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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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musique à la fois martiale et langoureuse, rythmée par la danse
des épées, la palpitation des baisers... Je la peuplerai de saveurs, de sensations
excitantes et de la fragrance d’un champ de trèfles chauffé au soleil et
détrempé de rosée, le parfum le plus doux que Dieu ait envoyé sur cette terre.
Oui, j’ai de quoi faire revivre l’éternité. D’autres peuvent l’endurer ;
moi, je saurai l’apprécier. De cela, je te remercie, Mirza Esther, et
j’aimerais te dire shalom... Mais je sais que toi non plus tu ne serais
pas heureuse dans une éternité de paix... »
    Un scorpion noir de Kachan vint gratter la terre du
jardin herbeux, je l’écrasai pour elle. Puis je me tournai vers le neveu et
dis :
    — Votre tante a eu jadis une servante nommé
Sitarè...
    — Une autre de ses ultimes dispositions. Les
vieilles femmes sont souvent de bonnes marieuses. Elle a trouvé à Sitarè un
mari et les a unis ici même avant de mourir. Neb Effendi est cordonnier ;
un habile artisan et un brave homme, quoique musulman, et aussi un immigrant
turc, ce qui ne l’a pas rendu très populaire. Comme il n’était pas amateur de
garçons, je suis sûr qu’il a été pour elle un excellent mari.
    — A été ?
    — Ils sont partis d’ici peu de temps après leur
mariage. C’était un étranger, et, à l’évidence, les gens préfèrent marcher dans
des chaussures confectionnées et raccommodées par quelqu’un de chez eux, même
si c’est un parfait incapable. Aussi Neb Effendi a-t-il pris ses poinçons et
ses formes, sa nouvelle épouse et il est reparti... pour sa Cappadoce natale,
je crois. J’espère qu’ils sont heureux là-bas. C’était il y a longtemps.
    J’étais déçu de ne pas avoir revu Sitarè, c’est vrai.
Mais je ne le regrettais pas tant que ça. Elle devait ressembler à une matrone,
maintenant, puisqu’elle avait à peu près mon âge. J’aurais peut-être été encore
plus déçu de la revoir.
    Nous poursuivîmes notre voyage et arrivâmes à
Maragheh, où le régent Kaikhadu nous reçut, non pas à contrecœur, mais sans
enthousiasme excessif.
    C’était le type même du Mongol, hirsute et en armes,
qui à l’évidence eût été plus à l’aise sur son cheval, taillant de sa lame
quelque adversaire sur un champ de bataille, que sur ce trône où l’avait jeté
la mort de son frère [36] .
    — Je ne savais rien de cette ambassade d’Arghun
au khakhan, nous assura-t-il. Sinon, soyez-en sûrs, je vous aurais fait
escorter en grande pompe jusqu’ici, car je suis un sujet dévoué du khakhan.
J’ai passé tout mon temps à la guerre, dans les campagnes entreprises pour le
compte du khanat, aussi ignorais-je tout des derniers projets d’Arghun. À
l’heure où je vous parle, je devrais être en train de réduire à néant une bande
de brigands qui rançonnent le Kurdistan. Toujours est-il que je n’ai aucune
idée de ce que je puis faire de la femme que vous avez amenée.
    — Elle est fort jolie, seigneur Kaikhadu, fit
l’émissaire Uladai. Et a bon caractère.
    — Oui, oui. Mais j’ai déjà des épouses, une
Mongole, une Persane, une Circassienne et même une effrayante Arménienne, qui
m’attendent dans différentes yourtes, d’Ormuz à l’Azerbaïdjan. (Il leva les mains,
d’un air un peu perdu.) Bon, j’imagine que peut-être parmi mes nobles...
    Mon père fut formel :
    — Nous resterons là jusqu’à ce que nous soyons
assurés que Dame Kukachin sera traitée selon son rang.
    Mais elle s’en chargea elle-même dans un délai assez bref.
Mon père et moi étions en train de promener l’oncle Matteo dans un jardin de
roses, un après-midi, quand elle courut vers nous, souriant pour la première
fois depuis son arrivée à Ormuz. Elle était accompagnée d’un garçon boutonneux,
petit et franchement laid, mais vêtu comme un courtisan.
    — Grands frères Polo, annonça-t-elle à bout de
souffle, vous n’avez plus besoin de vous tracasser à mon sujet. Par chance,
j’ai rencontré l’homme le plus merveilleux qui soit, et nous avons résolu
d’annoncer très bientôt nos fiançailles.
    — Dame, voilà de prodigieuses nouvelles, fît mon
père avec circonspection. J’espère de tout cœur, ma chère, qu’il est de haute
naissance et qu’il occupe ou prétend à une position sûre.
    — La plus haute ! assura-t-elle, rayonnante.
Ghazan est le fils de l’homme que je suis venue épouser. Il sera ilkhan
lui-même d’ici deux

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