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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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épouvantablement
assassiner par une bande de voleurs semblable à la leur. De toute façon, je
répugnais à attrister une vieille amie sans nécessité. Aussi mentis-je et le
fis-je d’une voix assez sonore pour que mon père puisse entendre et ne pas me
contredire par la suite.
    — Nous avons amené Aziz à Mechhed, comme tu le
souhaitais, Sitarè, veillant à sa chasteté tout au long du voyage. Là, il a eu
la chance de taper dans l’œil d’un riche et gras prince marchand. Nous les
avons laissés ensemble ; ils paraissaient plus qu’attachés l’un à l’autre.
Pour autant que nous sachions, ils travaillent toujours ensemble, arpentant la
route de la soie entre Mechhed et Balkh. Aziz doit être devenu un homme à
présent, mais je suis sûr qu’il est aussi beau que naguère. Ce qui est aussi
ton cas, Sitarè.
    — Al-hamdou-lillah, je
l’espère pour lui, soupira-t-elle. Mes deux fils se sont mis à ressembler à
Aziz en grandissant. Mais mon viril mari Neb, n’étant pas de Kachan, ne
m’aurait pas laissée introduire le golutè dans ses garçons, ni leur
montrer comment on utilise les cosmétiques afin de les préserver de leurs
futurs amants mâles. Aussi ont-ils grandi comme de vrais hommes, et ils ne
pratiquent le sikis qu’avec les femmes. Ce sont ces deux gaillards,
là-bas, Nami et Orhon, qui ôtent leurs bottes à ces Mongols morts. Tu te rends
compte, Marco Effendi, que mes fils sont à présent tous deux plus vieux que toi quand je t’ai vu pour la dernière fois ? Ah, c’est bien bon d’avoir
des nouvelles de ce cher Aziz après toutes ces années et de savoir qu’il a
réussi sa vie autant que moi. Tout cela, c’est à toi que nous le devons, Marco
Effendi.
    — Bosh, fis-je
modestement.
    J’aurais pu en profiter pour glisser qu’elle me devait
avant tout mes propres possessions, mais je me tus. Mon père, quand il se fut
rendu compte que nous allions nous faire plumer, se contenta de soupirer avec
résignation :
    — Enfin... Quand il n’y a pas de banquet, au
moins les chandelles se réjouissent.
    Il est vrai que nos vies avaient été épargnées. Par
ailleurs, j’avais déjà disposé d’un tiers de nos valeurs avant que nous
quittions Khanbalik, et ce qui restait, après tout, ne représentait qu’une
misère comparées à ce que notre Compagnie avait déjà envoyé chez nous de
Kithai. En outre, les brigands ne nous avaient pris que ce qui était facilement
échangeable, vendable ou utilisable, c’est dire qu’ils nous avaient laissé nos
vêtements et nos effets personnels. Aussi, bien qu’il nous fut difficile de
nous réjouir d’être ainsi volés au dernier stade de notre long voyage – nous
regrettions particulièrement la perte de ces magnifiques saphirs étoiles acquis
à Srihalam –, nous ne nous plaignîmes pas trop, ni l’un ni l’autre.
    Neb Effendi et sa bande nous laissèrent repartir avec
nos chevaux jusqu’à la cité côtière de Trébizonde. Ils nous escortèrent même
jusque là-bas pour nous protéger de toute autre attaque éventuelle des Kurdes
et s’abstinrent courtoisement de massacrer ou de ferrer qui que ce soit en
cours de route. Quand nous descendîmes de cheval dans les faubourgs de
Trébizonde, le Chiti Ayakkabi nous gratifia d’une pleine poignée de nos propres
pièces, suffisante pour nous payer le transport et notre approvisionnement en
nourriture jusqu’à Constantinople. Aussi nous séparâmes-nous presque bons amis,
et le Brigand Chausseur ne m’étendit pas raide mort lorsque Sitarè, comme elle
l’avait fait quelque vingt ans auparavant, m’enlaça dans un lent, voluptueux et
insistant baiser d’au revoir.
    À Trébizonde, sur les rivages du Pont-Euxin, de la mer
de Kara ou mer Noire, nous étions encore à plus de deux cents farsakh à
l’est de Constantinople, mais nous fumes heureux de nous retrouver en terre
chrétienne pour la première fois depuis que nous avions quitté Acre, au Levant.
Mon père et moi décidâmes de ne point nous racheter de chevaux, non que nous
fussions effrayés à l’idée de cette traversée par voie de terre, mais de
crainte que ce ne soit trop pénible pour oncle Matteo, maintenant que nous
n’étions plus que deux à prendre soin de lui. C’est pourquoi, transportant le
peu de bagages qui nous restaient, nous gagnâmes le front de mer de la ville.
Après quelques recherches, nous trouvâmes un getirme, un bateau de pêche
qui ressemblait à une barge à fond plat, dont

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