il
m’avait dit : « J’ai une dent qui me fait horriblement mal. »
    — Déjà, Votre Altesse ? Dites-moi, c’est
merveilleux. Vous prétendiez que cela prendrait un certain temps.
    — C’est ce que je pensais, oui..., lâcha-t-il,
grognon.
    Je compris sa rancœur lorsqu’il me dévoila un panier
et que je vis ce qu’il renfermait. Il était à moitié rempli de dents, la
plupart jaunies, vertes de mousse ou cariées, un certain nombre encore
ensanglantées à la racine, quelques-unes nettement identifiables comme n’étant
pas humaines (crocs canins ou défenses de sanglier).
    — Plus de deux cents rien que là-dedans, fit le
rajah, amer. Et il y a encore des gens qui m’en apportent des quatre coins de
l’horizon. Des hommes, des femmes, de saints nâga prédicateurs et même
le sâdhu d’un temple. Non seulement vous allez pouvoir offrir une dent
de Bouddha au khan Kubilaï, mais encore à tous les bouddhistes de votre
connaissance.
    J’essayai de ne pas rire, car sa colère était
justifiée. Il s’était vanté de l’honnêteté de son peuple et de sa dévotion envers
la foi hindoue, et ils arrivaient par troupeaux entiers pour confesser qu’ils
possédaient une relique de cette religion bouddhique pourtant largement
discréditée, mentant de plus pour soutenir leur hérésie.
    Maintenant un visage impassible, je m’enquis :
    — Suis-je censé offrir une récompense pour
chacune de ces dents ?
    — Non, évidemment ! concéda-t-il en faisant
grincer les siennes. C’est moi qui vais m’en charger. Ces damnés réprouvés
arrivent par la grand-porte, donnent leur dent de contrefaçon au majordome et
ressortent par la porte de derrière où le bourreau les récompense avec un
fervent enthousiasme dans l’arrière-cour.
    — Votre Altesse ! m’exclamai-je.
    — Oh, je ne leur accorde pas la karavat, se
hâta-t-il de m’assurer. Celle-ci est réservée aux hommes qui ont commis un
crime d’une certaine gravité. Cela prend aussi un peu de temps, et nous n’en
finirions pas, avec une telle procession.
    — Adrio de mi. J’entends
les pauvres diables hurler d’ici.
    — Non, vous ne pouvez pas, grommela-t-il. On
dispose d’eux très calmement, leur passant juste une boucle autour du cou avant
de les pendre. Ce que vous entendez là, c’est l’autre escroc, ce vieux
yogi dégénéré qui continue de crier dans la cuisine. Personne n’a encore pu le
dégager de son tenace yoni de pierre. On a essayé de graisser sa linga au saindoux, de l’amollir à l’huile de sésame, de la rapetisser à l’eau
bouillante, de la lui faire dégonfler par différents moyens naturels – surata avec la danseuse, flatteries buccales de son assistant –, rien n’y fait. Nous
pourrions être contraints de briser la pierre sacrée, et, quant au châtiment
que nous réservera la déesse Parvati, je préfère ne pas y songer.
    — Écoutez, je n’ai aucune sympathie particulière
pour ce yogi. Mais ces gens qui ont apporté les dents, Votre Altesse... ils ont
certes commis une action déloyale, mais c’était surtout stupide de leur
part ! Ces dents ne tromperaient même pas un imbécile comme moi, sans
parler d’un bouddhiste.
    — C’est précisément ce qui est le plus
déplorable ! L’ineptie de mon peuple ! Qu’ils fassent honte à leur
rajah et insultent leur religion

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